Agroécologie 2 min

Quelles avancées de la solution agrivoltaïque CAMELIA installée à Laqueuille ?

La parcelle agrivoltaïque baptisée CAMELIA, située sur le site INRAE de Laqueuille, est entrée en 2ème année de suivis agronomiques et en 1ère année de production d’énergie solaire.

Publié le 01 octobre 2024

illustration Quelles avancées de la solution agrivoltaïque CAMELIA installée à Laqueuille ?
© INRAE

La solution agrivoltaïque CAMELIA conçue et installée par ENGIE GREEN à Laqueuille permet de valoriser la lumière du matin et du soir générant un profil de production inédit à deux bosses. Ce profil est particulièrement adapté à l'équilibre offre-demande du marché de l'électricité.  En effet cette technologie a l'avantage de produire de l'électricité sur une période allongée allant de 5h du matin à 20h ce qui correspond à la montée en charge de la consommation française le matin et soutient plus longtemps celle du soir. En 2024 l'énergie produite par le démonstrateur CAMELIA de Laqueuille a atteint certains mois une valeur 30% supérieure sur le marché de l'électricité à celle d'une centrale au sol. Le démonstrateur CAMELIA de Laqueuille nous permet également de modéliser l'influence des cultures, l'impact de la météo locale et les effets de la conception des structures en acier sur la production électrique.

L’Unité Mixte de Recherche sur l’Ecosystème Prairial, en collaboration avec l’Unité Mixte de Recherche sur les Herbivores et l’Unité Expérimentale Herbipole, assure le suivi agronomique du dispositif depuis 2023. Les premières observations montrent que la présence des panneaux solaires modifie le microclimat de la prairie. Les chercheurs ont mesuré sur plusieurs mois une diminution par deux de la vitesse du vent sans modification majeure de la direction du vent. De plus, au sein d‘une journée, les haies solaires modifient les conditions lumineuses et thermiques de manière temporaire de part et d’autre des panneaux. Cependant, l’ensemble des données microclimatiques n’ayant pas encore été analysées il faudra attendre encore un cycle pour pouvoir tirer des conclusions pertinentes.

Concernant la production de biomasse végétale, celle-ci n’est pas modifiée par la distance aux panneaux (proche, loin) ou l’orientation (côté est ou côté ouest). Cependant, la prairie de l’inter-rang 18 mètres est plus productive que celle présente dans l’inter-rang 12 mètres. Plusieurs explications sont avancées : la variabilité spatiale intrinsèque de la parcelle, la présence d’un peu plus de graminées et potentiellement un peu plus de lumière en 18 mètres qu’en 12 mètres. 

En ce qui concerne le comportement animal : tous les animaux (de 7 à 10 génisses de race Prim’Holstein) présents sur la parcelle CAMELIA ont été équipés de plusieurs capteurs permettant de mesurer leur activité (ingestion, rumination, repos, debout), leur position à l’ombre ou la lumière (capteurs de lumière) et leur position spatiale (GPS). Lors d’un premier cycle de pâturage au mois de mai, en conditions humides et fraiches, les scientifiques ont observé que les animaux passent environ 1/3 de leur temps dans les inter-rangs des panneaux et 2/3 de leur temps autour des panneaux. En situation plus chaudes et un peu plus sèches (2ème cycle de pâturage en juin-juillet), les animaux ont passé un peu plus de temps à l’ombre des arbres situés sur la parcelle. De plus, la présence des panneaux ne semble pas modifier leur activité car les profils d’activité ont été similaires sur la parcelle CAMELIA et sur l’autre parcelle utilisée lors de l’inter-pâturage. Ces premières observations faites sur les bovins sont à approfondir avec un jeu de données plus complet sur les autres cycles de pâturage étudiés.

Les premières conclusions permettent de souligner que les fluctuations microclimatiques liées à la présence des haies solaires ne semblent pas avoir d’effet majeur à court terme sur le fonctionnement de la prairie ou sur le comportement animal. Des suivis pluriannuels sont nécessaires pour consolider cette conclusion et faire l’objet d’une publication.

Sabrina Gasser Responsable communication

Contacts

Catherine Picon-Cochard DirecticeUnité Mixte de Recherche sur l'Ecosystème Prairial (UREP)

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