Agroécologie 3 min

Zéro glyphosate dans les unités INRAE : objectif atteint en 2021

En 2017, INRAE était missionné par les ministères en charge de l’Agriculture et de la Santé pour évaluer les alternatives à l’usage du glyphosate, et en étudier le coût. La perspective était alors de mettre un terme à l’emploi de cet herbicide au 31 décembre 2021 et d’accompagner l’agriculture dans cette transition. Avec une impulsion institutionnelle forte, INRAE se fixait en 2018 le cap d’atteindre concrètement l’objectif dans l’ensemble de son dispositif expérimental pour fin 2020. En 2021, l’arrêt du glyphosate est définitif à INRAE : zéro usage sur le terrain et zéro stock. Retour d’expérience…

Publié le 21 septembre 2021

illustration Zéro glyphosate dans les unités INRAE : objectif atteint en 2021
© INRAE

En finir avec le désherbage au glyphosate dans les unités et installations  expérimentales INRAE est un engagement pris par le PDG auprès des ministres commanditaires de l’étude réalisée sur les usages et les alternatives à l’utilisation du glyphosate en France. L’objectif était de démontrer la possibilité réelle de se passer de cet herbicide, en devançant d’un an la date officielle arrêtée à l’époque (31/12/2021).

Zéro glyphosate : objectif atteint en 3 campagnes

En 2021, INRAE affichera pour la première fois 0 usage et 0 stock de glyphosate. En 2018, au lancement du processus, 40 unités INRAE utilisaient au total 1 052 kg/an de glyphosate (un usage inférieur d’environ 40 % à la moyenne française), principalement pour les cultures agricoles, et, dans une moindre mesure pour les essais et l’entretien des bordures. Onze n’avaient pas besoin de cet herbicide et 13 avaient déjà cessé de l’employer, en particulier tous les domaines en bio.

Entre 2018 et 2020, la quantité totale de glyphosate utilisée à INRAE a chuté de 90 %, notamment grâce à la réduction drastique de l’usage majoritaire (cultures agricoles). Dès 2019, la ferme INRAE était en avance dans sa réduction des usages sur la ferme France (64 % de moins).

sortir de la zone de confort pour trouver des solutions en deux saisons de culture

A la clé de ce succès, un suivi rigoureux des utilisations, un accompagnement de la transition avec un suivi des difficultés et une forte implication des unités, sous l’impulsion de la commission nationale des unités expérimentales INRAE (CNUE) et de la direction scientifique Agriculture de l’institut, soutenus par un engagement institutionnel fort.

Vincent Faloya, chargé du suivi du plan 0 glyphosate pour la CNUE témoigne : « La vraie performance a été de sortir de la zone de confort pour trouver des solutions en deux saisons de culture. »

Implication, suivi, accompagnement

Outre le suivi des usages et des stocks de glyphosate, une enquête, reconduite annuellement entre 2018 et 2020,  a permis de recenser et partager les solutions alternatives au glyphosate que les unités qui n’en utilisaient plus avaient choisies ou testées. Tous les mois, un lundi « glyphosate » était organisé nationalement pour échanger sur les solutions et retours d’expérience. Animé par la CNUE et le réseau des unités et installations expérimentales des départements BAP, SPE et AgroEcoSysteme, dont les recherches s’intéressent à cette problématique, ces journées ont permis un partage régulier d’expérience et de discussion. Le dispositif a aussi intégré un soutien à l’investissement de la CNUE pour contribuer à l’acquisition d’équipements spécifiques : par exemple, des agroéquipements munis de palpeurs pour désherber mécaniquement en évitant d’endommager les plants cultivés en vigne ou en arboriculture.

Quelques illustrations des solutions mobilisées :

1/ pour la destruction de couverts végétaux en fin de culture ou en interculture : combinaison d’innovations mécaniques existantes en conjuguant plusieurs passages ;

2/ pour le nettoyage des abords : utilisation du désherbage thermique avec les mêmes outils que ceux conçus pour les espaces verts ;


3/ pour la délimitation des parcelles dans les protocoles de recherche : matériel mécanique du marché amélioré et combiné au GPS, avec quelques essais de construction de matériel spécifique

4/ pour le semis de la culture suivante avant d’avoir récolté la précédente ou juste après, et pour les semis de cultures associées : utilisation de semoirs adaptés. Ces modes de conduite minimisent l’apparition de plantes indésirables.

dans la majorité des cas, les solutions alternatives ont été rapidement trouvées

Patrick Pastuszka, responsable de la CNUE, souligne que dans la majorité des cas – grandes cultures, élevage – les solutions alternatives ont été rapidement trouvées. Les difficultés se concentrent sur certaines situations : cultures pérennes, sols caillouteux, plants jeunes ou malformés. En particulier pour les plantes pérennes (vignes, arboriculture), on ne peut pas travailler les sols sur toute leur surface, ni s’approcher trop près des plantes… et les difficultés augmentent sur les terrains pentus. Les solutions sont également plus difficiles à trouver pour l’agriculture de conservation du sol qui exclut le travail du sol.

Finalement le bilan est assez simplement posé : les alternatives coûtent du temps (quelques dizaines d’heures quand l’application du glyphosate demande 20 minutes), des investissements (machines, innovations techniques) et le résultat n’est pas aussi total qu’avec le glyphosate (il reste des plantes indésirables dont les stocks peuvent augmenter à long terme). Les partages d’expérience et les efforts pour améliorer les techniques alternatives aux produits phytopharmaceutiques se poursuivent.

Pour autant, avoir atteint cette étape du « zéro glyphosate » constitue un pas important dans la réduction globale de nos usages de pesticides de synthèse dans laquelle est engagé INRAE.

Nicole LadetRédactrice

Contacts

Patrick Pastuszka et Vincent FaloyaCNUE

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