Indicateurs de biodiversité en milieu agricole à partir de données opportunistes

L’érosion de la biodiversité représente actuellement un des défis majeurs pour nos sociétés, car elle affecte les dimensions environnementales, sociales, économiques. Les causes de cette érosion ne sont pas toujours connues avec certitude, faute de moyens et d’études pertinentes suffisantes. Elles doivent être rapidement mieux cernées afin de trouver les solutions permettant d’évaluer l’efficacité des politiques de conservation, et en particulier de favoriser les pratiques agricoles favorables à la biodiversité et à sa conservation.

Le besoin d’indicateurs pertinents et solides est grand, mais pour cela, des données d’observation sont nécessaires à de grandes échelles spatiales ou temporelle. Un large éventail de situations doit être englobé pour pouvoir construire des indices de biodiversités avec des résultats scientifiquement significatifs. Cela implique la mobilisation de milliers d’observateurs et ceci n’est faisable que par le biais d’observateurs citoyens volontaires.

Les observations opportunistes d’espèces animales ou végétales au cours d’activités de loisirs et référencées dans des bases de données citoyennes représentent ainsi aujourd’hui une source d’information importante sur l’évolution de la biodiversité (grand nombre, échelles spatiale et temporelle étendues), collectée à coût financier quasi nul.

Elles restent malheureusement peu exploitées en raison des défis statistiques liés à la qualité des données. Toutefois, elles peuvent parfois être comparées et consolidées avec des données d’observation haute qualité pour les calibrer.

Dans notre étude, les chercheurs ont utilisé des bases de données issues de programmes standardisés de surveillance de la biodiversité faisant appel à des volontaires : Biolovision (base gérée par la LPO) et l’Observatoire de la biodiversité, dépendant du Museum National d’Histoire Naturelle et implémenté majoritairement par des agriculteurs. Dans le cadre d’un projet financé par l’Agence Nationale de la Recherche, des chercheurs de l’unité TSCF du Centre Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes se sont attachés à les rendre exploitables, en collaboration avec divers partenaires publics et privés.

Des technologies adaptées pour l’analyse des données opportunistes

La technologie VGI (Volunteered Geographic Information) permet de gérer de grandes quantités de données géo localisées, mais restaient problématiques pour l’analyse en raison de l’absence de structuration adéquate des bases de données. Des outils statistiques ont été développés pour déduire des indicateurs de biodiversité à partir de ces données, calibrées par des données standardisées.

Dans le cadre du projet VGI4BIO (https://www.vgi4bio.fr/), les chercheurs ont conçu et développé un système de traitement analytique de type OLAP (Online Analytical Processing) pour l’exploration et la synthèse d’énormes ensembles de données écologiques géo localisées stockées dans un entrepôt dédié.

Les données opportunistes ont été adaptées et organisées de manière particulière dans l’entrepôt, ce qui permet leur exploration à la volée et de produire des indicateurs géo référencés à l’aide de représentations cartographiques simples, comme dans le cas de tableaux croisés dynamiques. Des études statistiques plus poussées sont également possibles sur les données de l’entrepôt.

Les scientifiques, les gestionnaires et décideurs peuvent ainsi se saisir de ces analyses et de ces services d’aide à la décision. C’est une avancée réelle en ce qui concerne les données opportunistes.

La plateforme web crée permet ainsi une interface simple pour consulter des données d’agro biodiversité à grande échelle.

L’objectif est désormais de continuer la dynamique de collecte et d’analyse des données, et la pérennisation de ce système.

Liens :  https://www.vgi4bio.fr/

Interface de connexion de la plateforme : https://vgi4bio.geosystems.fr:8443/VGI4Bio/