Changement climatique et risques 4 min

Qu’est-ce que la sécheresse ?

On distingue plusieurs types de sécheresse, selon qu'elle affecte le sol ou les réserves aquifères. Dans le premier cas, on parle de sécheresse agricole car les productions végétales et animales sont directement touchées. Ce type de sécheresse tend à se reproduire de plus en plus fréquemment ces dernières années. Un dispositif de veille d'INRAE permet de faire des prévisions sur l'impact de la sécheresse en cours sur les rendements.

Publié le 15 juillet 2020

illustration Qu’est-ce que la sécheresse ?
© INRAE, M. Benoît

Sécheresses, aridité et canicule

La sécheresse est un déficit anormal, sur une période prolongée, d’une (au moins) des composantes du cycle hydrologique terrestre. L’aridité caractérise une pénurie d’eau structurelle.

On distingue :

  • La sécheresse météorologique qui correspond à un déficit prolongé de précipitations.
  • La sécheresse édaphique, c’est-à-dire du sol, dite aussi sécheresse agricole car elle impacte directement la production agricole.  Elle résulte d’un manque d’eau disponible dans le sol pour les plantes, ce qui impacte toute la production végétale, et indirectement la production animale. La sécheresse édaphique est estimée à partir des termes du bilan hydrique (précipitation, évaporation et évapotranspiration) et de la réserve utile des sols (RU). La plupart des sécheresses dont parlent les médias sont des sécheresses édaphiques, du fait de leur impact sur l’activité agricole. Ces épisodes sont plus fréquents et plus intenses. Parmi les sécheresses historiques, on compte 1976, 1989, 1990, 2003, 2005, 2015, 2018, 2019, et sans doute 2020.
  • La sécheresse hydrologique correspond à un déficit de débit des cours d’eau, des niveaux bas des nappes ou des retenues, sur une période ou une année pendant laquelle les débits sont très inférieurs à la moyenne. Une attention est portée sur la fréquence et la durée des périodes d’assec (sans écoulement), l’intermittence des cours d’eau. La sécheresse hydrologique peut se caractériser par ses conséquences sur l’eau comme un milieu de vie et comme ressource : les écosystèmes aquatiques sont impactés par les sécheresses ; des pénuries d’eau peuvent affecter la vie économique. Les conséquences écologiques et économiques de la sécheresse hydrologique peuvent être aggravées par les rejets d’eaux usées, en raison d'une moindre dilution des flux polluants.

Schéma propagation entre types de sécheresse

La propagation des sécheresses météorologiques vers les autres types de sécheresse est fonction de la nature du sol, de la végétation (et la saison) et du fonctionnement hydrologique des différents aquifères. Le choix d’un indice de sécheresse pertinent dépend fortement du domaine d’activité socioéconomique considéré. Il n’y a pas d’indice universel, mais plutôt une approche par type de sécheresse.

La canicule correspond à une période de très forte chaleur. Il existe un lien physique entre canicule et sécheresse : lorsque les couverts végétaux réduisent leur transpiration pour diminuer leurs pertes en eau, la température s’élève.

L’impact de la sécheresse

La sécheresse a un impact sur le rendement des cultures. En sécheresse hydrologique, les usages de l’eau sont modifiés. La loi donne la priorité à la santé, l’alimentation en eau potable. Les interdictions d’irrigation qui en résultent sont préjudiciables aux cultures irriguées, notamment en pleine floraison. En sécheresse édaphique, les cultures sont différemment pénalisées : ce sont en général les cultures de printemps qui souffrent le plus dans les systèmes non irrigués. En 2011, en raison de la précocité de la sécheresse, ce sont les prairies, les fourrages et certaines céréales qui ont le plus souffert.

Une veille assurée par INRAE permet d’anticiper l’impact potentiel de la sécheresse

Le dispositif AgroMetInfo est né suite à la canicule de 2003 pour évaluer les conséquences de périodes climatiques atypiques sur les principales productions agricoles, à travers l’utilisation d’un modèle de culture. Il s’agit d’une approche climatique dont l’objectif est de fournir un état de la disponibilité en eau pour les plantes, pour anticiper des adaptations de l’itinéraire technique.

 

 

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