Changement climatique et risques 3 min

Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

L’agriculture française contribue pour près d’un cinquième aux émissions de gaz à effet de serre (GES). En même temps, elle représente un potentiel de stockage du carbone. L’Ademe et les ministères chargés de l’Agriculture et de l’Environnement ont sollicité l’Inra (Délégation à l'Expertise scientifique collective, à la Prospective et aux Etudes) pour réaliser une étude de l’agriculture française pour déterminer et analyser une dizaine d’actions portant sur des pratiques agricoles et susceptibles de favoriser le stockage de carbone par l’agriculture ou de réduire ses émissions de GES.

Publié le 01 juillet 2013

illustration  Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?
© INRAE, PERROT Patricia

L’agriculture peut participer à l’amélioration du bilan net des émissions de GES sur quatre plans :

  • la réduction des émissions de protoxyde d'azote  (N2O, puissant gaz à effet de serre produit par la transformation des engrais ou des déjections animales dans les sols cultivés) et de méthane (CH4, gaz à effet de serre provenant notamment des élevages) ;
  • le stockage de carbone dans les sols et dans la biomasse ;
  • l'économie et la production d’énergie à partir de biomasse (agrocarburants, biogaz qui réduisent les émissions en se substituant aux énergies fossiles) ;
  • la production de matériaux à partir de la biomasse.

Le cahier des charges de l’étude précisait que les actions éligibles devaient être basées sur des pratiques agricoles relevant d’une décision de l’agriculteur, induire une atténuation se situant au moins en partie sur l’exploitation agricole, ne pas remettre en cause le système de production de manière importante ni réduire le niveau de production de plus de 10 %. Pour chacune des actions retenues, ont été évalués le potentiel d’atténuation des émissions de GES et les coûts/gains, pour l'agriculteur, de la mise en œuvre de l'action.

Les dix actions examinées portent sur la gestion de l'azote (fertilisation azotée, légumineuses), des pratiques susceptibles de favoriser le stockage de carbone dans les sols et la biomasse (non-labour, agroforesterie, cultures intermédiaires et intercalaires, gestion des prairies), l'alimentation animale (rations réduisant les rejets azotés ou la production de méthane) et enfin la production et la consommation d'énergie sur l'exploitation (méthanisation, économies d'énergie fossile).

Ce travail a mis en évidence un potentiel d’atténuation important des émissions du secteur agricole via ces dix actions. L’ensemble des actions analysées conduirait à l’horizon 2030 à une atténuation annuelle cumulée représentant 32 millions de tonnes de CO2 équivalent selon la méthodologie utilisée par les experts. Toutefois, seule une partie de cette atténuation serait reflétée dans l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre. En effet, l’inventaire national 2010 ne permet pas de rendre compte de l’atténuation liée à certaines actions (par exemple aux émissions de méthane par les bovins suite aux modifications des rations alimentaires, ou au stockage de carbone lié au non-labour ou l’agroforesterie).

Cette étude devrait contribuer à faciliter la conception ou la réorientation de politiques publiques destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole.

La restitution publique de cette étude a lieu le 2 juillet 2013.

Rapport complet

 Étude - Réduction des GES en agriculture

Partie I – Contexte et méthode

Partie II - Analyse des dix actions techniques

Partie III - Analyse comparée et conclusion

 

Agriculture et gaz à effet de serre

VIENT DE PARAITRE

Agriculture et gaz à effet de serre - Dix actions pour réduire les émissions

Cet ouvrage est issue d’une étude réalisée par l’Inra, à la demande de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, du ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, du ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie.

Coordination éditoriale, les auteurs

Sylvain Pellerin est directeur de recherche INRAE, UMR Interactions sol, plante, atmosphère (INRAE, Bordeaux Sciences Agro).
Laure Bamière, ngénieure de recherche INRAE, est directrice adjointe de l’UMR Economie publique (INRAE, AgroParisTech).
Lénaïc Pardon est anciennement chef de projet à la DEPE, Inra.

 

Editions Quae - Matière à débattre et décider, 200 pages, 14 avril 2015 – 32 euros.

 

 

En savoir plus

Bioéconomie

Jusqu’où la France pourrait-elle produire plus de gaz « vert » demain et à quel prix ?

Le 9 juillet 2019, le Groupe de travail ‘Verdissement du gaz' du Comité de prospective de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), co-présidé par Philippe Mauguin, PDG de l’Inra, et Olivier Appert, délégué général de l’Académie des Technologies, a restitué ses travaux. Son rapport sur le gaz vert, à la jonction entre les secteurs de l’énergie et le monde agricole, envisage quel développement pourraient prendre les différentes filières de gaz renouvelable à l’horizon 2035, sans affecter la production alimentaire et sans impact négatif sur l’environnement.

23 décembre 2019

Changement climatique et risques

Stocker 4 pour 1 000 de carbone dans les sols : le potentiel en France

INRAE a livré le 13 juin 2019 une étude, réalisée à la demande de l’Ademe et du ministère de l’Alimentation et de l'Agriculture, sur le potentiel de stockage de carbone dans les sols en France. En mobilisant une méthodologie originale, l’étude a pu évaluer ce potentiel et en estimer le coût de mise en œuvre région par région, au regard d’un objectif de 4 pour 1 000. L’initiative « 4 pour 1 000 sur les sols pour la sécurité alimentaire et le climat » avait été lancée lors de la Conférence des parties sur le changement climatique organisée à Paris en 2015.

12 décembre 2019