Biodiversité 5 min

Les comportements sociaux du porcelet : chacun son style !

Ce travail montre l'existence de styles sociaux transitoires chez les porcelets avant le sevrage, qui semblent dépendre du sexe et de l'état de santé des animaux.

Publié le 02 juin 2022

illustration Les comportements sociaux du porcelet : chacun son style !
© INRAE

Le porc, une espèce sociale

Le porc est une espèce sociale. Le bien-être des porcs en élevage repose donc en partie sur la possibilité pour ces animaux d’exprimer l’ensemble de leurs comportements sociaux naturels. Pourtant, peu de travaux ont été réalisés sur le développement de ces comportements sociaux et leurs déterminants individuels chez les porcelets. Ainsi, cette étude avait pour but d'explorer les comportements sociaux de porcelets sous la mère, d'identifier des styles sociaux précoces et d’évaluer l’influence des caractéristiques individuelles sur ces styles sociaux. Les comportements sociaux de 68 porcelets mâles et femelles non sevrés issus de 12 portées ont été relevés en continu 8 heures par jour à l'âge de 21 puis de 42 jours ; ils ont ensuite fait l’objet d’une analyse en composantes principales afin d'étudier la variabilité individuelle de ces comportements et d’identifier d’éventuels styles sociaux. Ces styles sociaux ont ensuite été mis en relation avec des caractéristiques individuelles, dont des paramètres sanguins liés à la santé.

Des styles sociaux sous l’influence du sexe et de l’état de santé

Les résultats de l’étude montrent que les comportements socio-positifs sont largement majoritaires au sein des portées, l’exploration sociale (flairage) représentant 78 % de toutes les interactions sociales. Trois styles sociaux ont pu être identifiés : les animaux socialement actifsl’origine des interactions), les animaux socialement inactifs et faiblement sollicités, et les « éviteurs » fortement sollicités, mais ne répondant pas aux sollicitations.

L'appartenance à un de ces 3 styles sociaux dépend du sexe, les animaux « inactifs » étant principalement des femelles et les animaux « actifs » des mâles. Par ailleurs, les porcs socialement « inactifs » étaient caractérisés par une faible activité générale, de fortes concentrations en haptoglobine sérique, un marqueur d’inflammation, et par une croissance moindre que les porcs « actifs », alors que les porcs « éviteurs » avaient des valeurs intermédiaires. Une forte concentration en haptoglobine sérique, associée à une baisse de la motivation sociale et de l'activité générale suggèrent un état de santé altéré chez les animaux socialement inactifs. Enfin, la stabilité de l'appartenance à un style social spécifique en fonction de l'âge était élevée dans les groupes « inactifs » (59 %) et « actifs » (65 %), mais faible dans le groupe des « éviteurs » (7 %). Ainsi, ces résultats suggèrent l’existence, chez de jeunes porcelets, de styles sociaux transitoires, selon l'état de santé des individus.

Cette étude est la première à caractériser des styles sociaux chez le jeune porcelet. Bien que l'allocation des individus à un style social donné ne soit pas très stable dans le temps, les niveaux de « sociabilité » et d’interactions socio-positives (flairages et jeux sociaux) semblent être des traits sociaux stables chez les jeunes porcs en développement, contrairement aux comportements sociaux sexuels ou liés à la dominance (e.g. montes, agressions, évitements). Dans l'ensemble, ces résultats apportent un éclairage nouveau sur les styles sociaux individuels précoces chez les porcs. Dans la continuité de ces travaux, les auteurs cherchent maintenant à tester si ces styles sociaux précoces sont des indicateurs d’aptitude à s’adapter au sevrage, qui constitue un challenge social majeur dans les élevages de porcs.

Sylvie André

Contacts

Caroline Clouard contact scientifiquePhysiologie, Environnement et Génétique pour l'Animal et les Systèmes d'Élevage

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