Agroécologie 2 min
BioDiverSystem : 3 expérimentations longue durée sur des systèmes de cultures économes en intrants chimiques
BioDiverSystem s’appuie sur l’hypothèse qu’il est possible d’optimiser les services rendus par la biodiversité sauvage et cultivée pour contribuer à réduire d’au moins 75 % l’utilisation de produits phytosanitaires sur des systèmes grandes cultures-légumes de plein champ. Trois expérimentations systèmes sont actuellement en cours sur les sites du Rheu (35) et de Ploudaniel (29). Elles mobilisent une quarantaine de personnes des différentes unités du centre Bretagne-Normandie.
Publié le 06 septembre 2021
Depuis 60 ans, les systèmes de cultures se sont simplifiés avec des rotations de plus en plus courtes sur des parcelles de plus en plus grandes. Des surfaces importantes de monoculture favorables au développement de bio-agresseurs qui sont combattus en utilisant des produits phytosanitaires. L’usage intensif des intrants chimiques a non seulement un impact négatif sur la santé humaine et l’environnement mais il peut aboutir à des impasses techniques quand des résistances apparaissent ou que des molécules sont interdites d’utilisation.
Dans ce contexte, BioDiverSystem vise à évaluer de nouveaux systèmes agroécologiques, multi-performants et durables. Le choix s’est porté sur les systèmes de polyculture du Grand Ouest associant grandes cultures et légumes, conduits dans des exploitations sans élevage mais support d’épandage et producteurs de matières premières pour les élevages voisins. Les productions ont été choisies pour leur forte valeur ajoutée, notamment en bio, afin de développer des systèmes économiquement viables.
Combiner un maximum de leviers pour se passer de produits phytosanitaires
Trois systèmes de culture sont ainsi testés. Sur les deux premiers installés par l’UE La Motte au Rheu (35) en 2018, la différenciation se fait sur l’intensité du travail du sol en agriculture conventionnelle. Le troisième est conduit en agriculture biologique par l’UE RGCO de Ploudaniel (29) depuis 2020. Ces trois systèmes seront évalués sur leurs performances techniques, agronomiques, économiques, écologiques et sociales durant une période allant de 5 à 7 ans. Un certain nombre de leviers d’action sont mobilisés comme l’augmentation de la biodiversité, le contrôle génétique, le biocontrôle ou encore des stratégies pour repousser les ravageurs en dehors des cultures.
« L’objectif est de diversifier les cultures pour aller au-delà de la traditionnelle rotation blé-maïs, en alternant cultures de printemps et d’hiver. Nous avons fait le choix de cultures où il est actuellement difficile de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires comme la pomme de terre ou le haricot d’industrie » souligne Nathalie Moutier, l’une des coordinatrices de l'expérimentation.
Les essais en agriculture conventionnel sur Le Rheu (35)
Deux systèmes sont testés sur les trois hectares des essais installés au Rheu. Une surface divisée en 6 parcelles de 0,5 ha sur lesquelles sont étudiés l’impact de la combinaison de différents leviers, sur un système en labour (3 parcelles) et un système en travail alternatif du sol (3 parcelles). Chaque année, seules trois des 6 cultures sont testées à la fois en labour et en non labour, permettant une comparaison entre les deux systèmes. Chaque culture est présente pendant 3 années et ne revient ensuite que 3 ans après. Par exemple, en 2021, blé, pomme de terre et association blé/pois sont cultivées puis, en 2022, pomme de terre, association blé/pois et maïs, et ainsi de suite.
Deux hectares convertis en AB à Ploudaniel (29)
Sur cet essai, cinq parcelles de 0,4 ha sont mobilisées avec chacune 5 cultures différentes (blé, haricot d’industrie, maïs, triticale/féverole, pomme de terre) en rotation chaque année pendant 5 ans. Ce qui permet d’avoir 5 répétitions dans le temps et dans l’espace.
Sur l’ensemble des systèmes, des couverts végétaux sont mis en place pendant les inter-cultures pour capter l’azote et éviter la lixiviation et le lessivage du sol pendant l’hiver.