Agroécologie 4 min

La coopération franco-chinoise sur les sols pollués célébrée

Le 13 mars 2023, Jean-Louis Morel, professeur émérite à l’université de Lorraine, a reçu le « prix de l’amitié du Guangdong », la plus grande province chinoise. La collaboration depuis une vingtaine d’années entre les chercheurs du laboratoire Sols et Environnement (UMR université de Lorraine-INRAE) avec l’École des sciences et de l’ingénierie de l’environnement de l’université Sun Yat-sen (Canton) a permis, outre de nombreux échanges, des avancées scientifiques et appliquées remarquées. Elle s’est matérialisée par la création du laboratoire international associé (LIA) Ecoland entre les deux pays.

Publié le 04 mai 2023

illustration La coopération franco-chinoise sur les sols pollués célébrée
© INRAE

Une longue collaboration

Le professeur Jean-Louis Morel, lauréat du prix de l'amitié du Guangdong, aux côtés du professeur Yetao Tang

Le prix honorifique, remis au professeur Jean-Louis Morel en mars dernier, à Canton, met en perspective l’importance du travail accompli depuis une vingtaine d’années dans le domaine de la science des sols et de la remédiation des sols pollués.

« Il y a les thématiques, la science, mais il y a aussi les hommes et les femmes », rappelle Jean-Louis Morel. Des relations amicales et de confiance ont été développées tout au long de ces années, qui ont permis d’avancer et de formaliser la coopération. D’abord avec le professeur Qiu (à l’origine de cette coopération côté chinois et Professor@Lorraine), puis avec le professeur Yetao Tang qui est actuellement coresponsable du LIA Ecoland, et qui a passé une année à Nancy dans le cadre d’un postdoctorat soutenu par INRAE.

Pourquoi la Chine ? « La Chine doit faire face à des pollutions de sols dues aux activités minières et industrielles ; de notre côté on est face aux problématiques de sites industriels et de sites urbains dégradés et contaminés », nous explique Jean-Louis Morel. « Les problématiques scientifiques sont les mêmes et les approches pour les étudier sont similaires : on s’attache à la dynamique des pollutions, au fonctionnement des sols, aux relations sols-plantes-microorganismes, à la problématique de la biodiversité des sols, et aussi aux stratégies de remédiation fondée sur la nature. Il y avait un véritable intérêt scientifique à partager ces problématiques, à partager les stratégies de recherche, et à travailler ensemble pour développer à la fois la science et la technologie. La Chine est un acteur clé dans la résolution des problèmes écologiques mondiaux et elle apporte actuellement d'importantes contributions à la promotion du développement écologique mondial. »

… au cœur des stratégies des deux pays en matière de développement durable et d’engagement pour le climat

Sol minier en Chine.

En 2015, l'université Sun Yat-sen a signé un accord de coopération avec l'université de Lorraine et INRAE pour créer formellement le LIA Ecoland, qui se concentre sur les problèmes majeurs de pollution des sols.

La première phase du projet Ecoland (2015-2021) était centrée sur les territoires contaminés avec l’objectif de développer les services que peuvent rendre ces territoires : quelle valeur peut-on retirer de ces territoires ? comment peut-on les restaurer pour les améliorer afin qu’ils rendent toute une gamme de services ? Des résultats scientifiques marquants sur les sites miniers de terres rares ou polymétalliques ont été obtenus, sous différents angles : caractérisation et suivi des pollutions, impacts, biodiversité, restauration des sites… Avec Ecoland 2, qui sera bientôt lancé, outre la poursuite des différents travaux engagés, un nouveau volet autour du stockage de carbone dans les sols viendra s’y ajouter, dans le contexte de l’atténuation du changement climatique.

« Dans Ecoland 2, les chercheurs vont essayer de comprendre comment il serait possible de stocker du carbone durablement dans les sites en restauration (qui représentent des surfaces non négligeables), à la fois en surface ou en profondeur, et via les plantes ou de nouvelles technologies qu’on pourrait développer », précise Jean Louis Morel.

Les résultats et les perspectives placent la collaboration au cœur des stratégies des deux pays, avec un engagement commun pour les questions du climat, de la biodiversité et de la restauration des terres. Une collaboration évoquée lors du déplacement du président Emmanuel Macron en Chine et sa visite à l’université Sun Yat-sen à Canton, une université avec qui la France entretient des relations scientifiques depuis très longtemps.

 

À propos d’Ecoland

La coopération s’appuie sur des échanges d’étudiants, de doctorants (en cotutelle) et de professeurs et la mise en place d’expériences en commun, notamment des essais de longue durée sur sites contaminés. Le LIA Ecoland a créé une véritable dynamique internationale autour des questions de sites et sols pollués et du recyclage. Il a permis de développer de nouvelles pistes de recherche scientifique et technologique, ainsi que des actions de formation originales. Conçu aussi comme un portail pour développer la coopération, il a permis de mettre en place des actions impliquant d’autres laboratoires de l’université de Lorraine s’inscrivant dans le LabEx Ressources 21 et le Groupement d’intérêt scientifique sur les friches industrielles, comme le LRGP et le LIEC, ainsi que des unités INRAE (ISPA, ECOSYS).

À venir :

  • Workshop commun franco-chinois du 13 au 15 septembre 2023 : 14thSino-French International Workshop on Contaminated Soil Remediation
  • Signature du projet Ecoland 2 (LIA) le 27 octobre 2023 en Chine.

Gérard Simonin Laboratoire Sols et Environnement

Contacts

Catherine Sirguey Co-responsable du LIA EcolandLaboratoire Sols et Environnement

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