Journée internationale des droits des femmes

Ce 8 mars, dans le cadre de la journée des droits des femmes, 6 femmes du Centre INRAE Hauts-de-France nous ont confiées leur point de vue sur la condition des femmes en partageant leur expérience.

Publié le 08 mars 2024

illustration Journée internationale des droits des femmes
© INRAE

Découvrez Stéphanie, Maude, Ismérie, Ludivine, Christelle et Christine, des femmes qui représentent notre diversité, nos métiers, accessibles autant aux hommes qu’aux femmes, et à tout niveau de diplôme.

Un grand merci à elles de s’être livrées face caméra !

 

 

 

 

 

 

En interview écrite

 

Christine Faille

Christine Faille

Directrice de Recherche à l’Unité Mixte de Recherche Matériaux Et Transformations (UMET), basée à Villeneuve d’Ascq (59)

 

Ton parcours en quelques mots ?

Après un cursus grande école / doctorat / post-doc, je suis arrivée à l’Inra en tant qu’ingénieure de recherche, il y a une trentaine d’années. A l’époque, la situation des femmes au sein d’une équipe de recherche pouvait être très ambigüe, au moins dans ce laboratoire, ce qui a été pour moi un choc car la situation était très différente de celle qui prévalait dans mon précédent laboratoire (INSERM). Par exemple, en tant qu’Ingénieure de Recherche et femme, je n’étais pas autorisée à participer aux réunions budgétaires du labo. Ou alors, le directeur du laboratoire incitait mes collègues masculins Chargés de Recherche avec qui je travaillais à s’approprier mes travaux « afin de leur donner plus de visibilité ».

C’est donc pour obtenir plus de légitimité (et de bien-être au travail), mais sans le soutien de mon DU, que je suis passée Chargée de Recherche quelques années plus tard, malgré les pertes financières qui découlaient de cette « transformation de poste ». Ensuite, j’ai passé mon Habilitation à Diriger des Recherches grâce à des sollicitations répétées de mon chef de département. Et enfin j’ai passé le concours de Directrice de Recherche suite, à nouveau, à des sollicitations répétées d’INRAE.

Qu'est-ce qui te passionne dans ton métier ?

J’apprécie beaucoup la diversité des activités : encadrement des jeunes provenant de tous horizons (de BTS à post-docs), mise en place de projets, rédaction d’articles, évaluations… Je trouve aussi passionnant le partenariat entre la recherche et les industriels ! Il nous permet d’avoir des discussions de recherche fondamentale et de s’interroger ensuite sur l’application de notre expertise à des problèmes concrets.

Comment vois-tu la condition des femmes dans notre société et à INRAE ?

De mon point de vue, c’est beaucoup plus agréable aujourd’hui de travailler au labo. Les comportements sexistes ont largement diminué. Après ce n’est que mon ressenti car avec l’âge, l’exposition à ce genre de comportement diminue drastiquement ! Alors est-ce que je ne sous-estime pas le problème car j’y suis moins exposée et que j’ai moins d’échanges avec des jeunes collègues qui pourraient en souffrir ? 

Si tu faisais un vœu, qu'est-ce que tu changerais à INRAE pour les femmes ?

J’ai plusieurs idées ! D’abord sur l’organisation du temps de travail. Aujourd’hui beaucoup de temps partiels sont pris par défaut, pour être disponible pour les enfants. Et si on réfléchissait à un aménagement d’horaires plutôt ? Par exemple, 100 % sur 4 ou 4,5 jours ? Je pense que ce serait une bonne idée de mettre en place un « parrainage » des nouvelles salariées pour qu’elles puissent se familiariser avec la culture INRAE, évoquer les différents problèmes rencontrés (sexistes ou autres) et être aidées si besoin pour faire sauter le « plafond de verre ».

Enfin, concernant la formation, j’ai le sentiment que des différences persistent mais ça mériterait d’être confirmé, notamment en analysant mieux les données sans se limiter à la totalité des jours de formations femmes/hommes à INRAE : formations techniques/générales, formations diplômantes, formation des jeunes mères…

Quels conseils te donnerais-tu à toi-même en début de carrière ?

Refuser le second rôle dans de nombreux contrats, ce qui m’était proposé le plus souvent. Exiger la responsabilité officielle, au moins de Work Packages. Autrement dit, ne pas rester dans l’ombre des « grands hommes » !  Mais aussi prendre des responsabilités pour gagner en visibilité, au niveau du centre par exemple. Pour résumer, ne pas se mettre de barrières et faire preuve de plus d’ambition !

Et enfin, réagir « officiellement » si je suis témoin de situations sexistes, notamment à l’encontre des stagiaires et CDD, souvent peu armées pour y faire face.

Une anecdote où tu as dû t’imposer face à des hommes ?

Adopter le « dress code » du laboratoire très différent (très décontracté) de celui des laboratoires dans lesquels j’avais travaillé auparavant, voire m’inventer un personnage… Un peu schizophrène mais plutôt efficace !

 

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