Biodiversité 3 min
Convention sur la Diversité Biologique : mieux évaluer pour prévenir la perte de la biodiversité
En janvier, le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (CBD) a publié la première version de son « cadre mondial pour la biodiversité après 2020 ». Dans un article publié en mars 2020 dans Science, des scientifiques de plusieurs universités et instituts de recherche autour du globe, dont l’université de Bordeaux et INRAE, alertaient que les objectifs et indicateurs proposés dans ce document négligeaient la diversité génétique – l’élément de base de l’évolution et de toute la diversité biologique (1). Dans un nouvel article publié en août dans la revue Biological Conservation (2), les scientifiques proposent trois nouveaux indicateurs génétiques, ainsi que des modifications des objectifs et indicateurs actuels de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB).
Publié le 27 juillet 2020
Les indicateurs proposés
Pour atteindre les objectifs mondiaux de conservation, les scientifiques proposent que la diversité génétique au sein de toutes les espèces soit conservée, mesurée et surveillée à l’aide de paramètres appropriés. Ces trois indicateurs disponibles dès maintenant, sont notamment applicables à toutes les espèces, et adaptables au niveau local, régional ou mondial.
- Le nombre de populations (ou de races) au sein des espèces dont la taille efficace de population est supérieure à 500, et celui dont la taille efficace est inférieure à 500.
- La proportion de (sous)-populations (ou de l’aire de répartition géographique) maintenue au sein des espèces, comparée à une référence historique.
- Le nombre d’espèces et de populations dont la diversité génétique est surveillée à l’aide de méthodes basées sur l’ADN.
Les objectifs revus
Objectif pour 2030 : maintenir la diversité génétique existante et mettre un terme à la perte de diversité génétique au sein de toutes les espèces. Elaborer et mettre en œuvre des stratégies pour éviter la perte future de diversité génétique.
Objectif pour 2050 : sécuriser et restaurer le potentiel adaptatif et le maintien à long terme de la diversité génétique au sein des populations des espèces.
En savoir plus : télécharger à droite la note de politique en français. Elle est également téléchargeable en plusieurs langues à partir du lien suivant : https://sites.google.com/fmach.it/g-bike-genetics-eu/reports-publications/biological-conservation)
2. Genetic diversity targets and indicators in the CBD post-2020 Global Biodiversity Framework must be improved. Hoban et al. Biological Conservation, Volume 248, August 2020, 108654 : https://doi.org/10.1016/j.biocon.2020.108654
Dans l’unité « Biodiversité, Gènes et Communautés » (BIOGECO), unité mixte de recherche INRAE-Université de Bordeaux, Myriam Heuertz, directrice de recherches INRAE et co-autrice des articles dans Science et Biological Conservation, travaille sur la diversité génétique des arbres tropicaux. Elle s’intéresse particulièrement à la délimitation génétique des espèces d’arbres étroitement apparentées en Guyane et à leurs adaptations génétiques aux variations de l’environnement. À BIOGECO, un thème de recherche central concerne l’histoire évolutive et la réponse des espèces et communautés aux changements globaux, avec plusieurs organismes étudiés, dont des espèces phares comme les pins, les chênes et d’autres espèces d’arbres, mais aussi leurs organismes associés. La génétique permet ainsi aux chercheurs de l’Université de Bordeaux et d’INRAE de produire des connaissances fondamentales qui peuvent servir d’outils pour prédire les réponses des forêts face au changement global afin d’assurer la provision en services écosystémiques et de mieux protéger leur biodiversité.