16 octobre 2020 14 h - 16 h Terminé

Jouy-en-Josas

Chez les Streptomyces, les antibiotiques sont proposés pour contribuer à la régulation du métabolisme de leurs producteurs.

Le site de Vilvert du centre de recherche INRAE Ile-de-France - Jouy-en-Josas - Antony recevra prochainement Marie-Joelle Virolle. Elle donnera une conférence intitulée "Chez Streptomyces, des antibiotiques sont proposés pour contribuer à la régulation du métabolisme énergétique de leurs producteurs."

illustration Chez les Streptomyces, les antibiotiques sont proposés pour contribuer à la régulation du métabolisme de leurs producteurs.
© INRAE - Bertrand NICOLAS

Ce séminaire aura lieu à la fois en amphi et en visio. Attention, l'amphi ne peut accueillir que 30 personnes. Il est donc conseillé aux personnes extérieures au centre de suivre la présentation en visio.

Lien pour la visioconférence : https://eu.bbcollab.com/guest/42a71f4d93cd4a539c3ba135c4a65953

Les antibiotiques sont souvent considérés comme des armes conférant un avantage concurrentiel à leurs producteurs dans leur niche écologique. Cependant, comme ces molécules sont synthétisées dans des conditions environnementales spécifiques, notamment la limitation des phosphates, dont on sait qu'elle est corrélée à un stress énergétique et à un état métabolique spécifique, elles sont susceptibles de jouer un rôle important dans la physiologie de leurs producteurs dans ce contexte.

Nos récentes données expérimentales, ainsi qu'une analyse minutieuse de la littérature scientifique, nous ont amenés à proposer que, dans des conditions de limitation modérée à sévère du phosphate - conditions connues pour générer un stress énergétique - les antibiotiques jouent un rôle crucial dans la régulation du métabolisme des bactéries productrices. Une nouvelle classification des antibiotiques en trois types différents, basée sur la nature de leurs cibles et sur leur rôle sur la physiologie cellulaire en condition de stress énergétique, a été proposée.

- Les antibiotiques de type I endommagent les membranes cellulaires, provoquant le déversement d'énergie et la lyse cellulaire d'une fraction de la population pour fournir des nutriments, et surtout du phosphate, à la population survivante.

- Les antibiotiques de type II inhiberaient la respiration par différentes stratégies, afin de réduire la production d'ATP dans des conditions de faible disponibilité de phosphate.

- Enfin, les antibiotiques de type III qui inhibent l'ATP en consommant des processus anaboliques contribueraient à économiser l'ATP dans des conditions de famine de phosphate.
Le rôle endogène proposé joué par ces molécules toxiques dans la régulation du métabolisme énergétique des bactéries productrices, et leur rôle exogène de guerre traditionnellement mentionné, ne sont pas mutuellement exclusifs, ni contradictoires ; ils constituent simplement les deux faces d'une même pièce.

En effet, les streptomyces excrètent souvent ces molécules toxiques dans l'environnement et les micro-organismes environnementaux sont susceptibles d'être plus sensibles à ces molécules nocives que les souches productrices puisque celles-ci ne possèdent pas les multiples mécanismes de résistance (excrétion de l'antibiotique, modification de l'antibiotique ou de sa cible etc...) que ces dernières possèdent.

Marie-Joelle Virolle, Institut de Génétique et Microbiologie (IGMORS) Université Paris-Sud 11

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Invitée par Pascale Serror