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Pratiques agricoles et biodiversité dans les paysages viticoles

Dans une étude publiée le 7 Juin 2021 dans la revue Scientific Reports, des chercheurs d’INRAE ont analysé les effets des pratiques viticoles sur la biodiversité à différents niveaux trophiques. Leurs travaux montrent des effets contrastés des systèmes de culture certifiés ou non en agriculture biologique par comparaison à des systèmes dits « conventionnels ». Par ailleurs, au-delà des différences de certifications, ils démontrent l’importance d’analyser les effets des pratiques viticoles, notamment le degré de perturbation du sol, l’utilisation d’insecticide et le taux de cuivre dans les sols, pour comprendre les liens entre agriculture et biodiversité.

Publié le 10 juin 2021

illustration Pratiques agricoles et biodiversité dans les paysages viticoles
© INRAE, Christophe MAITRE

Il est maintenant bien connu que l’agriculture biologique (AB) a des effets positifs sur la biodiversité 1,2. Cependant, relativement peu d’études les ont caractérisés sur différentes communautés. Peu de connaissances existent également concernant les impacts des différentes pratiques agricoles sur les systèmes de culture certifiés ou non en AB. Cette étude s’est donc attachée à comprendre les effets des pratiques viticoles à différentes échelles spatiales sur l’abondance et la diversité taxonomique de sept communautés distinctes, allant des microbes aux pollinisateurs sauvages. 

Viticulture biologique et biodiversité 

Les résultats de cette étude révèlent que les pratiques viticoles à l’échelle de la parcelle sont des déterminants majeurs de l’abondance des différentes communautés étudiées. Aucune différence significative de composition ou de diversité taxonomique n’est constatée entre les parcelles conduites en AB ou « conventionnelle ».  Les systèmes de culture viticoles certifiés en AB ont en particulier favorisé l’abondance des collemboles 3 (+31.6%) et des araignées (+84%) en comparaison des systèmes de culture non certifiés. Les systèmes de culture viticoles certifiés en AB ont par contre limité l’abondance des pollinisateurs sauvages (-11.6%) et de la biomasse microbienne (-9.1%) et n’ont pas eu d’effet notable sur l’abondance des carabes, des acariens ou d’autres microarthropodes du sol. 

Importance des pratiques viticoles au-delà des certifications

Indépendamment des différences de certification, les chercheurs ont analysé les effets de différentes pratiques viticoles sur l’abondance et la diversité de ces communautés. Les résultats indiquent que la perturbation du sol, l’utilisation d’insecticide (utilisé à la fois dans les systèmes certifiés en AB ou non) et les taux de cuivre dans les sols étaient des déterminants majeurs de l’abondance de ces communautés. En particulier, les résultats suggèrent des effets négatifs de l’utilisation d’insecticide sur l’abondance des pollinisateurs sauvages, des carabes et des collemboles. Par ailleurs, cette étude met également en évidence qu’en plus des pratiques viticoles à l’échelle de la parcelle, le contexte paysager, et notamment la quantité d’habitats semi-naturels comme les prairies ou les forêts, explique une part importante de l’abondance des communautés étudiées. Ces résultats indiquent clairement l’importance d’analyser les combinaisons de pratiques agricoles, au-delà des certifications environnementales, pour comprendre les relations entre agriculture et biodiversité.

 1 Bengtsson, J., Ahnström, J., & Weibull, A. C. (2005). The effects of organic agriculture on biodiversity and abundance: a meta‐analysis. Journal of applied ecology, 42(2), 261-269.
 2 Tuck, S. L., Winqvist, C., Mota, F., Ahnström, J., Turnbull, L. A., & Bengtsson, J. (2014). Land‐use intensity and the effects of organic farming on biodiversity: a hierarchical meta‐analysis. Journal of applied ecology, 51(3), 746-755.
 3 Les collemboles sont des petits arthropodes principalement détritivores utilisés notamment comme indicateurs de pollution des sols

Référence :
Noémie Ostandie, Brice Giffard, Olivier Bonnard, Benjamin Joubard, Sylvie Richart-Cervera, Denis Thiéry & Adrien Rusch Multi-community effects of organic and conventional farming practices in vineyards. Sci Rep 11, 11979 (2021). https://doi.org/10.1038/s41598-021-91095-5

 

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Adrien RUSCH ChercheurSanté et Agroécologie du Vignoble (SAVE)

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