Société et territoires

Pour une meilleure compréhension des liens entre économie circulaire, agriculture et territoire(s)

Face aux enjeux climatiques croissants, l’économie circulaire peut fournir des solutions pour réduire au maximum l’usage de ressources non renouvelables. Des scientifiques du laboratoire Agroécologie, innovations et territoires (INRAE-Toulouse INP) du centre INRAE Occitanie-Toulouse et de l’école de commerce EM Normandie ont coordonné un numéro spécial de la revue European Planning Studies présentant un panorama de travaux sur les modalités de construction des circularités à l’échelle locale et impliquant le secteur agricole. Il est disponible en pré-publication depuis septembre 2021.

Publié le 14 avril 2022

illustration Pour une meilleure compréhension des liens entre économie circulaire, agriculture et territoire(s)
© INRAE

L’économie circulaire est un mode d’organisation de l’économie qui vise à réduire l’usage de ressources non renouvelables en favorisant les liens entre des activités non précédemment liées. Elle propose ainsi de sortir du modèle économique dit linéaire, fondé sur l’extraction de ressources, leur transformation et la production massive de déchets non recyclés. Pour ce faire, il faut créer des circularités, c’est-à-dire des échanges entre acteurs économiques permettant de réduire, réutiliser et recycler les matières nécessaires à l’activité économique, le plus souvent à des échelles locales.

Economie circulaire, territoire(s) et agriculture

A travers des revues de littérature et des études de cas, le numéro spécial « Circularities in territories » présente les principaux enjeux du développement de l’économie circulaire en agriculture et foresterie, et la dimension territoriale de ce phénomène. Plus précisément, il explique la manière dont les territoires – en particulier locaux - avec les ressources qui s’y trouvent, les acteurs qui les composent, et leur contexte institutionnel, influencent le développement de cette économie circulaire. Et réciproquement, quels sont les effets de la construction de circularités sur les territoires.

 

Une première revue de littérature donne un aperçu des liens entre économie circulaire et processus de développement territorial, en particulier dans le domaine de l’écologie industrielle. Il en ressort notamment un questionnement sur la mise en œuvre de l’économie circulaire : doit-elle être planifiée ou être le produit d’une dynamique auto-organisée et pilotée par l’industrie ? Il apparait que cette mise en œuvre dans les territoires repose le plus souvent sur un modèle intermédiaire.

Forêt-bois, alimentation, méthanisation

Des études de cas dans différents domaines (l’alimentation, la forêt-bois et la méthanisation) ont permis l’identification de modes de coordination favorisant le développement de circularités à l’échelle locale.

 

Par exemple, les labels de bois locaux sont le résultat d’interrelations entre des logiques de valorisation linéaires propres à la filière, mais aussi de circularités résultant de la recherche des acteurs du développement d’une économie en circuit fermée, et de la volonté de promouvoir une valorisation de la ressource bois bénéfique au territoire. Une étude souligne également le rôle clé des acteurs intermédiaires occupant une place centrale dans le réseau en reliant les différents groupes. Néanmoins, il n’apparait pas de structure de réseau type ou de mode de gouvernance unique pour construire l’économie circulaire.

 

D’autres travaux ont permis de mettre en lumière la dynamique méso-économique (à l’échelle d’un secteur) de la construction de la circularité. Par exemple, bien que situés dans des zones rurales, les porteurs de projets de méthanisation agricole collective, parviennent à trouver un certain nombre de ressources nécessaires dans leur environnement local. Ceci notamment en mobilisant fortement leurs réseaux personnels et en fédérant différents types d’acteurs qui n’étaient pas liés entre eux avant le projet. L’étude de la filière canne à sucre a également permis de mettre en évidence l’apport de l’économie circulaire à la mise en place de nouvelles dynamiques d’innovation basées sur de nouvelles coopérations et sur la valorisation des ressources locales. La proximité géographique ainsi que le partage de valeurs et d’objectifs communs jouent également un rôle pour la construction d’actions collectives.

 

Des études montrent également comment le développement de la bioéconomie, notamment les choix en matière de valorisation de la biomasse, influence les échanges socio-économiques d’un territoire. L’affectation croissante de la biomasse d’origine agricole à la méthanisation et le développement de cultures dédiées ont montré à la fois des effets individuels, fonction du choix de l’agriculteur, et des effets collectifs sur le système agricole et le maintien d’une diversité locale. Ceci soulève alors la question de la concurrence potentielle pour l’utilisation d’une ressource. Il semble qu’une création de biomasse d’origine agricole concertée entre les différents types d’acteurs agricoles locaux est souhaitable pour construire une bioéconomie territoriale réellement durable.

Pour finir, l’analyse de systèmes tels que les marchés alimentaires, a permis d’établir que le lien entre producteurs et consommateurs favorise le développement de systèmes plus circulaires et la valorisation de ressources plus locales.

De nouvelles pistes de recherche

Les articles de ce numéro spécial montrent que la construction des circularités engendre de nombreux défis pour les acteurs de terrain et les chercheurs, qui ouvrent de futures perspectives de recherche.

Quelles politiques publiques peuvent favoriser les formes les plus durables d’économie circulaire impliquant l’agriculture ? Quelles innovations sont nécessaires pour développer l’économie circulaire ? Dans quelle mesure les ressources locales comptent pour développer des circularités ?

Autant de pistes de recherche qui pourraient constituer le cœur de futurs travaux.

 

REFERENCE COMPLETE DE LA PUBLICATION

Bourdin S., Galliano D., Gonçalves A., 2021, Circularities in territories: opportunities & challenges. European Planning Studies, DOI: 10.1080/09654313.2021.197317

 

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