Alimentation, santé globale 3 min
Comprendre l’apparition de nouveaux variants pour mieux lutter contre la grippe aviaire
La grippe - ou influenza - aviaire cause d’importantes pertes dans les élevages. Elle représente aussi un risque pour la santé humaine. Pour mieux lutter contre cette pathologie il est important de comprendre comment apparaissent de nouveaux variants. Des scientifiques du centre INRAE Occitanie-Toulouse et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) viennent de montrer qu’il existe un risque plus important de voir émerger de nouveaux variants hautement pathogènes chez les poulets que chez les canards. Ces résultats sont parus dans la revue Journal of virology.
Publié le 28 février 2023
Les virus hautement pathogènes de l’influenza aviaire représentent une menace pour les élevages avicoles, dans lesquels ils entrainent d’importantes mortalités. Du fait de leur potentiel zoonotique, ils peuvent également avoir un impact sur la santé humaine.
L’influenza aviaire est une famille de virus avec de nombreux variants plus ou moins pathogènes. Régulièrement, de nouveaux variants sont détectés. Pour lutter contre cette pathologie, il est crucial de mieux comprendre comment ces nouveaux variants émergent. Les virus hautement pathogènes peuvent émerger des virus faiblement pathogènes par l’introduction d’acides aminés basiques au niveau du site de clivage de l’hémagglutinine. Ce nouveau virus hautement pathogène apparaît chez un hôte préalablement infecté par un virus parental, faiblement pathogène.
Un risque plus élevé de nouveaux variants chez le poulet
Les équipes du laboratoire Interactions hôtes-agents pathogènes (IHAP - INRAE-ENVT) ont testé l’hypothèse selon laquelle des interactions entre un variant hautement pathogène et un variant faiblement pathogène pouvaient moduler l’émergence de nouveaux variants hautement pathogènes.
« En utilisant un modèle expérimental de co-infections entre un variant hautement pathogène et un variant faiblement pathogène, nos travaux suggèrent que les virus de l’influenza aviaire hautement pathogènes seraient plus susceptibles d’émerger chez les poulets que chez les canards », souligne Romain Volmer, co-auteur de cette étude.
En effet, chez le poulet, il a été observé que le virus H5N8 faiblement pathogène augmentait la réplication et l’apparition d’état pathologique du virus hautement pathogène.
Le contraire est observé chez les canards. La présence de H5N8 faiblement pathogène réduit la réplication et l’apparition de symptômes liés au H5N8 hautement pathogène. Au contact du virus faiblement pathogène, les canards ont mis en place une réponse immunitaire innée plus puissante que les poulets, ce qui permet une inhibition du virus hautement pathogène.
Ces recherches fournissent des preuves expérimentales que le virus influenza aviaire hautement pathogène pourrait être plus susceptible d’émerger chez les poulets que chez les canards. Ces résultats ont des implications importantes pour la prévention de l’émergence de virus de l’influenza aviaire hautement pathogènes. Ces travaux montrent également que les interactions entre les variants viraux au sein de l’hôte sont des régulateurs importants de l’évolution des virus.
Référence bibliographique :
Pierre Bessière, Thomas Figueroa, Amelia Coggon, Charlotte Foret-Lucas, Alexandre Houffschmitt, Maxime Fusade-Boyer, Gabriel Dupré, Jean-Luc Guérin, Maxence Delverdier, Romain Volmer ; Opposite Outcomes of the Within-Host Competition between High- and Low-Pathogenic H5N8 Avian Influenza Viruses in Chickens Compared to Ducks ; J Virol. 2022 Jan 12;96(1):e0136621. https://doi.org/10.1128/JVI.01366-21