Agroécologie Temps de lecture 2 min
Vivre parmi les animaux, mieux les comprendre
Ce livre aborde les dimensions historiques, conceptuelles et méthodologiques de l’éthologie, notamment de l’éthologie cognitive. Les capacités perceptives et cognitives des animaux et leurs comportements relationnels y sont décrits.
Publié le 29 octobre 2020

Les auteurs de cet ouvrage proposent une analyse sur des questions clés posées par l’étude du comportement des animaux. Pour eux, l’éthologie n’est pas une affaire d’anecdotes mais le fruit de méthodologies spécifiques permettant de répondre à des interrogations précises. Ils nous incitent aussi à une grande humilité en acceptant de ne pas toujours comprendre les réponses des animaux à nos questions, justement parce que celles-ci sont les nôtres et non les leurs. L’essentiel avec les animaux est notre relation avec eux. Nous devons les considérer avec respect comme nos « colocataires » des mêmes environnements.
L’utilisation des notions relatives au bien-être animal, dans des contextes scientifiques, commerciaux, réglementaires et juridiques met en avant leur importance sociale. Tout à la fois soucieux de discernement et de rigueur, les auteurs nous livrent ici un guide d’éthologie pour mieux comprendre les développements scientifiques sur différents aspects des relations des animaux et sur des notions telles que la conscience et la sensibilité animale. Ils proposent des pistes d’actions pour le futur en faveur des animaux.
Les auteurs
Pierre Le Neindre a étudié les comportements maternels et sociaux des bovins et des ovins. Il a travaillé dans des laboratoires INRAE et en Australie. Il a aussi participé à des instances d’évaluation des risques européennes et françaises.
Bertrand L. Deputte a travaillé au CNRS, sur le comportement des primates non-humains. Il a ensuite été nommé professeur aux Ecoles vétérinaires pour y enseigner l'éthologie et poursuivre ses recherches chez les espèces domestiques (bovins et chiens).
Editions Quae – coll. Essais, 196 pages, 29 octobre 2020 – 18 euros

EXTRAITS
Le bien-être de l’animal suppose une analyse mentale qui lui permet de répondre à une série de questions. La première de ces questions est de savoir si la situation mérite d’y porter attention. La seconde est de savoir si, du fait de l’expérience de l’animal ou de son espèce, elle va susciter une valence positive ou négative. Le terme de valence traduit la façon dont l’animal ressent la situation. Il va confronter la situation à son expérience. Enfin, l’animal déduit de la situation et de son expérience la réaction qu’il souhaite mener.
Les animaux traduisent leur niveau de bien-être non pas par le langage mais à travers leurs activités, leur santé, leur morbidité et leur reproduction, comme d’ailleurs le font les nourrissons humains. C’est à l’aide des acquis, en particulier en éthologie, que cette analyse peut être conduite car un animal ne peut pas répondre directement sur le niveau de son bien-être. La façon de questionner les animaux est de leur demander, en observant leurs comportements et leur physiologie, si certaines contraintes ne lèsent pas leurs intérêts et ne portent pas atteinte à leur vécu.
On peut d’ailleurs rapprocher ce questionnement de la définition de la santé. Canguilhem (1943) a défini la santé humaine comme « la vie dans le silence des organes ». La même définition pourrait être appliquée aux animaux. Ce n’est que lorsqu’on ne constate aucune atteinte dans les organes explorés qu’il est possible de conclure que le bien- être des animaux n’est pas menacé, sans pour autant qu’il soit assuré.