illustration Les voies de l’apprentissage, version Maryse Hulmel et Solenne Volant
© INRAE, Aline Waquet

Agroécologie 5 min

Les voies de l’apprentissage, version Maryse Hulmel et Solenne Volant

L’apprentissage, une voie de formation largement plébiscitée qui a pour objectif de donner à de jeunes étudiantes et étudiants une formation théorique et pratique en vue d’obtenir une qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme de l’enseignement professionnel ou technologique. Chaque année, INRAE accueille et forme des apprentis de tous niveaux de diplômes dans ses différents centres, dans les domaines de la recherche comme de l’appui à la recherche. Entretien croisé avec Maryse Hulmel, tutrice de Solenne Volant, apprentie dans l’unité de recherche transfrontalière BioEcoAgro du Centre INRAE Hauts-de-France.

Publié le 09 juillet 2021

L’une est directrice de recherche INRAE dans l’unité BioEcoAgro d’Estrées-Mons, spécialiste de la biomasse végétale, l’autre est élève ingénieure de l’Institut supérieur d’agriculture et d’agroalimentaire Rhône-Alpes ou Isara, toutes deux ont en commun un large sourire lorsqu’elles vous parlent de l’apprentissage. Une voie de formation par alternance qu’elles pratiquent au quotidien puisque Maryse Hulmel est le maître d’apprentissage de Solenne Volant, apprentie ingénieure. Une expérience à deux voix dont chacune parle avec enthousiasme et qui témoigne de leur engagement réciproque et de leur intérêt.

L’apprentissage, un choix réfléchi

Au fil des ans, je me rends compte que j’ai tant à transmettre (Maryse)

Lorsqu’on demande à Maryse Hulmel pourquoi elle a choisi de devenir maître d’apprentissage, elle répond spontanément qu’elle a souhaité mettre à profit l’expérience acquise en encadrant les stages des étudiants d’écoles d’ingénieur ou d’université.

L’intérêt, c’est pour Maryse « un investissement au long cours qui permet d’associer l’apprenti aux étapes successives d’un projet ». Un argument d’autant plus percutant lorsque l’on travaille sur le miscanthus, une plante pérenne de la famille des Poacées dont la forte productivité en biomasse intéresse le secteur des énergies alternatives et des produits biosourcés mais dont le cycle de développement s’étale sur quelques années.

Une formation par apprentissage, c’est de la théorie et surtout de la pratique (Solenne)

Elève ingénieure de l’Isara, Solenne Volant a rejoint l’Inra, devenu depuis INRAE, en septembre 2019 pour trois années de formation en alternance dans l’unité de recherche transfrontalière BioEcoAgro du Centre INRAE Hauts-de-France. Une voie de formation qu’elle a choisie très tôt pour donner du sens à ses études. « J’aime beaucoup ce qui est concret » commente Solenne.  «De plus, poursuit-elle, la formation par alternance me permet d’acquérir une solide formation professionnelle et d’être payée, ce qui n’est pas négligeable. »

Des arguments qui tiennent bien la route, auxquels l’une comme l’autre ont mûrement réfléchi en amont avant de s’engager !

L’apprentissage, une philosophie au service d’une formation de qualité

Sa façon de voir les choses, Maryse la résume (tellement bien) en une phrase : « Lors de mes premières rencontres avec mes deux apprenties successives, Laura en 2016 et Solenne, depuis 2019, j’ai toujours répété la même phrase : je vous fais faire ce que j’aurais aimé faire à votre âge et à votre place ». 

Une façon de penser que Solenne vit au quotidien. Côté labo, elle explore l’influence du nombre de chromosomes sur l’expression des caractères agronomiques de miscanthus, dont la production de biomasse. L’objectif global : diversifier l’offre variétale. Responsable de l’essai sur le terrain, Solenne suit l’évolution des plantes avec attention, comptant le nombre de tiges, mesurant leur hauteur, évaluant leur activité photosynthétique… autant de données qu’elle analyse ensuite. Dans son travail, elle n’est jamais seule, c’est d’abord son maître de stage Maryse Hulmel, ce sont ensuite ses collègues de terrain ou les ingénieurs et scientifiques du laboratoire qui l’accompagnent, toujours disponibles.  

« Non seulement, nous sommes capables de former des jeunes grâce à la diversité de compétences et de savoir-faire de notre Institut, mais plus largement nous savons aussi mobiliser des collègues autour d’un projet » ponctue M. Hulmel .

Côté études, S. Volant enchaîne depuis 2019, enseignements du tronc commun (agronomie, agroalimentaire, statistiques, économie, droit, management…) et enseignements spécialisés en génétique et amélioration des plantes. Un tuteur académique accompagne l’apprentie et son maître d’apprentissage avec des points chaque semestre.

Autrefois très impliquée dans les actions de formation de son unité, Maryse est d’autant plus sensible à ce que Solenne puisse se former dès que possible. Rien de mieux, par exemple, qu’une petite remise à niveau à propos du fonctionnement des autoclaves ou qu’une rencontre avec les collègues de Versailles pour vérifier le caractère polyploïde des plantes ou analyser la composition de leur biomasse !

L’apprentissage à INRAE : que du bonheur !

Maryse Hulmel apprécie de pouvoir transmettre une palette de compétences variées et de former un jeune au métier d’ingénieur… privilégiant désormais l’encadrement d’étudiants en apprentissage ou en thèse, une formation par la recherche qui partage bien des similitudes d’ailleurs avec l’alternance.

« Contrairement à un stage de longue durée, au cours de l’alternance, l’apprenti va pourvoir être associé à différentes étapes du processus de recherche, en cerner les difficultés, qui peuvent être techniques, humaines voire même budgétaires... Au début de son apprentissage, il a encore un statut d’étudiant de niveau BAC+2 alors qu’à la fin, je l’ai accompagné pendant trois ans dans une expérience très complète d’ingénieur. »

Une vision qui sied à merveille à Solenne Volant.
La dynamique de l’alternance avec sa cadence soutenue de cours et de pratique lui convient bien, d’autant mieux que « le rythme est bien défini. » « Quand je suis à Estrées-Mons, je sais que j’ai trois semaines devant moi pour me concentrer sur mes missions, avant de retourner en cours ! » explique-t-elle. Un brin indépendante, un tantinet déterminée, Solenne apprécie de bénéficier d’une certaine liberté et de se voir confier des responsabilités tout en étant guidée dans sa progression.

Ce sont, au total, de bonnes conditions de travail et des misions diversifiées que certains camarades lui envient, le tout porté par une relation de confiance que chacune cultive avec soin.

Entre temps, au cœur de la Somme, comme ailleurs, la Covid a un peu bousculé les habitudes, forçant la future ingénieure à revoir les protocoles en fonction des mesures sanitaires avec à la clé… une situation à laquelle personne n’était vraiment préparé mais avec laquelle Solenne, comme tant d’autres, a dû apprendre à composer rapidement. « On est un peu passé entre les gouttes » admet cette dernière avec philosophie .
Déjà la dernière année d’apprentissage s’annonce. Il faudra bientôt songer à rédiger le rapport de fin d’études, prémices d’une nouvelle vie pour Solenne qui souhaiterait bien poursuivre son travail dans le domaine du végétal et de la recherche.

Catherine Foucaud-ScheuenmannRédactrice

Contacts

Maryse Hulmel UMR transfrontalière BioEcoAgro (INRAE, Univ. Liège, Univ. Lille, Univ. Picardie Jules Verne)

Solenne Volant UMR transfrontalière BioEcoAgro (INRAE, Univ. Liège, Univ. Lille, Univ. Picardie Jules Verne)

Le centre

Les départements

En savoir plus

Bioéconomie

Des innovations dans la bioraffinerie en voie sèche

Le Carnot 3BCAR soutient des travaux en relation avec le concept de bioraffinerie en voie sèche appliquée à la biomasse lignocellulosique. Deux exemples de projets sont développés : développement d’un carburant sous forme pulvérulente et utilisation du tri électrostatique appliqué au fractionnement/enrichissement de la biomasse.

27 janvier 2020