Agroécologie 6 min
TERRAF, un projet en faveur des arbres et des haies champêtres
Le projet TERRAF (Territoires Agroforestiers dans les secteurs de polyculture-élevage du sud lorrain), co-porté par INRAE et la Chambre Régionale d’Agriculture du Grand Est, vise à favoriser la réhabilitation des arbres et des haies champêtres dans les zones de polyculture-élevage du sud lorrain.
Publié le 24 janvier 2023
Le projet TERRAF est une des actions du projet Territoire d’Innovation (TI) « Des Hommes et Des Arbres, les racines de demain », porté par la Métropole du Grand Nancy. Il bénéficie du soutien financier des PETR de la Plaine des Vosges et du Pays Terres de lorraine, des Conseils départementaux de Meurthe-et-Moselle et des Vosges, ainsi que de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse.
En Lorraine, comme dans d’autres régions françaises, les arbres champêtres (haies, alignements d’arbres, bosquets, arbres isolés, fruitiers...) tendent à disparaître dans les territoires ruraux sous l’effet de la spécialisation de l’agriculture, avec l’agrandissement des parcelles, la mécanisation, l’abandon de l’élevage au profit des grandes cultures et des pratiques liées à l’intensification agricole comme le drainage ou le retournement des prairies. Et pourtant, ces arbres offrent de nombreux avantages pour les sols, la biodiversité, le stockage du carbone, la qualité de l’air et de l’eau, celle du cadre de vie et celle des paysages. Multifonctionnels, les arbres peuvent contribuer à l’approvisionnement local en différents matériaux (aliments, bois...) et à la préservation des écosystèmes. Dans les exploitations agricoles, ils peuvent devenir un élément à part entière du système de production.
Une expérimentation conduite sur 2 territoires
Conduit durant 2 ans et demi (2021-2023), le projet TERRAF met au point, en l’expérimentant, une méthode de co-conception de territoires agroforestiers partagés en créant les conditions de dialogue entre les différents acteurs du territoire et en stimulant leur engagement pour agir collectivement en faveur des arbres champêtres. L’expérimentation est conduite sur deux territoires, situés l’un dans le Saintois[1] (en vert sur la carte ci-contre) en Meurthe-et-Moselle et l’autre dans le Xaintois[2] (en bleu) dans les Vosges.
Cette démarche collective implique différents acteurs : agriculteurs, élus locaux, conseillers agricoles, chargés de mission en collectivité territoriale, représentants de l’administration, enseignants, chasseurs, pêcheurs, acteurs du monde associatif, professionnels de la filière bois, de l’alimentation, pépiniéristes, autres acteurs économiques, habitants, etc.). Par ailleurs, une attention particulière est portée à l’accompagnement individuel des agriculteurs qui le souhaitent dans l’élaboration d’un projet agroforestier.
La méthodologie développée dans le cadre de TERRAF est une démarche participative qui vise, en enrichissant progressivement une vision partagée du territoire, à susciter l’engagement dans un projet collectif.
En première étape le territoire a été caractérisé au moyen d’informations disponibles (bases de données géoréférencées, recensement agricole, documents de planification territoriale, atlas des paysages départementaux...) et d’informations recueillies auprès des acteurs. En parallèle, les représentations des arbres champêtres ont été recueillies au moyen d’enquêtes individuelles menées de mai à octobre 2021 auprès de 40 acteurs des territoires (dont 9 agriculteurs). Ces enquêtes ont permis de mettre en évidence des sujets de consensus et de controverse, ainsi que des besoins d’information et de partage.
De septembre 2021 à octobre 2022, cinq demi-journées, sous forme de visites et de témoignages ont permis d’apporter de l’information sur les pratiques agroforestières, le rôle des arbres champêtres sur les paysages, les activités économiques et sociales autour des arbres champêtres... Chacune de ces sessions a réuni entre 15 et 20 acteurs. En parallèle, une session d’explicitation et de partage des points de vue a été organisée en mars 2022 sous la forme d’un world café, au cours duquel 28 participants ont débattu du rôle des arbres champêtres dans l’approvisionnement énergétique et alimentaire, dans le maintien d’écosystèmes fonctionnels et sur les modes d’organisation collective favorables à l’arbre champêtre.
Imaginer le futur du territoire en réhabilitant les arbres champêtres
Forts de ces interactions, les acteurs se sont projetés dans l’avenir en imaginant le futur de leur territoire et en proposant des modes d’organisation collective permettant de réhabiliter des arbres champêtres productifs et contribuant au maintien d’écosystèmes fonctionnels. Si tous les acteurs s’accordent sur les bienfaits apportés par les arbres aux territoires, particulièrement dans le contexte de dérèglements globaux, ces ateliers ont permis d’interroger des questions de démocratie, de relocalisation de la consommation et des activités, d’abandon de la rentabilité comme valeur principale, de sobriété et de valorisation des relations humaines.
Ces deux derniers ateliers participatifs se sont déroulés en novembre 2022 dans le Saintois et en janvier 2023 dans le Xaintois et ont réuni une quinzaine d’acteurs chacun. Ils vont permettre de faire émerger des pistes concrètes d’action pour les acteurs de ces territoires qui seront mises en débat lors d’une prochaine restitution.
Enfin, l’ensemble du processus sera restitué sous la forme d’outil générique d’animation et d’accompagnement mobilisable sur d’autres territoires.