Agroécologie 2 min

Virologie : le Tomato spotted wilt virus bouscule les dogmes

Une étude récente du virus de la maladie bronzée de la tomate ou Tomato spotted wilt virus (TSWV), publiée dans la revue PNAS par une équipe de recherche internationale remet en question certaines certitudes en matière de virologie. Les résultats de cette étude montrent que chaque virion de ce virus apparait comme différent et porte une combinaison variable de segments d'ARN. Oubliez l'image du virus comme un clone rigide ; ici, chaque particule est une édition spéciale.

Publié le 29 janvier 2024

illustration Virologie :  le Tomato spotted wilt virus bouscule les dogmes
© Diane Ullman

Des chercheurs d’INRAE, de l’université du Wisconsin et de l’université de Californie Davis dévoilent dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), que contrairement à ce que l'on pouvait penser, chaque particule virale du bunyavirus TSWV n'est pas une réplique exacte de ses congénères. Imaginer le génome viral comme un ensemble fixe et stable est une simplification qui ne rend pas justice à la complexité et à la diversité réelles observées dans les populations.

Les chercheurs révèlent ainsi dans cette étude que le TSWV ne suit pas la règle du « une copie de chaque segment d'ARN génomique par particule virale ». À travers des méthodes d'analyse avancées, comme la cryo-microscopie électronique, la PCR quantitative et le séquençage Nanopore direct des ARN viraux, ils constatent que les virions (formes extracellulaires d'un virus) présentent une grande diversité dans leur contenu en matériel génétique qui, étonnamment, s'assemble en une « formule » constante à l'échelle de la population. 

La présence de ces multiples combinaisons génétiques suggère des capacités d'adaptation et de survie accrues pour le virus, lui permettant de naviguer et de prospérer face aux défis environnementaux et aux défenses de l'hôte. Cela remet en question la définition même du génome viral et ouvre un champ d'investigation sur le rôle de cette hétérogénéité dans le cycle de vie des virus.

Cette découverte fascinante conforte pour les scientifiques une compréhension du monde viral où le système génétique fonctionnel est moins une série de copies uniformes qu'une collection d'originalités qui, ensemble, forment un tout harmonieux et résilient.

RÉFÉRENCE
Yvon M., German T. L., Ullman D. E. et al. (2023). The genome of a bunyavirus cannot be defined at the level of the viral particle but only at the scale of the viral population. PNAS, 120 (48):e2309412120, DOI: 10.1073/pnas.2309412120

Arnaud RidelRédacteurDépartement Santé des Plantes et Environnement

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Stéphane Blanc ChercheurPlant Health Institute of Montpellier (PHIM)

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