Programme CiTIQUE : prévenir le risque de piqûres de tiques dès le début du printemps, surtout chez les enfants

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Au cœur d’un enjeu de santé publique majeur, le programme de recherche participative CiTIQUE invite tous les Français, quelle que soit leur région, à signaler les piqûres de tiques, sur humains et animaux, et à envoyer les tiques à l’origine des piqûres au laboratoire Tous Chercheurs d’INRAE basé à Nancy. Initié conjointement il y a 8 ans avec l’ANSES, le CPIE Nancy-Champenoux et l’université de Lorraine, ce programme permet non seulement de mieux comprendre l’écologie des tiques et les types d’agents infectieux qu’elles peuvent transmettre à travers leur piqûre, mais aussi d’améliorer la prévention. Le signalement peut se faire en 3 minutes à partir du site web www.citique.fr, amélioré ce printemps pour être encore plus fonctionnel et riche en informations, mais aussi par l’application gratuite Signalement TIQUE sur smartphone ou encore par le formulaire papier. En 2024, on recense 11 000 signalements de tiques parvenus de toute la France. Deux signaux d’alerte issus de projets pilotes portés par CiTIQUE en Grand Est sur la période 2018-2024 : un manque de vigilance des citoyens en tout début de printemps en mars-avril, avec des tiques envoyées à la tiquothèque de CiTIQUE plus fréquemment gorgées de sang donc retirées tardivement ; mais aussi une forte propension de piqûres sur une population d’enfants de moins de 10 ans.

Publié le 15 avril 2025

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Sur 104 000 signalements depuis 2017, plus de 60 000 tiques ont été reçues au laboratoire Tous chercheurs qui héberge le programme CiTIQUE à Nancy, avec 75 % des signalements correspondant à des piqûres chez les humains (35 % de femmes et 38 % de hommes) et 25 % de signalements de piqûres chez les animaux.

La région Grand Est est une des régions les plus touchées par les problèmes liés aux tiques, et où généralement les personnes sont les mieux informées[1]. Pourtant, en analysant toutes les tiques qui ont piqué des humains dans cette région depuis 2017, les chercheurs ont découvert que les tiques qui ont piqué chaque année en début de printemps sur la période de mars à mai, sont proportionnellement plus gorgées de sang que les tiques qui ont piqué plus tard dans l’année. Cela suggère qu’elles ont été retirées plus tardivement après avoir piqué (plus de 24 h), ce qui augmente les risques pour la santé des personnes piquées si les tiques étaient porteuses d’un ou plusieurs agents infectieux. Il est en effet essentiel de retirer sans attendre la tique dès que la piqûre est constatée[2].

Or si les tiques sont retirées plus tardivement, c’est probablement parce que les personnes piquées sont moins vigilantes au début du printemps. En effet on parle peu des tiques avant leur pic d’activité en mai-juin. Ce nouveau résultat plaide pour rappeler l’importance d’adopter des gestes de prévention adaptés dès le début de la période d’activité des tiques, et ce dès le mois de mars en région Grand Est. Cette recommandation vaut également pour le reste de la France, avec un appel à vigilance encore plus tôt dans des régions plus chaudes.

Par ailleurs, le nombre de signalements de piqûres en France a été pondéré en fonction du nombre d’habitants pour chaque classe d’âge, afin de tenir compte des différences démographiques existantes. Les chiffres obtenus sous-évaluent les piqûres de tiques en France si on les compare aux données du Baromètre santé (6 % de personnes adultes piquées en France chaque année) et ne doivent pas être pris tel quels, mais ils permettent de faire ressortir des tendances. Ainsi, ces chiffres mettent en lumière un risque de piqûre plus important chez les enfants, particulièrement ceux de 0 à 5 ans. Comparativement, on observe 2 à 3 fois plus de signalements de piqûres chez les enfants que pour la moyenne nationale.

Résultats du programme CiTIQUE sur la période 2017-2024

Au total, sur 2017-2024 (jusqu’au 17 mars 2025)

104 000 signalements de piqûres enregistrés
33 000 envois de tiques archivés dans la tiquothèque
42 stages immersifs de recherche ouverts à tous au laboratoire Tous chercheurs
500 élèves et citoyens-chercheurs accueillis ; 1 300 tiques analysées
224 bénévoles boîte aux lettres en France
13 relais CiTIQUE en France coordonnés par le CPIE Nancy-Champenoux

Concernant les signalements de tiques sur humains reçus via l’application Signalement TIQUE, entre 2017 et 2024 : 

49 % des piqûres ont eu lieu en forêt.

23 % des piqûres ont eu lieu dans les jardins.

4 % des piqûres ont eu lieu à l’intérieur du domicile.

D’après l’analyse de plus de 2 000 tiques piqueuses d’humain en France :

29,9 % des tiques en moyenne sont porteuses d’un agent potentiellement pathogène.

14,5 % des tiques sont porteuses de la bactérie responsable de la maladie de Lyme.

5 % des tiques sont co-infectées par au moins 2 agents potentiellement pathogènes.

D’après les analyses faites par les citoyens lors des stages Tous chercheurs :

Les espèces de tiques qui piquent les chats et les chiens peuvent piquer les humains. Certaines de ces tiques sont porteuses des bactéries responsables de la maladie de Lyme.

Grâce au site web ci-tique-tracker, toutes les données de signalement de piqûre par tranche d’âge et région sont disponibles pour tous les citoyens. Ce site est ouvert depuis 2 ans à tous ceux qui souhaitent l’utiliser (grand public, chercheurs, agences régionales de santé, collectivités, associations, etc.). Il permet de visualiser notamment l’importance du risque de proximité, c’est-à-dire le risque de se faire piquer par une tique dans un environnement familier où on se protège moins, comme les parcs, les jardins ou à l’intérieur de son domicile.

Tous ces résultats confortent l’importance de poursuivre ce programme de recherche participative en lien avec l’ensemble des partenaires, de continuer à inciter tous les contributeurs à signaler et envoyer les tiques piqueuses à la tiquothèque de CiTIQUE, mais aussi de poursuivre les actions de sensibilisation et de prévention vis-à-vis de ce risque sanitaire, notamment par le biais de stages immersifs de recherche Tous chercheurs à Nancy. 

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