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À Valloire, le pari de l’altitude
Si la neige fond, alors il faut aller la chercher là où elle est le plus abondante, c’est-à-dire en altitude. C’est en tout cas le pari de la station de Valloire, en Savoie, pour laquelle « en-dessous de 2 000 mètres d’altitude, le ski n’a pas d’avenir, surtout pour les expositions sud ». En effet, la neige se raréfie considérablement en dessous de cette limite. D’autant plus que les périodes de froid sont de plus en plus morcelées et entrecoupées d’épisodes de chaleur hivernale. Face à ce changement brutal, Valloire n’a pas d’autre choix que de se réinventer. La station va fermer une dizaine de pistes situées en dessous de 2 000 m et en ouvrir 4 autres plus haut, pour un coût total de 8 millions d’euros. « On abandonne 20 % de notre domaine à basse altitude pour le translater en altitude », résume Jean-Marie Martin, le patron de la SEM Valloire. De quoi garder en vie le ski alpin pour « 30-40 ans ». Mais passé ce délai, quid de son avenir à long terme ? Jean-Marie Martin ambitionne de diversifier les activités de Valloire afin de proposer des alternatives et devenir une station quatre saisons. « Le tout-ski est fini, mais sans le ski, tout est fini », résume-t-il.
Comprendre la neige au col de Porte
Sans neige, pas de ski. Il apparaît donc indispensable de mieux la comprendre. C’est ce que tente de faire Hugues François, ingénieur de recherche à l’INRAE. À la station de Météo-France au col de Porte (Isère), les scientifiques décortiquent le manteau neigeux. Première constatation : sa hauteur moyenne a diminué de moitié depuis les années 1960, réchauffement climatique oblige. Analyser les couches de neige permettra de mieux anticiper leur évolution dans les années à venir. Moins de neige naturelle signifie plus d'enneigeurs, anciennement appelés « canons à neige ». Selon Hugues François, « pour arriver à maintenir un niveau d’enneigement qui serait équivalent à ce qu’il est aujourd’hui sans la neige de culture, il faudrait augmenter les quantités d’eau consommées pour la production d’environ 40 % ». Avec Météo-France, il a donc développé le logiciel Climsnow, qui permet de prévoir précisément quelles zones auront besoin d’enneigement artificiel, afin d’optimiser l’utilisation des ressources en eau.
À La Clusaz, le bassin de la discorde
De plus en plus utilisée dans les stations, la neige de culture est l'objet de controverses. Au-delà de l'énergie consommée pour la fabriquer, elle nécessite en effet de grandes quantités d’eau, qui impliquent la construction de bassins de rétention, sortes de grands lacs artificiels. À La Clusaz (Haute-Savoie), un projet de nouvelle retenue collinaire suscite la colère du Collectif Fier-Aravis. L’ouvrage se situe dans une forêt et menace la biodiversité locale, parmi laquelle de nombreuses espèces protégées. « C’est tout ce qu’il ne faut plus faire », résume Valérie Paumier, fondatrice de l'association Résilience montagne, qui s’interroge sur la pertinence et la viabilité à long terme de l’enneigement artificiel. Aidée par des militants d’Extinction Rebellion, elle organise des actions de mobilisation sur le site. À la mairie de La Clusaz, on souligne que le bassin sera aussi destiné à l’agriculture, ainsi qu’à l’approvisionnement en eau potable de la station. Une retenue de 149 000 m3, dont les deux tiers sont prévus pour le ski. Le modèle économique de La Clusaz repose en effet en grande partie sur cette activité. Impossible d’y renoncer pour l’instant. Mais Valérie Paumier se défend d’un tel objectif. « On est tous skieurs, on adore le ski », assure-t-elle.
Métabief, le choix de la reconversion
La station de Métabief, dans le Jura, a décidé de briser le tabou. Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du mont d’Or, anticipe la mort définitive du ski alpin à l’horizon 2030-2035 et en parle ouvertement. Pour se réinventer, sa station fait le choix de la reconversion et de la diversification. Adieu au tout-ski alpin et place aux activités de quatre saisons. VTT, randonnée et parapente sont au programme. Bien que différentes, nos vacances en montagne ne sont pas près de disparaître et rentrent même dans une « nouvelle ère », selon Olivier Erard, qui souhaite que « la fin du ski alpin ne soit pas un traumatisme ». « Peut-être que c’est la fin du ski, et alors ? », ose-t-il même.