Bioéconomie 3 min
3 questions à une jeune pousse : Néolithe
Transformer des déchets en cailloux, c’est le défi que se donne la start-up Néolithe. En effet, l’enfouissement et l’incinération de nos déchets non recyclables sont très polluants. La fossilisation, processus proposé par la jeune pousse, permettrait de réduire de 80 % le carbone rejeté dans l’atmosphère. Il est en effet temps de trouver des solutions pour révolutionner le traitement des déchets non recyclables. Rencontre avec Clément Benassy, le directeur opérationnel de Néolithe.
Publié le 30 juin 2020
D’où vient cette idée de transformer des déchets en cailloux ?
Première étape : valoriser les déchets de chantier
Tout commence par une histoire familiale en mars 2018 : William est maçon-tailleur de pierre, notamment de tuffeau, que l’on trouve en abondance dans la région d’Angers. Spécialiste de la formulation du béton et soucieux des questions environnementales, et plus particulièrement du devenir des déchets, il a l’idée de les transformer en cailloux. Il réussit à convaincre ses fils de l’accompagner dans cette aventure. Ils ont participé à un start-up week-end organisé par AgroParisTech à Polytechnique. C’est là que je les ai rencontrés, leur projet m’a passionné, et on peut dire que j’ai été adopté par la famille ! (rires) Nous avons créé officiellement la start-up en janvier 2019. Nous ciblons uniquement les déchets non recyclables. Pour le moment, nous souhaitons nous occuper des déchets de chantiers qui sont dits « en mélange » : le placo-plâtre, le plastique, le PVC… Le process de valorisation de la boue, qui sort des stations d’épuration est également une cible. Transformer ces déchets en granulats sera très utile puisque ce sont 360 millions de tonnes de granulats qui sont utilisées tous les ans pour la construction en France, en faisant la première ressource ! Par exemple, le granulat est utilisé pour la fabrication des sous-couches routières ou dans le béton… Un kilomètre de route représente 3 000 tonnes de granulats environ. L’extraction de granulats doit se renouveler car non seulement cette solution est peu écologique, mais en plus cette ressource vient à manquer dans certaines régions… Nous proposons d’utiliser nos déchets pour en faire la matière première !
Quel est votre lien avec INRAE ?
Nous avons appartenu au programme 3BCAR au tout début de l’aventure, et nous avons également eu des rendez-vous avec des chercheurs d’INRAE. Ces derniers ont répondu à toutes nos questions sur les processus de broyage et de séchage par exemple. Les 3 rendez-vous nous ont permis d’orienter la recherche et le développement. Par ailleurs, l’Ademe, AgroParisTech ainsi que les laboratoires de Polytechnique, Centrale de Nantes et de Saint-Nazaire sont nos partenaires, et nous travaillons avec le pôle IAR, pôle de la bioéconomie français.
Comment vous projetez-vous ?
4 containers pour transformer les déchets sur place en seulement 24 h
Nous sommes aujourd’hui dans une phase expérimentale. Nous démontrons la faisabilité de notre projet, pour aller vers une industrialisation à partir d’octobre-novembre 2020. Notre objectif est d’avoir une installation mobile pour agir au niveau local, ce qui permet de ne pas avoir de tonnage minimal. Quatre containers seront sur les lieux de recueil, et transformeront, sur place, les déchets en granulat en seulement 24 h. Aujourd’hui, 30 millions de tonnes de déchets sont enfouis ou incinérés chaque année en France, représentant 6 % des émissions de gaz à effet de serre. Nos fossilisateurs permettraient de stopper cela, pour le même coût que les méthodes actuelles ! À Angers, nous sommes en contact avec des horticulteurs qui, par exemple, stockent de grandes quantités de pots en plastique dont ils souhaiteraient se débarasser… Nous traitons les coproduits de la bioéconomie. Notre premier démonstrateur est prévu pour 2021, et notre objectif final est de transformer en granulats nos déchets ménagers.