Changement climatique et risques 2 min

Invasions biologiques : identifier les menaces potentielles avant qu’il ne soit trop tard

Les invasions biologiques représentent une menace majeure pour la biodiversité et l'agriculture. Il est essentiel aujourd’hui de les anticiper pour mieux y faire face. Deux entomologistes INRAE du Centre de biologie pour la gestion des populations à Montpellier ont publié récemment dans la revue Science of the Total Environment leurs travaux concernant les zones climatiquement favorables à la mouche pisseuse ou cicadelle pisseuse en Europe. Cet insecte peut acquérir et transmettre Xylella fastidiosa, une bactérie redoutable pour de nombreux végétaux notamment la vigne et l’olivier. Les auteurs analysent également l’effet du changement climatique sur l’évolution des zones favorables à l’insecte.

Publié le 29 novembre 2022

illustration Invasions biologiques : identifier les menaces potentielles avant qu’il ne soit trop tard
© INRAE, Jean-Yves RASPLUS

Mondialisation et changements climatiques, des facteurs propices aux invasions biologiques

Le changement climatique que nous connaissons actuellement est un facteur majeur de la réorganisation de la biodiversité et provoque des modifications dans la répartition des espèces. D’autre part, le développement des échanges à travers le monde favorise les invasions d’espèces exotiques parfois responsables de pertes économiques considérables. Malgré les efforts mis en place afin de limiter la propagation des espèces exotiques, empêcher leur introduction reste la meilleure stratégie pour contrôler efficacement les invasions biologiques. Il est donc essentiel d'identifier rapidement et efficacement les envahisseurs potentiels et les zones à risque afin que les autorités sanitaires puissent adapter la surveillance. 

Ainsi, des chercheurs INRAE du Centre de biologie pour la gestion des populations (CBGP) à Montpellier se sont intéressés à l'aire de répartition géographique potentielle de la mouche pisseuse ou cicadelle pisseuse (Homalodisca vitripennis), un insecte vecteur de Xylella fastidiosa, l'une des bactéries phytopathogènes les plus dangereuses au monde. Pour cela, ils ont analysé l’aire de distribution potentielle dans les conditions du climat actuel ainsi que son évolution possible selon différents scénarios de changement climatique.

Un insecte qui propage une redoutable bactérie pour la vigne

Originaire du sud-est des États-Unis et du nord-est du Mexique, H. vitripennis est une cicadelle suceuse de sève qui transmet la bactérie X. fastidiosa. Elle joue un rôle important dans l’épidémiologie de la maladie de Pierce, maladie du xylème de la vigne provoquée par X. fastidiosa
Cette cicadelle est aujourd’hui absente d'Europe mais s'est établie hors de son aire native dans différentes parties du monde telles que la Californie ainsi que la Polynésie française, Hawaï, l'île de Pâques et les îles Cook, ce qui illustre son fort potentiel invasif. 

L’évolution du climat propice à l’invasion de la cicadelle pisseuse en Europe

Les scientifiques du CBGP ont cherché à évaluer la distribution potentielle de H. vitripennis en Europe en fonction de différents scénarios de changement climatique. Les résultats de leur étude montrent que les conditions climatiques du continent européen sont propices à l’invasion de H. vitripennis, notamment autour du bassin méditerranéen où X. fastidiosa est déjà présente. Les projections en fonction des scénarios d’évolution du climat indiquent un déplacement des zones climatiquement favorables vers le nord de l’Europe. Plus globalement, les surfaces favorables augmenteront en Europe au cours des prochaines décennies. Il est donc important de surveiller cette espèce.

RÉFÉRENCES

 

Arnaud RIDELRédacteurDépartement Santé des Plantes et Environnement

Contacts

Jean-Pierre ROSSI ChercheurCentre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP)

Jean-Yves RASPLUS ChercheurCentre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP)

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