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GeoPoppy, un carnet de terrain électronique open source
Composer sa propre solution cartographique pour répondre à un enjeu de recherche… GeoPoppy est un outil portable, complet, développé pour explorer les relations abeilles fleurs en France, utilisé aujourd’hui pour cartographier les sols d’Afrique.
Publié le 20 décembre 2018
Dans la région de Niort, des champs de céréales, des coquelicots et des abeilles… un paysage bucolique que les chercheurs du centre INRAE Nouvelle-Aquitaine – Poitiers, il y a quelques années, souhaitaient explorer au gré d’un projet scientifique mêlant gestion des territoires et biodiversité. GeoPoppy, un serveur cartographique autonome et simple d’utilisation pour saisir des données expérimentales « au champ » fut alors créé. Depuis GeoPoppy a fait le tour du monde ou presque… Retour sur une belle histoire qui ne semble pas prête de s’arrêter.
GeoPoppy, en pratique
GeoPoppy est un outil numérique open source pour l'acquisition et la consultation de données géolocalisées. GeoPoppy s’appuie sur deux composantes, l’une est matérielle, l’autre est logicielle. Il comporte un mini-serveur portable à bas coût (Raspberry Pi), alimenté par une batterie externe, et une tablette, en connexion wifi avec le serveur. Il utilise des logiciels libres et gratuits, notamment pour la gestion de la base de données (PostgreSQL) et le système d’information géographique (QGIS / Lizmap). A noter qu’il s’adapte à tous les supports et systèmes d’exploitation. Une fois le matériel acquis, le fonctionnement de GeoPoppy est gratuit, sans limites d’enregistrement ou de nombre d’utilisateurs. Véritable système d’information géographique (SIG) embarqué, GeoPoppy facilite par ailleurs grandement la vie des utilisateurs. Il leur permet d’enregistrer directement – et notamment dans des zones qui ne sont pas toujours couvertes par une connexion web (gsm/wifi) - les données de terrain qui n’en sont que plus fiables et précises. Il permet d’embarquer des logiciels déjà utilisés « au bureau », ce qui facilite leur utilisation. Enfin, à tout moment, les utilisateurs peuvent accéder au portail cartographique pour consulter et éditer les données géolocalisées.
de Niort à la Côte d’Ivoire
Initialement, GeoPoppy a été développé pour comprendre les relations entre abeilles et plantes messicoles et pour savoir notamment si les abeilles butinent ces plantes à proximité de la ruche « faute de mieux » ou bien si elles les recherchent pour leurs propriétés nutritionnelles. En quelques jours, il a permis de recenser et caractériser 6 500 patchs de coquelicots sur un vaste territoire agricole céréalier des Deux-Sèvres et de réaliser des cartographies de la densité de fleurs, utiles pour étudier le butinage des coquelicots par les abeilles.
Sous couvert du Conservatoire des espaces naturels Rhône-Alpes, GeoPoppy a également été utilisé pour suivre la végétation et la flore remarquable du Marais de Vaux, au cœur du Bugey (01), dans la perspective de maintenir et restaurer des prairies humides variées et à forte valeur patrimoniale (http://slideplayer.fr/slide/12019007/). Plus récemment, GeoPoppy a été expérimenté lors d’une mission en Côte d’Ivoire en support auprojet REDD+ de la Mé (2016-2019). Il a ainsi été mis à profit pour cartographier l’occupation des sols dans la région de la Mé où sévit une déforestation massive. Suivre l’évolution des surfaces cultivées et boisées permet de mieux connaître et protéger les espaces et les espèces menacés avec, en arrière-plan, l’objectif d’enrayer les défrichements tout en améliorant les conditions de vie des populations riveraines des forêts. Sur le terrain, les opérateurs ont collecté un maximum de données. Ils ont tracé le contour de la parcelle sur la carte en relevant un certain nombre de points sur place, s’aidant éventuellement d’images satellites. La superficie de la parcelle a été automatiquement calculée et des informations essentielles concernant les parcelles, les propriétaires, les cultures… ont été ajoutées.
GeoPoppy, vers une nouvelle génération d’outils embarqués
La cartographie n’a pas échappé au développement de l’internet, tirant parti de l’essentiel de la technologie tandis que l’accès à l’information géographique s’est largement démocratisé. Facile et peu cher à utiliser, GeoPoppy répond parfaitement à la problématique technique et scientifique d’acquérir des données de qualité sur le terrain. Il pourrait ainsi annoncer une nouvelle génération d’outils numériques peu coûteux, à base de logiciels libres, au service du suivi-évaluation de projets. Aujourd’hui, le développement de la synchronisation automatique – et non plus manuelle - du mini-serveur portable avec une base de données en ligne est en cours de finalisation. La toute récente expérience de la région de la Mé gagnerait à être étendue à d’autres terrains du globe, elle le sera très prochainement au Bénin où la Communauté forestière du Moyen-Ouémé a pour objectif d’assurer la gestion durable des ressources forestières du domaine protégé.