Agroécologie 3 min

Identifier les barrières et leviers à l’adoption des associations de cultures

Jeudi 29 février 2024, une trentaine d’acteurs des filières agricoles et alimentaires du sud-ouest de la France se sont réunis dans le cadre d’un atelier multiacteur autour de la thématique des associations d’espèces à destination de l’alimentation humaine. Organisé par INRAE et la chambre d’agriculture du 81 dans le cadre du projet IntercropVALUES/Occita’Mix, l’atelier s’est déroulé au lycée agricole de Flamarens à Lavaur, lieu de formation de futurs agriculteurs et agricultrices.

Publié le 22 mars 2024

illustration Identifier les barrières et leviers à l’adoption des associations de cultures
© Laurent Bedoussac - ENSFEA

L’association de cultures est une pratique agronomique offrant de multiples services écosystémiques. Particulièrement adaptée aux systèmes à bas niveau d’intrants, elle peut permettre :

  • l’augmentation de la productivité agricole par unité de surface ;
  • de réduire la pression de certains bioagresseurs ;
  • de diminuer les impacts environnementaux (peu/pas de pesticides appliqués, peu d’azoté apporté, meilleur recyclage des éléments nutritifs…).

Elle permet également d’augmenter certains critères de qualité des grains, comme par exemple la teneur en protéines des céréales, et est un levier efficace d’insertion des légumineuses dans les systèmes agricoles.

Pourtant cette pratique reste peu répandue car de nombreuses barrières à sa mise en œuvre existent à tous les niveaux des filières. C’est dans l’optique d’identifier ces barrières et leviers à l’adoption des associations de cultures à l’échelle locale que cet atelier d’échanges s’est imposé.

Le collectif était composé :

  • d’agriculteurs et agricultrices produisant des associations et pour certains les triant à la ferme ;
  • d’organismes « trieurs » allant du trieur mobile à la ferme détenu en coopérative, à des installations permettant de traiter des volumes importants ;
  • d’acteurs et actrices de la transformation sur des chaines courtes et longues ;
  • d’acteurs et actrices accompagnant l’aménagement de cuisines scolaires pour favoriser l’approvisionnement en circuits courts, de proximité et bio ;
  • de collectivités et de projets alimentaires de territoires (PAT) ;
  • d’associations de consommateurs ;
  • d’organismes publiques accompagnant la transition agroécologique des filières.

Les résultats de ces échanges multiacteurs montrent que les barrières sont de diverses nature, multiples et présentes à toutes les étapes de la chaîne de valeur :

  • Production : complexité de semis, de récolte, variétés non disponibles.
  • Tri des graines : coût important, matériel peu présent/peu adapté, pas de compétences sur le tri.
  • Transformation : farines « tachées » par des brisures de légumineuses créant ainsi de véritables verrouillages.
  • Commercialisation : tolérance nulle sur les résidus (brisures) d’une seconde espèce car risques d’allergènes (gluten), manque de sensibilisation des consommateurs et consommatrices à cette pratique agroécologique.

Leur identification précise est une étape clé pour pouvoir les lever et permettre le développement de la pratique. Il s’agit là d’une partie importante des travaux menés dans le cadre du projet européen IntercropVALUES dans lequel est impliqué le laboratoire Agroécologie, innovations et territoires (AGIR) du centre INRAE Occitanie-Toulouse.

Les travaux en atelier, organisés et gérés par Fanny Raoux, ingénieure de recherche du projet IntercropVALUES coordonné par le CIRAD, avec l’aide de Margot Leclère et Céline Chevalier, ont permis d’aller plus loin dans la formalisation et la hiérarchisation des barrières et dans l’identification de pistes pour les lever.

Ces échanges ont été complétés par l’intervention de Céline Chevalier de l’université catholique de Louvain qui a présenté ses travaux d'analyse des barrières à l’échelle européenne.

Un bilan très positif avec de nombreux échanges riches et constructifs et la perspective de propositions concrètes pour encore améliorer les stratégies d’accompagnement de la transition agroécologique.


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