Agroécologie 2 min

Découverte d'un nouveau rôle du microbiote chez les mouches à fruits

Alors que le microbiote est aujourd’hui largement étudié pour son influence sur la physiologie et les performances des hôtes, une équipe de recherche INRAE publie dans la revue Microbiome une étude concernant le rôle encore méconnu du microbiote sur la compétition entre espèces.

Publié le 22 février 2024

illustration Découverte d'un nouveau rôle du microbiote chez les mouches à fruits
© INRAE, Simon Fellous

En étudiant la mouche des fruits envahissante Drosophila suzukii, responsable de larges dégâts agricoles notamment sur fruits rouges, une équipe de recherche INRAE du Centre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP) et leurs collègues ont découvert un nouveau rôle du microbiote. Au-delà de son rôle aujourd’hui bien connu sur la bonne santé de l'organisme, il apparaît également que le microbiote joue un rôle essentiel sur les relations avec les autres espèces qui l’entourent. 

Les chercheurs ont découvert que lorsque les mouches D. suzukii pondent dans un fruit, leurs proches cousines D. melanogaster les y suivent, attirées et nourries par leurs microbiotes. Mais ils ont également remarqué que la relation est asymétrique. Les femelles D. suzukii évitent quant à elles de pondre dans les fruits où se trouvent les larves d’une drosophile D. melanogaster. Des traces de passage des adultes suffisent à produire l’évitement de ponte. Les femelles D. suzukii détectent en fait le microbiote de D. melanogaster au travers de molécules produites en présence de certaines bactéries. L’évitement de ponte de D. suzukii préserve ainsi la survie des juvéniles en évitant la compétition entre les larves des deux espèces. 

Cette étude montre ainsi que la compétition entre espèces animales peut être déterminée par les microbiotes de chaque espèce. Elle ouvre également des pistes pour protéger les cultures des attaques de D. suzukii. Le comportement d’évitement de ponte de D. suzukii dans les fruits rouges découvert par l'équipe de recherche pourrait ainsi être utilisé afin de produire un répulsif à base de molécules présentes dans les « crottes » de leur compétiteur.

Référence
Antoine Rombaut, Romain Gallet, Kenza Qitout, Mukherjy Samy, Robin Guilhot, Pauline Ghirardini, Brian P. Lazzaro, Paul G. Becher, Anne Xuéreb, Patricia Gibert, Simon Fellous (2023). Microbiota-mediated competition between Drosophila species. Microbiome, 11, 201, https://dx.doi.org/10.1186/s40168-023-01617-8, https://hal.inrae.fr/hal-04209915

Simon Fellous et Arnaud RidelRédacteurs

Contacts

Simon FellousChercheurCentre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP)

Le centre

Le département

En savoir plus

Agroécologie

Des lâchers de Ganaspis cf. brasiliensis pour sauver la cerise

Une équipe de recherche INRAE de l’Institut Sophia Agrobiotech a procédé, à la fin de l’été et sur plusieurs sites en France, aux lâchers de Ganaspis cf. brasiliensis, une guêpe parasitoïde exotique, afin de réduire efficacement et durablement les populations de la mouche Drosophila suzukii qui provoque de sérieux dégâts en culture de petits fruits rouges, et en particulier dans les cerisiers.

20 octobre 2023

Agroécologie

Cydia pomonella et Drosophila suzukii, deux ravageurs dans le collimateur de SUZoCARPO

Lauréat de l’appel à projets national Ecophyto, le projet SUZoCARPO vise à acclimater des parasitoïdes exotiques afin de lutter contre les insectes ravageurs Drosophila suzukii et Cydia pomonella. Pour mener à bien ce projet, l’équipe de recherche et développement en lutte biologique de l’Institut Sophia Agrobiotech a recruté une jeune technicienne, Mélanie Huguet, qui a pour mission d’élever ravageurs et parasitoïdes afin de développer sur le terrain une lutte biologique efficace et durable. Celle-ci permettra de diminuer les densités de ravageurs tout en limitant l’usage de pesticides.

11 avril 2023