Agroécologie 1 min

L’herbe : un atout pour l’élevage des ruminants mais carencée en certains acides aminés

Le concept de « facteur limitant », bien connu en chimie ou biochimie, s’applique aussi pour les acides aminés essentiels chez le bovin en engraissement, dans un contexte où l’éleveur souhaite maximiser la performance animale.

Publié le 03 mai 2021

illustration L’herbe : un atout pour l’élevage des ruminants mais carencée en certains acides aminés
© INRAE

L’élevage fait face à des défis importants liés entre autres à l’accroissement prévisible de la demande en produits animaux au niveau mondial. Les systèmes de production animale doivent tirer parti du potentiel unique qu’ont les ruminants à transformer des ressources non-utilisables en alimentation humaine, comme celles riches en cellulose, en produits de haute qualité consommable par les humains. Néanmoins, le profil en acides aminés de la protéine alimentaire apporté par ces ressources cellulosiques peut être l’un des facteurs limitant la production animale. Ainsi lorsque les animaux sont alimentés avec des régimes riches en herbe, les apports alimentaires en méthionine, un acide aminé essentiel, ne sont pas souvent suffisants et peuvent limiter la productivité des ruminants nourris à l’herbe. Le système INRAE d’alimentation des ruminants prévoit ainsi des apports recommandés en acides aminés spécifiques pour ne pas limiter la production chez la vache laitière, mais rien n’est actuellement préconisé pour les ruminants en croissance. L’objet d’une étude a consisté à évaluer l’impact de la supplémentation en méthionine digestible dans l’intestin (MetDI) sur les performances des bovins en croissance-engraissement alimentés avec des régimes riches en herbe.

Lorsque les régimes riches en ensilage d’herbe ont été équilibrés en MetDI, la croissance des jeunes bovins a été supérieure à celle des animaux non supplémentés (+8% ; P =0.02) avec une tendance pour une augmentation plus importante à haut (16.2%MAT) vs bas (13.5%MAT) niveau protéique (P=0.10). L’efficience alimentaire et d’utilisation de l’azote n’ont pas été affectées significativement par la supplémentation en MetDI (P>0.05). En revanche, certains indicateurs plasmatiques tels que la concentration d’urée, l’abondance naturelle en 15N et le turnover isotopique des protéines, ont suggéré une meilleure utilisation métabolique des acides aminés lorsque la supplémentation en MetDI était appliquée au régime Haut en protéines.

Cette étude a ainsi montré qu’un déséquilibre dans l’apport d’un acide aminé spécifique (méthionine) peut avoir un impact négatif sur la performance des jeunes bovins en engraissement alimentés avec des régimes riches en ensilage d’herbe et justifie l’inclusion de recommandations en acides aminés pour les ruminants en croissance dans les systèmes d’alimentation.

Référence : Cantalapiedra-Hijar G., I. Ortigues-Marty, B. Sepchat, E. Titgemeyer, L. Bahloul. Methionine balanced diets improve cattle performance in fattening young bulls fed high-forage diets through changes in nitrogen metabolism. 2020. British Journal of Nutrition, 273-285. https://doi.org/10.1017/S0007114520001154.

Photo de jeunes charolais au pâturage et assez curieux

En savoir plus

Alimentation, santé globale

Une avancée dans la lutte contre les pneumonies humaines et bovines

COMMUNIQUE DE PRESSE - Dans le cadre d’une collaboration internationale entre l’Inra, Aix-Marseille université, le CNRS, l’université du Texas et l’entreprise « Janssen Pharmaceutical Companies of Johnson & Johnson »1, les chercheurs ont réussi pour la première fois à élucider la structure de l’ARN polymérase ARN dépendante, une enzyme indispensable à la survie et la multiplication du virus respiratoire syncytial (VRS). C’est le principal agent responsable de bronchiolites et bronchopneumonies parfois mortelles chez les enfants, les personnes âgées et les animaux d’élevage (bovins). Publiés dans Cell, ces résultats, source d’innovation, pourraient aboutir à la découverte de nouveaux traitements contre le VRS.

23 décembre 2019

Agroécologie

Du sur-mesure dans les interactions entre l’utérus et l’embryon

COMMUNIQUE DE PRESSE - L’une des étapes cruciales de la gestation est l’implantation de l’embryon dans l’utérus au contact d’un tissu appelé endomètre. Cependant, les mécanismes qui permettent cette implantation demeurent encore largement méconnus. Une collaboration franco-américaine menée par des chercheurs de l’Inra révèle qu’entre l’embryon et l’endomètre s’établit une intense communication qui leur permet de s’adapter l’un à l’autre. Les scientifiques ont analysé, chez des bovins, l’expression des gènes dans l’embryon et l’endomètre en début de gestation. Ils ont montré que de nombreux processus biologiques à l’œuvre dans les deux tissus sont étroitement corrélés. Publiés dans Plos Biology, les résultats de ces recherches peuvent aider à mieux comprendre comment des défauts dans les processus d’adaptation réciproques entre l’endomètre et l’embryon peuvent conduire à des échecs de gestation précoces chez les mammifères.

26 décembre 2019

Agroécologie

Echographier le tissu adipeux sous-cutané, saut technologique et expertise

Dans le cadre de projets soutenus par la région Centre-Val de Loire, des équipes de l’unité expérimentale Physiologie animale de l'Orfrasière (UEPAO) et de l’unité mixte de recherche Physiologie de la reproduction et des comportements (UMR PRC) ont utilisé l’imagerie médicale pour déterminer la masse graisseuse des animaux d’élevage. Un progrès qui pourrait intéresser notamment les éleveurs, les sélectionneurs et les fabricants d’aliments... Le point sur cette nouvelle technique avec Joëlle Dupont*, Pascal Froment*, Christelle Ramé*, Eric Venturi**, Marine Cirot**, Christophe Staub**.

20 décembre 2019