Effet de l’anxiété sur l'association entre la consommation de viande rouge, de viande transformée et le risque de cancer
La consommation de viande rouge et de viande transformée a été classée comme respectivement probablement cancérigène et cancérigène pour l'homme. Les chercheurs de l'unité Toxicologie alimentaire et du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques ont évalué comment l'anxiété pouvait modifier l’association entre viandes et cancer dans la cohorte NutriNet-Santé.
Publié le 03 février 2021
Les viandes rouges et les viandes transformées sont reconnues par le Centre international de recherche sur le cancer comme probablement cancérigènes et cancérigènes pour l'homme, respectivement. Le fer héminique serait le facteur central responsable de cet effet en catalysant la formation d’aldéhydes cytotoxiques et génotoxiques. Celles-ci impactent les cellules épithéliales coliques et globalement la fonction de barrière de l'intestin. En parallèle, l'anxiété affecte aussi la fonction de barrière de l'instestin en augmentant la perméabilité de ce dernier. Se pose ainsi la question de savoir si l’anxiété chronique peut affecter la relation entre un aliment et la santé humaine via les perturbations de la barrière intestinale. Les chercheurs ont évalué comment l'anxiété modifie l'association entre la consommation de viande rouge et de viande transformée et le risque de cancer dans la cohorte prospective de NutriNet-Santé
Sur un échantillon de 101 269 sujets, les chercheurs ont étudié les associations entre la consommation de viande rouge et de viande transformée, la quantité de fer héminique provenant de ces viandes et les risques de cancer colorectal, de la prostate et du sein, globalement et séparément chez les participants avec et sans anxiété. L’évaluation de l’anxiété a été basée sur la déclaration de la prise d’un traitement pour l’anxiété.
Une augmentation de la consommation de viande rouge et de viande transformée était associée à un risque augmenté de 18% de développer un cancer colorectal dans la population totale. L’augmentation était de 42 % chez les participants anxieux et non significative chez les autres participants. Des tendances similaires ont été observées pour le risque global de cancer. Les analyses menées avec le fer héminique ont donné des résultats comparables. Ces résultats renforcent l'ensemble des preuves existantes qui soutiennent que la consommation de viande rouge et de viande transformée et l'apport en fer héminique seraient associés à un risque accru de cancer global et plus spécifiquement de cancer colorectal. Ils suggèrent également que l'anxiété pourrait modifier ces associations, avec un risque accru chez les participants anxieux.
Ce travail souligne l’intérêt d’intégrer des facteurs psychologiques dans l’étude des relations entre alimentation et santé humaine.
Référence : Anxiety is a potential effect modifier of the association between red and processed meat consumption and cancer risk: findings from the NutriNet-Santé cohort, Beslay et al , European Journal of Nutrition. 2020 Sep 5, doi: 10.1007/s00394-020-02381-3
L'étude NutriNet-Santé
Il s'agit d'une étude de cohorte nationale réalisée sur une large population d'adultes volontaires (qui deviennent des Nutrinautes après inscription) lancée en 2009, dont l'objectif est d'étudier les relations nutrition-santé.
Le recrutement de nouveaux volontaires pour participer à l’étude NutriNet-Santé se poursuit. Il suffit pour cela de s’inscrire en ligne (www.etude-nutrinet-sante.fr) et de remplir des questionnaires, qui permettront aux chercheurs de faire progresser les connaissances sur les relations entre nutrition et santé et ainsi d’améliorer la prévention des maladies chroniques par notre alimentation.
L'étude NutriNet-Santé est coordonnée par l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN), UFR SMBH, Bobigny, Université Sorbonne Paris Nord, (U1153 Inserm/U1125 INRAE/Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, Centre de Recherche en Epidémiologie et Statistiques Université de Paris).