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Effets de la taxation sur la consommation de boissons sucrées

Une étude menée par des scientifiques du laboratoire Toulouse school of economics – research (TSE-R – UT Capitole/CNRS/INRAE) du centre INRAE Occitanie-Toulouse, estime qu’une taxe de 0,20 € par litre sur les boissons sucrées sans alcool pourrait réduire la consommation individuelle annuelle de sucre d'au moins 2 kg et ainsi éviter environ 640 décès. Ces travaux ont été publiés dans Economics and Human Biology.

Publié le 18 décembre 2023

illustration Effets de la taxation sur la consommation de boissons sucrées
© Freepik

Mesurer la consommation individuelle…

Pour évaluer l'impact de la taxation sur la consommation de boissons sucrées, la plupart des études utilisent des données d’achats des ménages qui fournissent à la fois des données de consommation et de prix. Cela permet de calculer la consommation individuelle en divisant la consommation observée des ménages par la taille du ménage. Des scientifiques du laboratoire TSE-R ont utilisé une approche originale pour estimer cette consommation individuelle de boissons sucrées en tenant compte des nombreuses caractéristiques des individus et des ménages. En particulier, ils ont distingué les individus en fonction de leur sexe, de leur catégorie d'âge et de leur indice de masse corporelle (IMC).

Ils ont constaté un niveau élevé d'hétérogénéité dans cette consommation. Ainsi, même si en moyenne la prise de boissons sucrées en France reste faible par rapport à d'autres pays, certains consommateurs ont un niveau de consommation très élevé. Les adultes, hommes et femmes, consomment une plus grande quantité de boissons sucrées que les enfants. Plus important encore, la consommation moyenne de boissons sucrées augmente avec l’IMC et les personnes obèses et en surpoids sont surreprésentées parmi les grands buveurs de boissons sucrées sans alcool.

… et l’impact d’une politique fiscale

L'hétérogénéité de la réponse en fonction de l'IMC est un point clé dans l'analyse de l'impact d'une taxe. Ainsi, une politique fiscale serait plus efficace si les consommateurs les plus à risque, ici les individus atteints d’obésité, sont les plus impactés par la taxe. Les résultats suggèrent que c'est en partie le cas. En France, une taxe de 0,20 € par litre sur les boissons sucrées sans alcool pourrait réduire la consommation de sucre de plus de 2 kg par an en moyenne et de plus de 5 kg, soit environ 3 cuillères à café par jour, pour les 5 % de la population adulte le plus en surpoids.

Ce résultat est nouveau, car jusqu’à présent la littérature analysait la sensibilité au prix des consommateurs en fonction de leur niveau de consommation, mais n'identifiait pas qui étaient les plus gros consommateurs. Dans cette étude, les scientifiques ont constaté que les individus obèses et en surpoids sont surreprésentés dans les tranches supérieures d'une variation de la consommation de sucre en réponse à la taxe.  Il s'agit d'un résultat clé car l'objectif de la taxation est de diminuer la consommation des individus les plus à risque.

L’étude montre également que la méthode classique d'évaluation des politiques fiscales basée sur un calcul de la consommation individuelle comme le ratio entre la consommation du ménage et le nombre d’individus dans le ménage, sous-estime de 9 % l'effet de la taxe pour les adultes en situation d’obésité.

Enfin, les scientifiques estiment qu'une taxe de 0,20 €/l sur les boissons sucrées pourrait permettre d'éviter environ 640 décès (sur environ 1,6 % des maladies considérées) grâce à la diminution de leur consommation.

Référence :

Céline Bonnet, Vincent Réquillart, The effects of taxation on the individual consumption of sugar-sweetened beverages, Economics & Human Biology, Volume 51, 2023, 101277

https://doi.org/10.1016/j.ehb.2023.101277

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