Biodiversité 4 min

Le génome du chêne lève un voile sur la longévité des arbres

COMMUNIQUE DE PRESSE - Un consortium national mené par l’Inra et le CEA a séquencé le génome du chêne pédonculé. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature Plants le 18 juin 2018, révèlent deux facettes de la longévité de cette espèce emblématique. La première concerne la mise en place d’un arsenal de gènes de résistance particulièrement riche et diversifié, permettant aux arbres de faire face tout au long de leur vie à leurs grands prédateurs (champignons pathogènes, oomycètes, insectes, bactéries et virus). La seconde révèle la présence de mutations somatiques qui peuvent être transmises à la génération suivante, un résultat qui soulève des questions sur l’importance évolutive de ce moteur de diversité.

Publié le 18 juin 2018

illustration  Le génome du chêne lève un voile sur la longévité des arbres
© Inra - Didier Bert

Les arbres constituent une part importante de notre patrimoine naturel et culturel. Omniprésents dans nos paysages les plus communs, ils fournissent aussi aux sociétés humaines des services inestimables. Leur longévité et résilience face à des variations environnementales hétérogènes ont contribué à leur attribuer des représentations symboliques dans toutes les sociétés humaines passées et actuelles. Ces représentations, allant du sacré, mystique jusqu’au domaine populaire, invoquent stabilité, résistance et permanence de la vie.

Un génome de référence pour une des 400 espèces de chênes

Des scientifiques de l’Inra et du CEA ont cherché à savoir si la longévité des arbres, dont les chênes sont emblématiques, reposait sur des bases génétiques. Ils ont commencé leur enquête en s’attaquant au génome du chêne pédonculé. Des technologies de séquençage à haut débit leur ont permis de séquencer et d’assembler les 750 millions de nucléotides de cette espèce largement répandue en Europe, dont la diversité génétique est dix fois plus importante que celle de l’Homme.

Un génome particulièrement bien équipé en gènes de résistance contre les bioagresseurs… qui pourrait expliquer leur longévité

 

L’annotation de ce génome révèle qu’il contient 51% d’éléments transposables (séquences d’ADN capables de se déplacer dans un génome) et 26 000 gènes dont 36% sont organisés en groupes de gènes contigus, alors qu’en moyenne cette proportion n’est que de 15% chez les plantes. Les chercheurs ont montré que les gènes de résistance du chêne avaient particulièrement bénéficié de ces duplications en tandem. La comparaison des génomes d’espèces herbacées annuelles (Arabidopsis, soja, pomme de terre, pastèque…) et ligneuses pérennes (chêne, peuplier, eucalyptus, pêcher…) a mis en évidence que ce mécanisme d’expansion des gènes de résistance n’était pas spécifique au chêne mais partagée avec l’ensemble des arbres de l’étude. Les arbres sont continuellement exposés à des bioagresseurs qui peuvent évoluer rapidement par rapport à ces organismes à longue durée de génération. Dans ces conditions, cette richesse en gènes du système immunitaire des plantes, leur permettrait de faire face à un large éventail d’interactions biotiques avec les micro-organismes (notamment pathogènes) tout au long de leur existence.

Les arbres : des mosaïques génétiques ?

Les organismes multicellulaires accumulent des mutations somatiques au cours de leur croissance. Les chênes étant des espèces particulièrement longévives (généralement plusieurs centaines d’années), les chercheurs se sont interrogés sur l’importance de ces mutations chez un tel arbre. En comparant les génomes d’échantillons récupérés à l’extrémité de branches d’âge différent d’un chêne pédonculé centenaire, ils ont identifié de rares mutations apparues au cours du temps. Ils ont aussi montré que ces mutations pouvaient être transmises à la descendance. Il reste à étudier si ce moteur de diversité pourrait conférer un avantage sélectif aux individus qui les portent.

Le génome de référence du chêne est maintenant utilisé pour étudier les processus évolutifs impliqués dans l’adaptation et la spéciation des chênes blancs européens, notamment depuis la dernière recolonisation postglaciaire. A l’instar de ce qui est fait chez l’homme, il permettra de reconstituer les trajectoires évolutives qui ont accompagné l’histoire de ces espèces notamment grâce à l’analyse de l’ADN ancien que l’on peut aujourd’hui extraire à partir de restes de bois fossiles.

En savoir plus

Agroécologie

De nouvelles perspectives pour lutter contre la rouille du soja grâce au séquençage complet de son génome

COMMUNIQUE DE PRESSE - Un consortium mondial de chercheurs franchit une étape importante dans la lutte contre une maladie dévastatrice du soja. Douze organisations de recherche publiques - dont l’Inra en France - et privées sont parvenues à obtenir, pour la première fois, le séquençage et l’assemblage complet de trois souches de Phakopsora pachyrhizi, l’agent responsable de la rouille du soja.

11 décembre 2019

Changement climatique et risques

Vigne : le génome d’un porte-greffe enfin séquencé

COMMUNIQUE DE PRESSE - Les chercheurs de l’Inra et de l'Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) de l'université de Bordeaux publient la première séquence du génome d’un porte-greffe de vigne. Ces résultats présentent l’assemblage et l’annotation du génotype d’origine américaine Vitis riparia « Gloire de Montpellier ». Seule la vigne européenne (Vitis vinifera) avait été séquencée jusqu’ici. Dans la plupart des vignobles du monde, elle est cultivée greffée sur des porte-greffes qui lui confèrent résistance à des ravageurs du sol tel que le Phylloxera ainsi qu’une capacité d’adaptation à des environnements variés. Cette séquence de grande qualité ouvre de nouvelles voies vers l’identification de gènes d’intérêt agronomique absents chez la vigne européenne (résistance aux maladies et ravageurs, adaptation au milieu) dont certains spécifiques des racines. Cela permet également d’envisager de nouvelles perspectives pour l’amélioration de la vigne et de sa culture, soumise à de fortes pressions d'agents pathogènes, à des conditions de culture sous contraintes et au changement climatique. Ces travaux sont publiés dans la revue Scientific Data le 19 juillet 2019.

12 décembre 2019

Biodiversité

Le génome du chêne séquencé

COMMUNIQUE DE PRESSE - Des équipes de recherche de l’Inra et du CEA viennent de séquencer le génome du chêne pédonculé (Quercus robur). Il s’agit du premier séquençage pour une espèce du genre Quercus très largement répandu dans l’hémisphère nord. Ces travaux permettront notamment de mieux comprendre les mécanismes d’adaptation des arbres aux variations environnementales et fourniront des éléments pour anticiper leurs réponses au changement climatique. Ils font l’objet d’un premier article publié dans la revue en libre accès Molecular Ecology Resources, avant une publication finalisée des résultats dans les prochains mois.

24 janvier 2020