Biodiversité 2 min
Impacts écologiques de la fonte des glaciers
Sophie Cauvy-Fraunié, chargée de recherche au Centre INRAE Lyon-Grenoble Auvergne-Rhône-Alpes, et Olivier Dangles, directeur de recherche à l’IRD, mènent des recherches sur la fonte des glaciers et son impact sur la biodiversité. Alors que le dégel se poursuit dans le monde entier du fait du changement climatique, la richesse des écosystèmes est en péril.
Publié le 22 avril 2020
Deux articles scientifiques, dont ils sont auteurs, ont été publiés dans Nature Ecology & Evolution :
- A global synthesis of biodiversity responses to glacier retreat, 18 novembre 2019
Sophie Cauvy-Fraunié et Olivier Dangles ont mené une méta-analyse sur les résultats de 234 publications. En compilant plus de 2100 observations, les auteurs ont comparé, pour la première fois, l’effet de l’influence glaciaire sur les trois principaux écosystèmes influencés par des glaciers : les fjords (milieux marins), l’eau douce (rivières et lacs glaciaires) et les marges pro-glaciaires (milieux terrestres).
- Reply : Glacial ecosystems are essential to understanding biodiversity responses to glacier retreat, 30 mars 2020
Ce second article a été écrit en réponse à l’article Glacial ecosystems are essential to understanding biodiversity responses to glacier retreat qui met en avant la nécessité de développer notre connaissance sur la biodiversité inféodée à l’habitat glaciaire, un écosystème encore peu étudié. En effet, bien qu’ils aient la réputation d’être dépourvu de vie, les glaciers sont maintenant considérés comme un biome à part entière. Sophie Cauvy-Fraunié et Olivier Dangles ne l’ont pas oublié. Dans leur « réponse », ils expliquent pourquoi la biodiversité glaciaire n’a pas été prise en compte dans leur méta-analyse, notamment en raison de l’impossibilité de calculer un indice d’influence glaciaire pour cet habitat, mais aussi du manque crucial d’études écologiques sur le long terme.
La fonte des glaciers induit 3 changements écologiques majeurs à l'échelle locale : l’augmentation des terrains déglacés, la réduction de l'influence glaciaire sur les écosystèmes adjacents et la perte d'habitats glaciaires. Ces deux derniers effets menacent les espèces spécialistes dépendantes des habitats glaciaires ou influencés par les glaciers, des espèces qui présentent des adaptations uniques (morphologiques et comportementales) pour survivre et se développer à des températures faibles permanentes. Il devient donc urgent d'améliorer nos connaissances sur la biodiversité glaciaire grâce notamment à des protocoles normalisés pour permettre des comparaisons entre les sites mais aussi des études interdisciplinaires impliquant glaciologues et écologues afin d’augmenter notre compréhension des conséquences écologiques de la fonte des glaciers. Peut-être est-il aussi temps pour les écologues de créer des banques de données des différentes formes de vie associées aux glaciers avant leur extinction définitive ?
Suivre les conséquences de la disparition des glaciers est la suite de leurs recherches :
Le projet Life Without ice, une collaboration IRD-INRAE qui débutera en 2020 grâce à un financement de la Fondation BNP Paribas, a pour objectif de documenter à l’échelle mondiale, et en particulier dans les tropiques, les conséquences de la disparition des glaciers par une approche interdisciplinaire alliant géophysiciens, écologues et sociologues.