Agroécologie 5 min
Sandrine Choinard, vivre pleinement sa vie professionnelle
Assistante-ingénieure à l’Institut Jean-Pierre Bourgin du Centre de recherche INRAE Ile de France – Versailles Grignon, Sandrine Choinard s’intéresse à la dynamique des génomes chez les plantes. Des compétences qu’elle exprime désormais dans des conditions de travail idéales que lui procure l’Institut au quotidien.
Publié le 09 novembre 2021
Lorsque l’on demande à Sandrine Choinard comment elle voit sa situation aujourd’hui, elle vous répond du tac au tac « avec sérénité ». Sérénité après tant d’années à étayer ses compétences et à construire son parcours professionnel, sérénité parce qu’elle vient tout juste d’être titularisée. Une belle réussite qu’elle doit à sa grande persévérance dont elle ne s’est jamais départie quelle que soit la situation. Explications.
La génétique pour passion
A l’orée du nouveau millénaire, ses études de biologie terminées, diplômée de biochimie, Sandrine quitte sa Normandie natale pour la région parisienne.
Alors qu’elle pensait trouver facilement du travail, le temps s’écoule… un peu trop lentement à son goût. Sandrine Choinard en profite et s’engage dans un diplôme d'études supérieures techniques (DEST) auprès du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Cours du soir et devoirs à rendre se succèdent, s’y ajoute un stage pratique à l’Inra, aujourd’hui INRAE, avec Fabien Nogué, dans les laboratoires de la Station de génétique et d’amélioration des plantes, devenu depuis IJPB, à Versailles. Un « rythme de folie » qu’elle suit avec entrain, mixant vie professionnelle et familiale avec aisance (ou presque).
Fan de mathématiques à ses premières heures, Sandrine est depuis longtemps passionnée de génétique. Elle rêvait d’humain, elle découvre le monde végétal. L’Arabette des dames, une plante modèle, dont elle explore alors les déterminants génétiques de la fertilité ne la quittera plus. Les CDD vont ensuite se succéder. Versailles, Jouy-en-Josas… de longs passages à l’Institut Jean-Pierre Bourgin, un court détour l’Institut Microbiologie de l‘alimentation au service de la santé – Micalis, soit un peu moins de six ans à se demander tout de même parfois de quoi demain sera fait.
Un recrutement sur contrat pour le meilleur
Pour celle qui jamais ne se plaint, les aléas de la vie se rappellent parfois à elle : les stations debout sont pénibles, les charges lourdes sont à proscrire et les tâches répétitives la fatiguent. C’est en 2015, au détour d’un CDD à l’IJPB, que Sandrine fait une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), un dispositif qui lui permet d’avoir accès à un ensemble de mesures destiné à favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Même si la démarche la gêne un peu, elle s’y engage « On ne sait jamais ».
La reconnaissance de travailleuse handicapée lui est alors accordée mais les hasards de la vie professionnelle en décident autrement. Pas de poste ouvert au recrutement dans l’Institut ! La voilà repartie pour un nouveau contrat, cette fois-ci à durée indéterminée, dans une start-up, Algentech, qui repose sur le développement de technologies de pointe appliquées au génome végétal. Nous sommes en juillet 2016 et Algentech est hébergé sur le site de Versailles, non loin de ses premières amours… scientifiques.
Ses collègues de l’IJPB ne l’oublient pas pour autant. Dans le cadre de la campagne handicap 2020 de recrutement par voie contractuelle, un poste est ouvert. Après quelques hésitations, Sandrine fait acte de candidature, son dossier est sélectionné et elle est recrutée. Elle rejoint INRAE, trouvant là l’intérêt d’une structure plus grande avec plus d’opportunités de travail ou d’évolution et celle d’une prise en compte plus spontanée de son handicap.
En novembre de la même année, elle intègre l’Institut. Même si elle connait bien INRAE, tout est fait pour faciliter son accueil : une référente métier et un tuteur participent à son suivi et à son insertion professionnelle ; quatre bilans jalonnent sa première année (1, 3, 6 et 10 mois). Courant octobre 2021, Sandrine présente son travail devant un jury « impressionné par le travail fourni ». Après une année sur contrat à durée à déterminée, elle est titularisée.
Le recrutement des personnes en situation de handicap
Les concours externes constituent la voie classique d'accès à la fonction publique. Ils permettent d’accéder à des emplois de toutes les catégories statutaires A, B et C. Afin de faciliter l’accès et le déroulement des épreuves pour les candidats en situation de handicap, ces derniers peuvent bénéficier, s’ils le souhaitent, et sur avis du médecin agréé de l’administration, d’aménagements d’épreuve.
INRAE recrute chaque année des personnes en situation de handicap par la voie contractuelle. Cette procédure dérogatoire permet aux personnes en situation de handicap d'accéder à la fonction publique sans concours. Une commission d’appui au recrutement sélectionne les candidatures de travailleurs handicapés. Après une année de contrat à durée déterminée, l’agent peut être titularisé après avis d’un jury professionnel.
Aujourd’hui, Sandrine regarde avec plaisir le chemin parcouru.
Son travail ? Elle œuvre dans un domaine qui lui plait par-dessus tout, la génétique. Elle s’intéresse à la réponse au stress hydrique chez Arabidopsis thaliana et étudie également les mécanismes qui permettent d’expliquer l'évolution des tissus de réserves de la graine chez les plantes. Elle s’est également investie dans des activités transversales au profit du collectif : organisation et gestion des produits chimiques, des pipettes… Ses conditions de travail ? « Parfaites », dit-elle depuis le fauteuil ergonomique qui lui soutient les lombaires !
Ses connaissances ? Elle a franchi les étapes, validant un diplôme niveau Maitrise, à la force du poignet tandis qu’elle a gagné en compétence et autonomie au fil de ses nombreux postes, sachant chaque fois s’adapter à la situation.
Et elle dans tout cela ? Elle va bien et son large sourire en témoigne. Ses collègues l’apprécient depuis longtemps, la protègent au quotidien et Sandrine leur en est très reconnaissante. Les siens n’ont jamais cessé de l’entourer « Alors, c’est vrai, Maman, maintenant tu vas toujours rester là ? »
La suite, Sandrine Choinard l’envisage avec une certaine quiétude, pensant tout simplement à poursuivre des activités qu’elle aime tant.
49 ans, mariée, 3 enfants
• Formation
Titre professionnel : Responsable en ingénierie d’étude et de production, parcours Génie biologique, CNAM (Paris, 75)
Licence Biochimie, Université Caen Basse Normandie (14)
• Expérience professionnelle
Depuis 11/2020 : Assistante-ingénieure, Institut Jean Pierre Bourgin - IJPB (INRAE, AgroParisTech), Versailles (78)
2016-2020 : Technicienne de recherche, Société Algentech (Versailles)
2011-2016 : Technicienne de recherche puis Assistante-ingénieure contractuelle, IJPB
2011 : Adjointe technique contractuelle, Institut Micalis, Jouy en Josas
2006 : Technicienne de recherche contractuelle, Station de génétique et d’amélioration des plantes – SGAP, Versailles
2004 : Technicienne de recherche contractuelle, SGAP
2001-2003 : Stagiaire puis Technicienne de recherche contractuelle, SGAP
2001 : Employée administrative, Clinique de Bazincourt (Chapet, 78)
1999 : Employée de laboratoire, Société AXCIOL (Epron, 14).
Jakubiec, A. et al. Replicating minichromosomes as a new tool for plastid genome engineering. Nat. Plants 7, 932–941 (2021). |