Biodiversité 1 min
Il n'y a pas que les abeilles qui pollinisent en prairie !
Les réseaux de plantes-pollinisateurs changent en fonction de variables locales et paysagères, qu’il est important d’identifier afin de pouvoir maintenir une bonne fonctionnalité écologique. Une étude récente a permis de comparer des réseaux de pollinisateurs des prairies dans les exploitations laitières de 3 paysages français contrastés.
Publié le 13 octobre 2021
Les prairies tempérées fournissent à la fois des habitats et des ressources florales aux pollinisateurs dans les paysages agricoles. Les réseaux de plantes-pollinisateurs changent en fonction de variables locales et paysagères, qu'il est important d'identifier afin de pouvoir maintenir une bonne fonctionnalité écologique. Des chercheurs, ingénieurs et techniciens d’INRAE accompagnés de l’entomologiste David Genoud ont analysé les interactions plantes-pollinisateurs dans 18 prairies de fermes laitières expérimentales situées dans trois régions françaises contrastées par leur climat, leur altitude, leur paysage et leur gestion : à Marcenat, Lusignan et Mirecourt. L’étude a combiné des observations visuelles (via piégeage et détermination des insectes en butinage actif) et des analyses par barcoding de l'ADN du pollen récolté sur ces insectes (permettant de retracer l’historique de leurs visites florales). Les objectifs étaient de déterminer quels facteurs environnementaux influencent l'abondance et la diversité des taxons de pollinisateurs et les différences entre les réseaux visuels de plantes-pollinisateurs dans les trois régions agricoles.
Un des résultats majeur de l’étude a été de montrer que la taille et la diversité des réseaux de plantes-pollinisateurs étaient plus grandes et plus élevées dans les fermes riches en prairies permanentes (Mirecourt et Marcenat) que celles de la ferme avec des prairies temporaires et un paysage de cultures (Lusignan) ; mais le degré de spécialisation des trois réseaux plantes-pollinisateurs était relativement similaire et faible. Les diptères, en particulier les Empididae et les Syrphidae (voir 2 exemples sur la photo), représentaient la plupart des interactions plantes-pollinisateurs à Mirecourt et Marcenat, tandis que les hyménoptères (notamment les abeilles domestiques et bourdons) étaient plus abondants à Lusignan.
Pour donner un ordre de grandeur, le nombre de pollinisateurs différents (espèces) repérés sur les 3 sites était de 110 (sur 583 insectes identifiés jusqu’à l’espèce seulement), tandis qu’on dénombrait 80 genres différents sur les 844 insectes identifiés jusqu’au genre. Pour ce qui est des hyménoptères, et pour donner une idée de la diversité chez les abeilles et les bourdons, on a dénombré 29 espèces différentes à Mirecourt dont 5 espèces de bourdons et 24 d’abeilles sauvages.
Le pourcentage d'habitats semi-naturels dans un rayon de 500 m autour des parcelles d’étude et la hauteur de la végétation influencent l'abondance des pollinisateurs puisqu’ils expliquent 23 % de la variance.
Les renoncules (Ranunculus sp.), la knautie des champs (Knautia arvensis), la centaurée jacée (Centaurea jacea) et le trèfle blanc (Trifolium repens) étaient les espèces végétales clés des réseaux plantes-pollinisateurs.
L'étude a souligné l'importance des diptères dans les réseaux de plantes-pollinisateurs qui représentent plus de la moitié des insectes pollinisateurs observés en butinage dans les prairies permanentes et, une nouvelle fois, la nécessité de conserver des prairies permanentes à flore diversifiée pour préserver les pollinisateurs sauvages et de nombreux services écosystémiques.
Référence : DOI : 10.1016/j.actao.2021.103763