Biodiversité 3 min

« Je cherche la petite bête », portrait de chercheur

Bastien Castagneyrol est Chercheur à l’unité mixte de recherche Biodiversité, Gènes et Communautés (UMR BIOGECO).

Publié le 28 novembre 2014

illustration « Je cherche la petite bête », portrait de chercheur
© INRAE - A. Girard

Qu’est-ce qu’être chercheur ?

Je cherche la petite bête… À plus forte raison, car je travaille sur les insectes. Au sens propre, je suis amené à chercher directement dans les arbres, sur les feuilles, sur le sol où il y a des insectes. Et au sens figuré, il s’agit de ne pas se satisfaire des questions et des réponses simples, pour aller plus loin et décortiquer les mécanismes et apporter des éléments de connaissance. Très concrètement, si vous vous posez une question, par exemple pourquoi tel arbre est attaqué par des insectes alors que son voisin ne l’est pas ? Vous allez naturellement glaner des connaissances sur les insectes et sur les arbres en allant sur Internet. Vous vous rendrez compte rapidement que ces connaissances sont lacunaires. La spécificité du métier de chercheur, c’est justement de créer, de fabriquer cette connaissance en mobilisant différents outils comme la modélisation, l’expérimentation, l’analyse de données. Il s’agit pour nous de répondre à des questions encore non résolues. C’est un premier pas, mais nous devons aussi assurer un « service après-vente ». L’Inra étant un établissement public nous avons aussi la mission de transmettre et diffuser les connaissances produites par le biais de conférences ou l’écriture d’articles très spécialisés. Une des spécificités de l’Inra est également de produire une science finalisée. Cela veut dire que nous travaillons sur des modèles d’études qui, à terme, pourront avoir une application directe dans notre domaine pour la gestion, la sylviculture et la production de bois.

Que cherchez-vous ?

Je m’intéresse aux insectes herbivores qui causent des dégâts sur les arbres. Par exemple sur le Pin maritime, nous étudions la chenille processionnaire qui cause de réels dommages. Plus spécifiquement, je cherche à comprendre comment des mélanges d’espèces d’arbres sur une même parcelle pourraient conférer une plus grande résistance ou, au contraire, une plus grande sensibilité des arbres vis-à-vis de ces insectes herbivores. Pour ce faire, nous avons mis en place un dispositif expérimental en 2008 qui est un ensemble de 250 parcelles sur lesquelles nous avons planté soit des mélanges d’essences (chêne vert, chêne pédonculé, bouleau et pin maritime) soit uniquement du Pin maritime. On compare ensuite les dégâts causés par les insectes sur les pins situés dans des parcelles mélangées avec les pins plantés dans des parcelles où la diversité des arbres est plus réduite. On s’intéresse à cette question notamment, car ces dégâts induisent une mortalité ou une perte de croissance des arbres. Nous essayons de mesurer si la diversité des arbres en forêt a un effet direct sur la croissance des arbres et indirect via la réduction ou l’augmentation des dégâts causés par les insectes herbivores.

 Comment devient-on chercheur ?

On devient chercheur d’abord, car on en a envie, qu’on s’en donne les moyens et qu’on a une dose de chance pour parvenir à franchir les différentes étapes qui se dressent sur le parcours. Concrètement, pour devenir chercheur il faut avoir une thèse de doctorat, ce qui veut dire 8 ans d’études après le bac… En général, cela fait peur quand on expose les choses ainsi à des collégiens, des lycéens ou… à leurs parents. Mais dans la réalité, il faut passer quatre ans sur les bancs de l’université et ensuite quelques années de plus immergé dans la pratique, avec un vrai emploi et donc, un vrai salaire. On obtient sa licence après trois années d’études post-bac. Si l’on souhaite faire par exemple de l’écologie, il faudra suivre un cursus en biologie-écologie. La quatrième année, le master 1, amène à se spécialiser encore davantage sur des questions qui nous intéressent en biologie-écologie. Ensuite, le master 2 est divisé en deux parties, entre un semestre de cours théoriques et six mois de stage qui se font généralement dans un laboratoire de recherche. Cela permet de s’immerger dans le fonctionnement de la recherche. Afin de débuter une thèse, il faut déjà trouver un sujet de thèse et trouver le chercheur confirmé qui pourra nous encadrer. Si l’adéquation s’opère, la thèse peut démarrer. À ce stade, bien qu’étant toujours de statut étudiant, nous sommes salariés à plein temps. On réalise concrètement le même travail qu’un chercheur, mais à un niveau « inférieur », car nous sommes toujours dans l’apprentissage. Avant d’obtenir un poste de chercheur permanent, il y a souvent un passage obligé par un laboratoire étranger durant 1, 2 ou 3 ans. Cela permet de compléter notre formation, mais aussi de découvrir d’autres façons de travailler.

Communication Nouvelle-Aquitaine Bordeaux

Contact scientifique

Bastien Castagneyrol Unité mixte de recherche « Biodiversité, Gènes et Communautés » BIOGECO (INRAE-Université de Bordeaux)

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