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Ségolène Halley des Fontaines : explorer le monde
Le parcours de Ségolène Halley des Fontaines est marqué par sa dimension internationale, dans divers secteurs, comme la santé publique, l’agriculture, l’environnement, la forêt… En septembre 2017, elle rejoint l’Inra au poste de déléguée à l’international et poursuit à INRAE en tant que Directrice des relations internationales. Elle est également directrice de l’unité mixte INRAE-Cirad pour les relations internationales. Ambition pour INRAE en 2020, parcours, positionnement… Rencontre avec la dynamique Ségolène Halley des Fontaines.
Publié le 30 décembre 2019
Mettre en relation chercheurs, politiques, ambassades et agences internationales.
Ségolène Halley des Fontaines est directrice des relations internationales à INRAE. « Ma journée commence par un coup de fil à l’un des quatre coins du monde ou un tour d’horizon avec l’équipe au sujet des prochaines missions ou de la venue d’une délégation. Plusieurs membres de l’équipe se consacrent à une zone géographique : Amérique latine, Océanie, Amérique du Nord, Chine-Japon, Méditerranée ou Inde-Asie du sud, ainsi qu’aux relations avec les entités et conventions internationales. Une collègue supervise et accompagne les instruments qui structurent nos relations avec les principaux partenaires internationaux » commence-t-elle. Les réunions d’équipes sont en effet essentielles pour partager les prochaines échéances de l’agenda international et repérer les opportunités pour l’Institut. « Puis, nous répondons aux sollicitations de nos partenaires internationaux, des ministères, des organismes de recherche français et étrangers comme aux sollicitations des chercheurs, des chefs de départements et des présidents de centres pour établir les bons contacts, les bonnes connexions et obtenir le meilleur impact possible à l’international. … Ce qui me passionne, c’est la mise en relation réussie entre des chercheurs – qui ont un projet ou des modèles – des politiques – qui doivent répondre à des attentes – et des ambassades, des agences internationales etc. – qui offrent des opportunités et ont souvent des moyens convergents avec nos objectifs, moyennant parfois un peu d’influence » précise Ségolène en souriant.
De la santé publique à l’environnement
Santé publique, régulations mondiales et relations diplomatiques sont les mots-clés du début de carrière de Ségolène Halley des Fontaines. « J’ai notamment fait un stage d’un an chez Danone sur la problématique du rapport entre science, réglementation et information sur les denrées alimentaires, y compris les aliments spéciaux– pour personnes âgées, enfants, et personnes malades – et effet sur le commerce mondial. J’ai par la suite appris à utiliser d’autres leviers de l’action publique comme le budget d’un ministère, mais je suis rapidement revenue à l’international, aux contacts multiculturels, à la diplomatie, à l’influence et aux négociations ».
Voir le monde avec une « double focale » : le court terme et le long terme simultanément
Puis, elle devient responsable de la politique française sur les forêts pendant cinq ans, une expérience qui lui ouvre de nouveaux horizons. « J’y ai découvert la nécessité de voir le monde avec une « double focale » : le court terme et le long terme simultanément » précise-t-elle. En effet, si le court terme est une exigence pour s’engager et signer des accords, adopter des règlements, gérer des budgets ou le quotidien, elle réalise que le très long terme et la durabilité sont des notions à avoir en ligne de mire en permanence : « cela m’a appris qu’il faut toujours s’interroger dans nos décisions quotidiennes sur leur impact à plus long terme de nos actions, parfois au-delà nos propres existences, et ne pas limiter son raisonnement au court terme, pour le bien des forêts, mais au-delà celui du climat et de la biodiversité, et in fine de notre humanité ».
Les bonnes connaissances pour les bonnes décisions
C’est en septembre 2017 qu’elle rejoint l’Institut et est nommée auprès de Jean-François Soussana, vice-président International à l’Inra afin de mettre en place le plan d’action de l’Institut à l’international. « J’ai rejoint l’Inra après avoir été conseillère agriculture et sécurité alimentaire auprès de l’Ambassadeur représentant la France et ses positions auprès de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’agriculture et l’alimentation), à Rome ». En effet, à ce moment-là, elle a pu constater la grande « soif de connaissance » dans les enceintes internationales autour de la question des ressources naturelles pour éclairer les décisions, notamment lors de la COP 21 et de la préparation des accords de Paris, et lors de l’adoption de l’agenda onusien 2030 pour le développement durable. A cette occasion, elle a constaté les formidables atouts et le potentiel sous-valorisé de la recherche française dans ces domaines. « Pour les accords de Paris par exemple, l’idée était de passer d’un clivage nord-sud sur l’agriculture à un consensus autour de l’idée d’une agriculture responsable et durable, tenant compte du changement climatique et des enjeux de sécurité alimentaire » précise-t-elle. Ainsi, la dualité de la question agricole a été reconnue : sa nécessaire adaptation face au changement climatique pour assurer la sécurité alimentaire d’un côté, et son potentiel pour atténuer les effets du changement climatique de l’autre. C’est comme cela que l’initiative 4 pour 1000 sur les sols et le climat a émergé.
Une école de pensée française
Les régimes alimentaires sont un déterminant majeur de l’évolution des systèmes agricoles
« Les gouvernements prennent des décisions sur les politiques agricoles et alimentaires. Mais, pour faire évoluer les pratiques agricoles, ils ont besoin de comprendre l’interconnexion entre les sujets : évolution des maladies non transmissibles chez l’homme, fertilité des sols, utilisation des pesticides, anti-microbio-résistance, raréfaction de l’eau, pratiques agricoles… Les scientifiques de l’Inra et du Cirad étaient très écoutés à l’international lorsque je travaillais avec la FAO car il y a une école de pensée française réellement originale et porteuse de solutions. C’est pour cela que j’ai eu envie de rejoindre l’Inra, mais aussi travailler avec le Cirad. Ce potentiel de solutions se trouve considérablement renforcé dans INRAE grâce aux recherches sur le cycle de l’eau notamment ». Aujourd’hui, son objectif est de connecter les recherches d’INRAE à l’agenda international, et de positionner la recherche comme porteuse de solutions aux enjeux mondiaux. Au-delà des préoccupations environnementales, nous faisons face à un triple fardeau croissant en santé publique : la sous-alimentation, l’obésité et la surnutrition, et la malnutrition. « Je suis persuadée que les régimes alimentaires sont un déterminant majeur de l’évolution des systèmes agricoles. Il est essentiel de réfléchir au couplage des deux, pour opérer les transitions indispensables ! » rappelle Ségolène Halley des Fontaines.
En 2020, la volonté est de continuer à renforcer le volet international pour INRAE, et cela passe notamment par la création d’une Direction des relations internationales, qui succédera à la délégation Internationale de l’Inra et son équivalent à l’Irstea. La mission ? Faire valoir et rayonner les recherches en réponse aux demandes de la société et ce, sur son nouveau périmètre d’action, situé au carrefour de l’agriculture, de la santé et de l’environnement. « C’est un excellent périmètre quand il s’agit de répondre aux défis mondiaux de gestion durable des ressources naturelles, comme la forêt, l’eau, les terres agricoles… Il faut penser pour maintenant et pour l’avenir des jeunes générations ! ». Ségolène Halley des Fontaines rappelle que peu d’établissements publics ont ce champ d’action au niveau mondial. « La communauté INRAE est excellente dans ses domaines, assez spécialisée, a le souci de l’impact et a la capacité de proposer une offre intégrée assez unique pour faire face aux enjeux de la sécurité alimentaire, du climat et de la biodiversité ».
Comment ? En structurant ses relations avec certains partenaires clés, grâce à des instruments comme les Laboratoires Internationaux Associés (LIA) ou les Réseaux de Recherches Internationaux (2RI) ou de la mobilité de chercheurs entre organismes. Ce sont essentiellement des partenaires universitaires et académiques. « Plus de la moitié des publications Inra et Irstea se font avec l’international, et l’essentiel d’entre elles, 95 %, sont faites avec 76 pays en Europe mais de plus en plus en plus hors Europe ! Cette consolidation de l’international est fondamentale car il est reconnu que leur impact, est supérieur … C’est avec ses atouts originaux sur la scène mondiale qu’INRAE peut faire la différence » ajoute Ségolène Halley des Fontaines.
Ses ambitions au sein d'INRAE ? «Avec mon équipe, je nous souhaite en 2020 d’offrir le maximum d’opportunités réussies pour que la communauté scientifique d’INRAE asseye sa réputation de référence internationale de la recherche sur l’usage des ressources naturelles face aux grands défis pour l’humanité et pour la planète.»
MINI CV |
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« J’ai 4 enfants, ados et pré-adolescents, avec qui je passe du temps et je partage ma curiosité sur le monde, mon enthousiasme de découvrir et de connaître d’autres cultures »
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