Toxines alimentaires : mise en évidence des effets cocktails

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - La sécurité sanitaire des aliments est un enjeu mondial. Animaux et humains sont exposés à des centaines de molécules, naturelles ou de synthèse, potentiellement toxiques. Devant l’existence d’une quasi infinité de combinaisons de ces molécules, la prédiction des effets cocktails reste un défi scientifique. Des travaux d’INRAE, en collaboration avec l’Inserm, l’université Toulouse III-Paul Sabatier et l’École nationale vétérinaire de Toulouse montrent que la famille de mycotoxines fréquemment retrouvées dans les aliments interagit avec un grand nombre d’autres toxines. Ces résultats sont parus dans Environnemental Pollution.

Publié le 29 novembre 2022

© Pixabay

Parmi les contaminants alimentaires, on retrouve le déoxynivalénol (DON), une toxine produite par certaines moisissures. On le retrouve principalement dans les céréales. Il est classé dans la famille des trichothécènes (TCT). Environ 80 % des individus sont exposés au DON, certains à des doses proches voire supérieures à la dose journalière tolérable. Se pose la question de potentiels effets cocktails avec d’autres contaminants alimentaires, en particulier les génotoxines (qui modifient notre ADN), auxquelles nous sommes exposés quotidiennement.

 

Est-ce que toute la famille des TCT peut provoquer des effets cocktails ? En interagissant avec quelles autres génotoxines alimentaires ? Est-il possible de dresser une liste des interactions potentielles ?

 

Des scientifiques d’INRAE, de l’Inserm, de l’université Toulouse III-Paul Sabatier et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse se sont intéressés à ces différentes combinaisons. Leur étude se base sur une approche interdisciplinaire associant notamment de la biologie cellulaire, de la modélisation moléculaire et de l’épidémiologie.

 

La première phase de l’étude montre que le DON augmente in vitro l’action de diverses génotoxines. Les chercheurs ont ensuite montré que toute la famille des TCT a également cette capacité. S’additionne alors une longue liste de synergies entre la famille des TCT et les différentes génotoxines, comme par exemple la colibactine, une toxine produite par notre microbiote ou le captane, un pesticide avec une action fongicide.

Ces génotoxines alimentaires endommagent notre ADN, ce qui favoriserait l’inflammation et le développement potentiel de cancers. Ces résultats attirent l’attention sur les risques liés à une coexposition à ces TCT et aux génotoxines alimentaires au sens large. Ce travail pourra conduire à des progrès dans la prévention et/ou le diagnostic de l'exposition à ces composés, seuls ou en mélange.

Ces travaux s’inscrivent dans les projets ANR Genofood (2019-2024) et GenoMyc (2023-2027) qui visent à identifier les autres contaminants alimentaires génotoxiques représentant un risque pour la santé animale et humaine qui entrent en synergie avec la famille des TCT.

Référence
Garofalo M., Payros D., Penary M. et al. (2023). A novel toxic effect of foodborne trichothecenes: the exacerbation of genotoxicity. Environ. Pollut., 317, 120625. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749122018395

 

En savoir plus

Alimentation, santé globale

Un probiotique désarmé pour mieux guérir

COMMUNIQUE DE PRESSE- Utilisée depuis plus d’un siècle pour traiter les troubles gastro-intestinaux, la bactérie Escherichia coli (E. coli) « Nissle 1917 » est un incontournable en matière de probiotique. Néanmoins, cette bactérie produit une toxine, la colibactine, qui casse l’ADN des cellules et pourrait induire le cancer colorectal. Il est donc essentiel de mieux comprendre son fonctionnement afin de minimiser au mieux ses effets secondaires.

11 décembre 2019

Alimentation, santé globale

Contamination des aliments à base de céréales : un nouveau facteur de risque pour les maladies inflammatoires de l’intestin

COMMUNIQUE DE PRESSE - Ces dernières décennies, le nombre de personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin est en augmentation, à la fois dans les pays développés et ceux en voie de développement. Ces maladies peuvent être provoquées par de multiples facteurs, dont l’exposition à certains contaminants alimentaires. Pour la première fois, une équipe de chercheurs d’INRAE et de l’Ecole d’Ingénieurs de PURPAN montre que les mycotoxines produites par les champignons font partie de ces contaminants.

06 juillet 2020

Alimentation, santé globale

Une toxine à l’origine de dommages à l’ADN retrouvée chez des patients souffrant d’infections urinaires

COMMUNIQUE DE PRESSE - Les infections urinaires touchent plus de 50 % des femmes, dans certains cas de manière récurrente. La bactérie E. coli est très souvent impliquée dans le développement de ces infections. Pour la première fois, des scientifiques de l’Inserm, du CHU de Toulouse, d’INRAE, de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse ont identifié la présence d’une toxine produite par ces bactéries dans les urines de patientes, qui aurait pour effet d’endommager l’ADN des cellules de la vessie.

26 février 2021