La conception de petites séquences d’ADN synthétique permet de bloquer la multiplication du virus SARS-CoV-2 : une nouvelle piste de thérapie anti-virale pour la COVID-19 ?
Publié le 09 décembre 2022

Figure : Principe de la thérapie oligonucléotide antisens dans laquelle des petites molécules d’ADN synthétique (oligonucleotide antisens), complémentaires du génome ARN viral, sont utilisées pour bloquer la multiplication du virus SARS-CoV-2.
La thérapie dite antisens est une forme de traitement déjà employé contre des maladies génétiques rares et des cancers. Appliquée aux infections par des virus, son principe consiste à synthétiser une petite séquence d’ADN, rendue très stable par des modifications biochimiques, appelée oligonucléotide antisens. Sa séquence en bases est complémentaire à celle de l'ARN viral (génomique et messager), ce qui lui permet de se fixer sur celui-ci, et de bloquer ainsi l’expression du gène viral et la multiplication du virus par la cellule infectée. Plusieurs oligonucléotides antisens, adaptés à l’ensemble des variants du SARS-CoV-2 (a, b, d, m et l’ensemble des omicrons en cours de diffusion) et capables de se fixer sur différents ARN messagers du SARS-CoV-2, ont ainsi été sélectionnés par les scientifiques. Leur efficacité a été testée expérimentalement sur des cellules humaines et des cellules de singe, infectées en culture cellulaire. La vitesse de multiplication du virus et le nombre de particules virales produites par les cellules infectées ont été mesurées par des méthodes complémentaires. Selon les oligonucléotides antisens utilisés, le taux de réduction de la multiplication du virus allait jusqu’à 71 % pour le plus efficace. La thérapie par oligonucléotides antisens s’avère donc une stratégie possible pour lutter contre la Covid-19.
Ce projet[1] collaboratif et interdisciplinaire a associé des généticiens ayant une expertise sur l’expression des ARN (université Paris-Saclay, INRAE, AgroParisTech, GABI, 78350 Jouy-en-Josas, France), des virologistes spécialistes des virus à ARN et notamment des coronavirus comme le SARS-CoV-2 (université Paris-Saclay, INRAE, UMR VIM, 78350 Jouy-en-Josas, France) et des biologistes moléculaires ayant une forte expertise sur l’utilisation de la thérapie oligonucléotide antisens dans le domaine de l’oncologie humaine.
[1] Financé par le fond ANR Covid-19 Recherche Action.
Référence :
Dhorne-Pollet S., Fitzpatrick C., Da Costa B. et al. (2022). Antisense oligonucleotides targeting ORF1b block replication of severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2). Front. Microbiol., 13, 915202. doi: 10.3389/fmicb.2022.915202.