3 min

Sésame n°7

Le 7e numéro de la revue Sésame, produit par la Mission Agrobiosciences INRAE, au printemps 2020 aborde de nombreux sujets parmi lesquels des regards sur la crise liée à la pandémie COVID-19. Elle paraît ainsi avec les premières lignes de son édito… « Chères lectrices, chers lecteurs, quand nous avons pensé ce numéro de Sesame, en décembre 2019, nous n’imaginions pas qu’un tel fléau nous tomberait sur la tête (pour paraphraser Camus). Pourtant, le Covid-19 est venu bousculer nos vies, nos certitudes (…) »

Publié le 12 mai 2020

illustration Sésame n°7
© INRAE

Télécharger le n°7 de la revue Sésame

Au sommaire :

  • Covid-19 Santé humaine et animale : destins liés
    PPA : Le porc de l’angoisse
  • Crise du Covid-19 : « 30 ans de dysfonctionnement vorace »
  • Manger au plus que parfait ?
    Conscience collective : « Auparavant chacun faisait son colibri »
  • Biodiversité : les outardes, le grand hamster et les compensations « à la française »
    Eviter-réduire-compenser
  • Collapsologie : qui aura le dernier mot ?
    « Un signe de vitalité de l’imaginaire »
  • Burkina Faso : à l’école du local
  • L’âme du ficus
  • Transition alimentaire : un accompagnement timide de l’État
  • 5G : solution ou distorsion agricole ?
  • La recherche agronomique française au défi de l’international (1946-1978)
  • Concilier production à l’herbe et biodiversité : l’exemple de la rotation écologique
  • Glyphosate : Il nous a empêchés de penser
  • Dans les Ardennes, le renard goupille biodiversité et agriculture
  • Autonomie : Rita, l’équation tropicale
  • Acceptabilité sociale : N’est-ce pas trop tard ?
    «  Pour emmener le corps social, il faut passer de la symphonie au jazz »
  • Créer des habitats favorables : une sablière pour les abeilles
  • Les végétariens en France : esquisse d’un profil
  • Protéger l’Allier, un projet d’envergure
  • Instantanés

Revue Sesame n° 7, mai 2020 - Agrobiosciences Faire controverses https://revue-sesame-inrae.fr/

EXTRAITS

  1. « 30 ans de dysfonctionnement vorace » par Sylve Berthier

Que dit le moment que nous vivons de notre société occidentale ? C’est en substance la question que Sesame a posée à Cynthia Fleury- Perkins, philosophe et psychanalyste, professeur titulaire de la chaire Humanités et santé au Conservatoire national des arts et métiers et titulaire de la chaire de philosophie à l’hôpital du GHU Paris psychiatrie et neurosciences.

(…) L’état d’urgence sanitaire nous oblige à produire un comportement collectif, à subordonner nos libertés individuelles à un devoir de responsabilité collective. Personne ne peut nier l’élan solidaire, la mobilisation citoyenne et celle des soignants pour lutter contre le Covid-19 et maintenir en vie tous ceux qui développent des formes sévères. Pour l’instant, la seule chose qui résiste sans faillir, ce sont les soignants, alors même qu’ils sortent d’une crise des services hospitaliers sans précédent.

(…) Mais la confiance envers les politiques était tellement érodée qu’il était nécessaire en effet de la restaurer en allant chercher le dernier grand bastion institutionnel auquel les Français font confiance, à savoir la recherche, la science. D’où l’importance pour ces scientifiques de veiller à ne pas se laisser instrumentaliser par le politique ou à se laisser corrompre par une rhétorique qui n’est pas la leur. Il est également important, dans ce temps dit de post vérité, de montrer que les faits, les données scientifiques évaluées ont une valeur supérieure et un impact bénéfique pour orienter nos politiques publiques.

 

2. Guerres et révolutions

Les conflits sont des facteurs considérables d’amplification des maladies infectieuses pour l’homme et, surtout, pour l’animal. « Dans le Nord de l’Afrique, la santé animale est catastrophique, des milliers de foyers de fièvre aphteuse (la pire maladie animale infectieuse au niveau mondial) s’y développent suite aux conflits et révolutions. Les ruminants, ayant une très forte biomasse (deux fois plus que celle de l’homme, quatre fois plus que celle des porcs), sont des amplificateurs de maladies aussi qui, heureusement, aujourd’hui, ne sont pas zoonotiques… », explique P. Boireau. Par ailleurs, complète J.-P. Dop, « il existe une relation entre l’émergence de foyers de fièvre aphteuse en Tunisie et les mouvements de populations avec la Libye, puisque les gens parfois voyagent avec leurs moutons ou leurs vaches. Les chercheurs du Cirad ont établi que, suivant que le prix est plus ou moins élevé de part et d’autre de la frontière, les mouvements d’animaux ont lieu dans un sens ou dans l’autre. Et le virus suit ce flux. »

Pascal Boireau est directeur du laboratoire santé animale de Maisons Alfort-Anses et coordonnateur scientifique du projet Dim1Health Île-de-France (Domaine d’intérêt majeur http://www.dim1health.com/).
INRAE est partenaire du laboratoire à travers les deux UMR (Virologie et Bipar) et du Dim1Health.

 

3. Glyphosate par Yann Kerveno

La décision d’interdire l’emploi du glyphosate à compter du 1er janvier 2021 en France vient percuter une grande partie de l’agriculture et de ses pratiques. Si cette interdiction n’est pas la catastrophe annoncée, elle n’en reste pas moins un immense défi. Une interview avec Bruno Chauvel, UMR agroécologie, équipe ComPaRe – Communautés, Paysages, Réseaux trophiques –, INRAE Dijon.

Comment expliquer la tension actuelle autour du glyphosate ?

Il faut bien se replacer dans le contexte. Ce qui vaut pour le glyphosate vaut pour tous les herbicides. L’arrêt d’une molécule pose des problèmes à des échelles variables. Ces produits ont été présentés, dans les années 1940, comme une alternative au désherbage par le travail du sol et se sont imposés comme un système majeur de gestion de la flore. Mais que se passe-t-il aujourd’hui ? On supprime cette alternative pour la gestion particulière des mauvaises herbes entre deux cultures principales, ce qu’on nomme techniquement la flore adventice en interculture. La solution est donc toute trouvée : le retour au travail du sol, ce qu’on a fait pendant des centaines d’années avant l’invention des herbicides. (…) Finalement, ce qui arrive au glyphosate est « mérité ». On n’aurait jamais dû en autoriser sept à huit litres à l’hectare. La question n’est donc pas tant de savoir quelles alternatives sont disponibles, mais plutôt comment il est possible de gérer l’interculture de manière à ce que la culture suivante puisse s’imposer. Car ce qui est particulier c’est que cet herbicide n’est pas utilisé pour protéger les rendements d’une culture contre les mauvaises herbes, mais qu’il agit dans l’entre-deux (pour gérer les éventuels problèmes adventices de la culture précédente, tout en offrant les meilleures conditions pour la culture suivante). (…)

En savoir plus

Alimentation, santé globale

Les courses sous appli

Connaître la composition d'un produit, découvrir son profil nutritionnel… il suffit désormais d’en scanner le code barre pour déchiffrer son étiquette. Aujourd’hui, les applications qui visent à aider les consommateurs à mieux choisir leurs produits alimentaires au moment des courses connaissent un véritable essor. Retour en arrière sur une actualité dont tout le monde parle.

26 décembre 2019

Alimentation, santé globale

Prédire la qualité organoleptique du chocolat à partir de la fève de cacao

Imaginez le meilleur du chocolat…. Scientifiques INRAE et industriels du domaine du cacao ont fait de cette perspective un projet scientifique majeur à la faveur duquel ils montrent que les polyphénols de la fève de cacao permettent de séparer les chocolats qui en sont issus, en différentes classes sensorielles. Une collaboration et des résultats essentiels alors qu’aujourd’hui les processus de dégustation sont encore longs et onéreux.

26 décembre 2019

[Infographie] Pour une alimentation saine et durable depuis l’enfance

Accompagner et aider les parents, développer tôt les préférences des enfants pour les aliments sains et durables et les proposer souvent, découvrir le plaisir de manger, diversifier les sources protéiques, veiller au gaspillage alimentaire et former aux gestes durables… 15 années charnières pour de futurs consommateurs-citoyens responsables.

19 décembre 2019