Biodiversité 2 min
Connaître la biodiversité et observer son évolution
Mieux connaître l’état de santé de la biodiversité et son évolution, dans les écosystèmes aquatiques et terrestres : comment et avec quels résultats ? Christine Argillier, directrice adjointe scientifique du département AQUA d'INRAE, présente sa vision des choses.
Publié le 23 mai 2019
Quels sont les grand enjeux et objectifs des recherches sur la biodiversité ?
Christine Argillier : La biodiversité est un ensemble extrêmement complexe, dont il reste encore beaucoup à découvrir. L’objectif principal de ces recherches est de mieux la décrire, comprendre ce qui la structure, et sa dynamique dans un environnement changeant de façon à anticiper son devenir et à la protéger si besoin. Ce sujet est intimement lié aux changements globaux, puisque ces derniers affectent fortement les organismes vivants, de manière souvent difficile à prévoir.
Les aspects sociaux de la recherche sur la biodiversité prennent en outre une place grandissante dans le débat : de nombreuses questions émergent notamment sur le rôle de la biodiversité et les services qu’elle apporte à l’Homme, ce que l’on appelle services écosystémiques. Le lien entre biodiversité, fonctionnement des écosystèmes et services écosystémiques n’est pas toujours très clair, de nombreux scientifiques se penchent maintenant sur ce sujet.
C’est en développant des travaux dans plusieurs disciplines et sur divers objets d’étude puis en mettant en commun nos résultats que nous arriverons à obtenir une compréhension globale de la manière dont la biodiversité s’organise et à atteindre notre objectif premier.
Quels sont les apports spécifiques d'INRAE sur cette thématique ?
Christine Argillier : Les équipes d’INRAE qui travaillent sur la biodiversité se caractérisent par une grande interdisciplinarité : écotoxicologues, hydrologues, écologues, sociologues, économistes, et modélisateurs travaillent ensemble. Cela permet d’avoir une vision globale des problèmes et de disposer d’une large palette de compétences pour les aborder.
INRAE travaille également en collaboration étroite avec les acteurs du terrain, à l’échelle de la gestion. Ainsi, les scientifiques peuvent s’approprier les questions des gestionnaires et les gestionnaires bénéficier plus facilement des retours de la recherche. Ce dialogue permanent permet d’ajuster les projets en direct. Certains projets portés par INRAE sont conçus avec et pour les gestionnaires, et ont un impact direct et concret sur la gestion de la biodiversité.
Pouvez-vous citer quelques exemples de travaux emblématiques menés sur l’état de la biodiversité et son suivi ? Et pouvez-vous expliquer en quoi les résultats obtenus/attendus permettent des avancées en matière de gestion ?
Pouvez-vous citer quelques exemples de travaux emblématiques menés sur l’état de la biodiversité et son suivi ? En quoi les résultats obtenus permettent des avancées en matière de gestion ?
Christine Argillier : INRAE aborde des sujets très variés en lien avec la biodiversité au sein des départements Eaux et Territoires et je ne peux donner que quelques exemples. Dans le département Eaux, les travaux liés à la conservation des poissons migrateurs (esturgeons, en particulier…) sont sans doute parmi les plus emblématiques et médiatisés. Néanmoins, l’institut a également un rôle de leader dans le domaine du fonctionnement et de la dynamique des organismes dans les rivières intermittentes, des milieux généralement peu étudiés. Dans le département Territoires, INRAE est reconnu pour la pertinence de ses travaux sur la biodiversité forestière, ses indicateurs, sa dynamique et sur les compromis entre biodiversité, fonction et services ; les travaux relatifs à la compensation écologique sont aussi particulièrement novateurs, uniques et très attendus par nos partenaires institutionnels.
INRAE a une culture de la recherche finalisée. La plupart des travaux sur la biodiversité sont mis en œuvre par rapport à une politique publique et/ou avec des gestionnaires locaux ou régionaux. Nous développons ainsi divers outils opérationnels, comme des guides pratiques, des recommandations ou des modèles, qui leur permettent d’intégrer facilement les résultats de la recherche dans leurs pratiques de gestion.