Agroécologie 15 min

La tavelure du pommier en vidéo

Une série de 3 vidéos, réalisée avec les chercheurs de l’unité IRHS (INRAE - Agrocampus Ouest - Université d'Angers), pour comprendre (1) comment le champignon responsable de la tavelure du pommier s’est adapté à la domestication de son hôte à partir de son centre d’origine en Asie Centrale, (2) comment la présence de souches virulentes sur les pommiers sauvages lui permet de contourner les gènes de résistances présents dans les variétés dites résistantes, (3) comment il est possible de casser la dynamique des épidémies de tavelure en organisant de manière judicieuse les variétés dans les vergers. Sur la base de ces découvertes, les chercheurs proposent dans ces vidéos des solutions concrètes permettant de réduire l’utilisation de pesticides en verger, grâce au développement d’un outil PCR de détection de la virulence dans les vergers ainsi qu’à une stratégie de lutte permettant d’optimiser la spatialisation et d’exploiter la diversité des variétés de pommiers.

Publié le 13 avril 2021

illustration La tavelure du pommier en vidéo
© INRAE-IRHS

La tavelure, causée par le champignon Venturia inaequalis, est la principale maladie du pommier dans tous les pays au climat tempéré. La tavelure se manifeste par des taches sur les fruits rendant les pommes impropres à la commercialisation. Les principales variétés commerciales de pommier sont sensibles à cette maladie et les traitements phytosanitaires appliqués en verger pour s’en débarrasser représentent un coût économique et environnemental considérable. Dans ce contexte, la recherche de variétés résistantes à la tavelure est une voie privilégiée par les sélectionneurs. Toutefois, la question de la durabilité de cette stratégie pose problème, car Venturia inaequalis peut évoluer et ainsi contourner les variétés résistances déployées dans les vergers. Nous verrons également que le champignon infecte des Malus sauvages dans l’habitat non cultivé qui se comporte alors comme de véritables réservoirs de virulence menaçant les vergers.

Pommes tavelées

Les recherches menées sur la tavelure

L’équipe ECOFUN (Ecologie évolutive chez les champignons) de l’unité IRHS étudie la dynamique épidémio-évolutive des espèces de Venturia, pathogènes des plantes de la famille des Rosaceae, depuis l'identification des gènes impliqués dans le pouvoir pathogène au déploiement des variétés résistantes à l’échelle du paysage dans un contexte de transition agroécologique.  Elle cherche à comprendre comment ce champignon a évolué depuis l’antiquité  pour devenir de plus en plus agressif et virulente en lien avec la domestication de son hôte et avec l’essor de l’agriculture. Enfin, l’équipe développe depuis peu un nouveau moyen de biocontrole breveté qui rend le champignon non virulent.

En savoir plus sur l’équipe : https://www6.angers-nantes.inrae.fr/irhs/Recherche/Ecologie-evolutive-chez-les-champignons

3 vidéos pour comprendre et en savoir plus sur la tavelure du pommier

Ces vidéos ont été réalisées pour les étudiants, les chercheurs, les arboriculteurs mais aussi le grand public.

L’impact de la domestication des pommiers sur la tavelure

L’ancêtre du pommier cultivé et le champignon Venturia inaequalis responsable de la tavelure sont tous deux originaires d’Asie Centrale (Kazakhstan, Chine). Au néolithique, ces 2 vieux compagnons de route ont quitté leur aire d’origine pour coloniser la planète pour y revenir au cours du siècle dernier en lien avec l’essor de l’agriculture et la globalisation des échanges. Les chercheurs INRAE, de l’Université d’Angers et du CNRS de Paris-Saclay ont cherché à évaluer quel avait été l’impact de la domestication du pommier sur son principal agent pathogène et à mesurer les risques pour l’ancêtre du pommier d’un retour d’une tavelure "domestiquée" dans son aire d’origine.

Contact : christophe.lemaire@univ-angers.fr

En savoir plus sur les flux de gènes depuis les pommiers domestiqués et invasion de champignons pathogènes « pestifiés » : https://www6.angers-nantes.inrae.fr/irhs/A-la-une/Faits-marquants/2020/Menaces-sur-l-ancetre-du-pommier-en-Asie

Perte d’immunité chez le pommier : chronique d’un contournement de résistance

Pour pouvoir être commercialisées et exportées les pommes doivent être indemnes de toute tache de tavelure qui est la principale maladie en vergers de pommiers dans le monde. L’utilisation de gènes de résistance est l’alternative la plus efficace, la plus respectueuse de l’environnement et de la santé du consommateur. Parmi les gènes de résistance identifiés, le gène Rvi6 est le plus utilisé par les sélectionneurs de par le monde. Des pertes d’efficacité de cette résistance ont toutefois été observées en vergers à l’échelle européenne. Dans cette vidéo, les chercheurs de l’IRHS qui ont identifié le gène d’avirulence AvrRvi6 révèlent que les Malus sauvages ont joué un rôle de réservoir de virulence en hébergeant des souches responsables des contournements. Ils proposent également un outil d’épidémio-surveillance, basé sur une détection des souches virulentes par PCR, qui devrait permettre aux producteurs de mieux gérer leurs programmes de traitement, de choisir les variétés adaptées aux populations de tavelure présentes et ainsi d’utiliser moins de fongicide.

Contact : Bruno.lecam@inrae.fr

Publications

Lemaire C., et al., 2016. Emergence of new virulent populations of apple scab from non-agricultural disease reservoirs. New Phytologist doi: 10.1111/nph.13658

Leroy T, et al., 2016. When virulence originates from non-agricultural hosts: evolutionary and epidemiological consequences of introgressions following secondary contacts in Venturia inaequalis. New Phytologist doi : 10.1111/nph.13873

En savoir plus sur la variété Ariane : https://www.inrae.fr/actualites/fil-dariane-creer-nouvelles-varietes-pommes-agriculture-durable

Comment les maths peuvent protéger les pommiers de la tavelure ?

Mélanger les variétés de pommiers permet de réduire les épidémies de tavelure dans les vergers. Est il possible d’optimiser ces associations pour gagner en efficacité ? Pour tenter d’y répondre, les chercheurs INRAE d’Angers ont développé un algorithme pour simuler le développement de la maladie dans des vergers constitués de différentes variétés.  Une fois que les arrangements de variétés les plus efficaces ont été identifiés, les chercheurs les ont été testés en grandeur nature dans un verger en Bretagne où une baisse de 50% de maladie a été observée !

Contact : natalia.sapoukhina@inrae.fr

En savoir plus sur le logiciel MARCUS : simulation de la dispersion d’une maladie dans un paysage https://www6.angers-nantes.inrae.fr/irhs/Recherche/Ecologie-evolutive-chez-les-champignons/Logiciel-MARCUS

 

 

Contacts

Bruno Le cam UMR IRHS (INRAE - Agrocampus Ouest - Université d'Angers)

Christophe Lemaire UMR IRHS (INRAE - Agrocampus Ouest - Université d'Angers)

Natalia Sapoukhina UMR IRHS (INRAE - Agrocampus Ouest - Université d'Angers)

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Agroécologie

Les plantes font de la résistance

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