Réduire les émissions de gaz à effet de serre

L’agriculture est le 2e poste d’émissions de GES en France, après les transports et presque à égalité avec l’industrie et la construction. Et l’élevage représente 59 % des émissions de l’agriculture*. L’adaptation des pratiques d’élevage, la sélection génétique et l’alimentation des animaux peuvent permettre de réduire les émissions de GES sans nécessairement réduire le cheptel. Dans tous les cas, les éleveurs ont besoin d’être accompagnés dans cette transition qui ne doit pas représenter un surcoût trop important.

01. Réduire les émissions de méthane des ruminants

Après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) est le 2e contributeur à l’effet de serre. Il est 80 fois plus réchauffant que le CO2, mais sa durée de vie dans l’atmosphère est beaucoup plus courte. Le secteur agricole est le principal contributeur aux  missions de CH4 : 71 % des émissions au niveau national. L’élevage est le principal poste d’émission de ce gaz, en particulier les ruminants du fait de leurs processus biologiques de digestion. C’est en particulier en comprenant mieux ces processus qu’il est possible de diminuer les émissions de méthane par l’adaptation de l’alimentation et par la sélection génétique.

02. Réduire les émissions de protoxyde d’azote et d’ammoniac

Moins connu que le CO2 ou le CH4, le protoxyde d’azote (N2O) est le 3e gaz contributeur à l’effet de serre. Mais c’est le plus puissant, près de 300 fois plus réchauffant que le CO2. L’agriculture en est le principal émetteur, environ 86 % des émissions nationales de N2O provenant notamment de la fertilisation des sols par les engrais azotés qu’ils soient minéraux ou issus des effluents d’élevages. Ces mêmes procédés sont les principales sources d’émissions d’ammoniac (NH3), un gaz précurseur de particules fines. Mieux connaître l’origine des pertes azote, adapter les pratiques d’épandage, changer l’alimentation des animaux d’élevage sont autant de leviers pour réduire les émissions de N2O et NH3.

03. L'alimentation des animaux : un levier important pour réduire l'impact environnemental

C’est un chiffre peu connu, mais l’alimentation des animaux d’élevage est le principal poste de l’impact environnemental des élevages, à l’exception des ruminants dont la principale source d’alimentation est l’herbe. La fabrication des aliments représente de 65 à 95 % de l’impact environnemental d’un animal d’élevage. Deux pistes majeures sont étudiées pour réduire cet impact : la production d’aliments écoresponsables et l’amélioration de l’efficacité alimentaire des animaux.

 

Adapter les systèmes d'élevage au changement climatique

01. Co-construire des systèmes d’élevage durables

L’élevage est un élément clé de la transition agroécologique par les services qu’il apporte à l’agriculture et pour son rôle dans l’entretien de la diversité et l’attractivité des paysages. La transition vers des systèmes d’élevage durables nécessite de faire évoluer les pratique, un pari risqué pour les éleveurs qui peuvent perdre leurs revenus voire leurs exploitations. C’est pourquoi c’est à la recherche de prendre ces risques. Afin de développer et d’évaluer de nouvelles pratiques durables, INRAE possède plusieurs unités expérimentales réparties sur le territoire français, où sont testés différents systèmes d’élevage, la plupart du temps construits avec les éleveurs et acteurs du territoire pour développer avec eux les systèmes d’élevage de demain adaptés au changement climatique, respectueux de l’environnement et répondant aux besoins alimentaires.

02. S’adapter à un climat qui change

Le changement climatique affecte directement les élevages. Avec la hausse des températures, comme les humains, les animaux souffrent de la chaleur, ont besoin de plus d’eau et sont moins productifs. S’ajoute à cela l’augmentation des sécheresses qui affectent directement les prairies et ressources fourragères. Les saisons de pâturage changent, particulièrement en montagne. INRAE travaille sur tous les fronts pour accompagner les éleveurs dans l’adaptation au changement climatique.

03. Repenser les systèmes agricoles et alimentaires pour de nouveaux services (biodiversité, santé, énergie)

Dans les années 1950, l’intensification et la spécialisation des productions agricoles pour répondre à la demande alimentaire s’est faite sans tenir compte de l’impact sur l’environnement. Beaucoup de systèmes d’élevage ont été déconnectés des systèmes de cultures, réduisant les services indispensables qu’ils pouvaient apporter pour fertiliser les plantes ou entretenir les paysages. Repenser les systèmes d’élevage pour les reconnecter aux systèmes de cultures et valoriser les services qu’ils apportent est indispensable à la transition agroécologique. Cette transition doit impliquer tous les maillons des systèmes agroalimentaires, par exemple par le développement de filières durables rémunérant les éleveurs pour les services environnementaux qu’ils apportent.

04. Les éleveurs face à l’évolution de leur métier

Si beaucoup d’études s’attèlent à analyser les impacts du changement climatique sur les systèmes d’élevage et à trouver des solutions d’adaptation, il existe encore peu d’études de l’impact sur les éleveurs eux-mêmes. Ils sont pourtant en première ligne face aux effets du changement climatique qui affecte directement leurs activités. Comment voient-ils les évolutions inévitables de leur métier ? Quelles conséquences pour leur santé et leur moral ? Comment les accompagner au mieux ? Les chercheuses et chercheurs en sciences humaines d’INRAE s’attachent à répondre à ces questions par des études de terrain pour que les acteurs des territoires (chambres d’agricultures, MSA, élus) puissent proposer des politiques d’accompagnement adaptées.

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