illustration Jean-Philippe Nougayrède, directeur de recherche à l’Institut de recherche en santé digestive
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Jean-Philippe Nougayrède, directeur de recherche à l’Institut de recherche en santé digestive

Vingt-cinq après ses débuts dans le domaine de la recherche, Jean-Philippe Nougayrède est un passionné qui ne cesse de partager ses connaissances avec ses doctorants et durant ses enseignements. Aujourd’hui, il s’intéresse aux toxines bactériennes présentes dans le microbiote et leur rôle dans le processus de cancérisation.

Publié le 04 mai 2021

Comment êtes-vous arrivé à INRAE ?

J.P. Nougayrède : « En 1995, durant mes études à l’université, j’ai découvert le domaine de la recherche en intégrant le laboratoire de microbiologie moléculaire de l’Ecole nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) et cela m’a passionné. J’ai ainsi effectué une thèse sur cette thématique et réalisé par la suite un postdoc aux Etats-Unis.

En 2003, de retour en France, je n’ai pas hésité très longtemps à revenir à l’ENVT dans un laboratoire INRAE pour un second postdoc. Puis en 2006, j’ai été recruté en tant que chargé de recherche et j'ai intégré l’Institut de recherche en santé digestive (IRSD).

Aujourd’hui, directeur de recherche, je co-dirige un groupe de trente personnes organisées en sous-équipe, et anime l’équipe Pathogénie et commensalisme des Entérobactéries. »

Quel est votre sujet de recherche ?

Actuellement, mon sujet de recherche concerne l’étude de bactéries qui résident principalement au niveau de l’intestin, appelées « entérobactéries commensales ».
Je m’intéresse plus précisément à une toxine bactérienne produite par Escherichia coli (E. coli) afin de comprendre son mode de fonctionnement et son pouvoir pathogène, c’est-à-dire analyser son impact sur la santé.

J.P. Nougayrède : « Nous avons ainsi pu découvrir que l’Escherichia coli est génotoxique car certaines souches ont le pouvoir de synthétiser la colibactine : une génotoxine, qui peut endommager le génome de la cellule infectée et qui a un rôle dans le développement du cancer du côlon.
Cette découverte devrait faciliter la délimitation du rôle d'E. coli dans le cancer colorectal et l'élaboration de nouveaux agents anticancéreux.

Pour mettre en valeur tout ce travail de recherche, je dois aussi consacrer une partie de mon temps à rechercher des financements, répondre aux appels à projets afin de continuer nos travaux et en lancer de nouveaux. J’essaie de valoriser nos publications lors de conférences et de congrès qui réunissent tous les chercheurs investis dans nos thématiques de recherche, en Europe et dans le monde.

Par ailleurs, je continue à faire des manipulations pour garder la main (rires), mais j’aime aussi m’investir autant dans mon travail d’animation de l’équipe. »

Quelles sont vos missions en tant qu’encadrant ?

J.P. Nougayrède : « J’encadre et accompagne une dizaine de doctorants, techniciens et étudiants dans leur projet de recherche et manipulations au laboratoire.
Pour les suivre au mieux et garder le contact même à distance, nous avons des réunions hebdomadaires comme le « labmeeting » qui permet à tous d’échanger librement sur leurs projets en cours (manipulations, problèmes…)
Il y a aussi « le journal club » qui est un espace de travail où les doctorants analysent des articles scientifiques qui touchent indirectement ou directement à leur thématique de recherche afin d’en ressortir les informations essentielles. Cela leur permet de développer leur esprit critique, méthodologie et un autre regard scientifique.

Ces missions d’encadrant m’ont permis d’accompagner des agents dans leur évolution professionnelle en valorisant l’expérience acquise durant toutes ses années passées dans l’équipe. Par exemple, je suis très heureux pour Nadège Bossuet-Greif qui a pu développer son propre projet de recherche, avec à la clef pour l’instant deux publications ou elle est première auteure. Elle a ainsi pu s’inscrire en thèse d’université pour valoriser son travail. »

Avez-vous des missions transversales ?

J.P. Nougayrède : « Oui, j’enseigne à des étudiants en master (santé digestive et nutrition et/ou immunologie et maladies infectieuses) depuis quelques années. C’est très intéressant et enrichissant, cela me permet de prendre du recul sur ma spécialité, ça m’oblige à être clair.
C’est aussi l’occasion de repérer ou bien d’attirer certains étudiants pour des stages. J’espère pouvoir enseigner encore pendant de nombreuses années. »

Quelles sont vos ambitions, vos envies pour le futur ?

J.P. Nougayrède : « Je souhaiterais valoriser le travail de recherche effectué pour notre dernière publication concernant l’implication de la bactérie E. coli dans le développement des infections urinaires. Nous avons ainsi pu remarquer que la production de cette toxine lors des infections urinaires chez la femme peut suggérer un rôle dans le cancer de la vessie.

J’aimerais aussi avancer sur un projet transversal en collaboration avec les unités Toxicologie alimentaire (Toxalim) de Toulouse et  Microbiologie de l’alimentation au service de la santé (MICALIS) de Jouy-en-Josas. Ce projet a pour but d’étudier les interactions entre toxine bactérienne et contamination de micro-toxines dans l’alimentation mais aussi leur impact en combinaison sur les tissus et le processus de cancérisation. »

Et après le bureau ?

J.P. Nougayrède : « J’ai toujours la tête dans la recherche, et après le bureau c’est plutôt dans les étoiles.
Je suis passionné par l’astronomie et l'astrophotographie. Cette passion nourrit mon travail au quotidien, cela m’apporte une certaine forme de rigueur dans la microscopie ou bien dans mes manipulations. Comme on aime me définir, j’ai les pieds dans les bottes et la tête dans les étoiles (rires). »

Mini CV 

  • 2021 – Directeur de recherche INRAE – IRSD
  • 2006 – Chargé de recherche INRAE – IRSD
  • 2003-2006 - Post-doc, Inra, Toulouse
  • 2000-2003 - Post-doc, Baltimore, USA
  • 2000- Doctorat en microbiologie, Université de Lyon.

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