Agroécologie 5 min

Des amandes françaises et agroécologiques

Vendredi 8 septembre, au cœur du Vaucluse, la Compagnie des amandes effectuera la première récolte d’un de ses vergers d’amandiers. Une première pour une filière portée par l’innovation, en partenariat avec INRAE, au service de la qualité et respectueuse de l’environnement.

Publié le 07 septembre 2023

illustration Des amandes françaises et agroécologiques
© AdobeStock

Dragées ou nougatine, épicées ou nature, en huile ou par poignée… les amandes font le délice des petits et des grands. La France en consomme de plus en plus (42 000 tonnes par an) mais en produit très peu (de l’ordre de 1 000 tonnes par an) en raison des stratégies nationales passées sur cette filière exigeante (grande sensibilité aux gelées printanières, concurrence étrangère…). Les vergers français sont donc bien loin de répondre à la demande.

Créée en 2018, la Compagnie des amandes, en partenariat avec INRAE, le groupe Daco France et des investisseurs privés et en réseau avec des agriculteurs locaux, travaille à relancer une filière française de qualité dans le midi de la France et en Corse. Elle s’appuie pour cela sur un fonctionnement collégial et des recherches en agroécologie. Le 8 septembre, elle effectue la première récolte du verger Amandes de la Renjardière.

La Compagnie des amandes, un fonctionnement innovant

La Compagnie des amandes, c’est à la base un projet d’investissement privé dans les vergers d’amandiers. En pratique, elle propose aux agriculteurs un accompagnement qui va de la mise en place du projet à la récolte et combine un financement complet, une aide technique et la commercialisation de la production.

Aujourd’hui, la Compagnie des amandes exploite, avec ses agriculteurs partenaires, 210 ha d’amandiers. Plantés en 2020 pour les premiers, ils accueillent essentiellement des variétés issues des programmes de sélection INRAE dont Ferragnès, Lauranne et Mandaline, très prisées sur le marché français. Ils sont systématiquement conduits avec des pratiques agroécologiques qui favorisent la biodiversité et les agents pollinisateurs et économisent la ressource en eau.

Un partenariat scientifique fort avec INRAE

A propos des plantations et des variétés

La Compagnie des amandes bénéficie depuis 2019 de l’expertise et du conseil d’Henri Duval, ingénieur INRAE dans l’unité Génétique et amélioration des fruits et légumes – GAFL du centre Provence-Alpes Côte d’Azur. Sa contribution porte sur l’éligibilité des projets. Il analyse les sols, la plantation, les variétés, conseille en matière de plantation et de conduite puis accompagne dans la mise en place et le suivi.

Une collaboration de recherche et développement est par ailleurs en cours pour valoriser du matériel végétal issu des travaux de l’unité GAFL. Ainsi, une parcelle expérimentale au cœur du verger Amandes de la Renjardière accueille 2 variétés INRAE pour lesquelles 2 caractères agronomiques d’intérêt sont étudiés plus particulièrement, la floraison, afin de mieux évaluer le risque de gel selon les plantations et la productivité.

Se protéger des ravageurs

Depuis 2020, INRAE et la Compagnie des amandes explorent des solutions alternatives aux traitements phytosanitaires pour lutter contre les principaux ravageurs et maladies de l’amandier. Parmi ceux-ci, la guêpe de l’amande, Eurytoma amygdali, responsable de pertes de rendements pouvant s’élever jusqu’à 80 %.

Dans le cadre du projet LEVEAB - Lever les verrous à la culture de l’amandier en agriculture biologique (Casdar 2020-2024), des essais sont en cours chez des agriculteurs volontaires pour identifier des molécules efficaces (argiles et autres) contre les différents bioagresseurs dont Eurytoma amygdali. Des travaux sont également menés pour identifier des plantes favorables aux auxiliaires de culture pour diminuer la pression des ravageurs.

LEVEAB, projet lauréat du CASDAR Innovation et partenariat 2020

Depuis janvier 2021, la Compagnie des amandes a recruté une doctorante, Anjélica Leconte, dont le travail de recherche est encadré par INRAE* et le CNRS** dans le cadre d’un contrat Cifre. Son sujet : identifier les composés volatils émis par les amandiers qui attirent la guêpe. Le but de ses travaux : développer et mettre en place un moyen de lutte biologique, basé sur le piégeage massif des insectes.

* Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris, Versailles.
** Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier.

Des perspectives de développement à moyen terme

Avec ses partenaires arboriculteurs locaux, la Compagnie des amandes ambitionne de développer 2 000 ha de vergers d’amandiers sur le pourtour méditerranéen, plantés d’ici à fin 2024. La production d’amandiers passera de 6 à 100 exploitations. Une partie croissante des cultures sera convertie en bio, sous réserve de la validation de la pertinence agronomique et économique des projets. La première plantation de verger AB s’est déroulée en mars 2023.

Avec une production annuelle prévisionnelle de 2 500 tonnes d’amandons (amandes sans coque), la Compagnie des amandes et ses agriculteurs deviendront les acteurs privilégiés d’une clientèle (alimentation, transformation, cosmétique) à la recherche d’une production locale et de qualité, respectueuse de l’environnement.

Leconte A., Barthes N., Buatois B. et al. (2023). Volatile organic compound emissions from almond shoots during spring—dissociation between reproductive and vegetative organs. Comptes Rendus. Chimie, 26, S2, pp. 1-16, doi 10.5802/crchim.241

Catherine Foucaud-ScheunemannRédactrice

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