Biodiversité 3 min
Plus de prairies dans les paysages agricoles favorise la régulation biologique naturelle des ravageurs de cultures
Des chercheurs du CNRS et d’INRAE montrent dans une étude publiée le 14 avril 2021 dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution l’importance des prairies dans les paysages agricoles afin de favoriser la régulation biologique naturelle des ravageurs de cultures. Ces espaces hébergent les ennemis naturels des ravageurs et contribuent ainsi à une lutte biologique efficace et durable, véritable alternative à l’utilisation de produits phytosanitaires.
Publié le 12 mai 2021
Les habitats semi-naturels, des refuges pour abriter les ennemis naturels des ravageurs
La régulation biologique des ravageurs de cultures par leurs ennemis naturels, comme les carabes ou les araignées, est une voie prometteuse pour limiter l’utilisation de produits phytosanitaires dans les paysages agricoles. Les habitats semi-naturels, comme les prairies, les forêts ou les haies, leur fournissent des refuges, des sites de reproduction et des ressources alimentaires essentielles. Augmenter la proportion de ces habitats dans les paysages ou favoriser leur implantation à proximité des parcelles cultivées représente deux stratégies qui permettraient d’augmenter la régulation biologique des insectes ravageurs. Les effets relatifs et combinés de la quantité de ces habitats et de leur organisation spatiale sur le service de régulation des ravageurs des cultures, encore méconnus, ont été étudiés par des chercheurs du CNRS et d’INRAE. Leur étude parue dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution a permis de quantifier l’effet de la proportion de prairies dans le paysage en comparaison de celui de la distance à la prairie la plus proche sur les régulations biologiques. Cette étude s’est intéressée en particulier aux taux de prédation de graines de plantes adventices et de pucerons dans 52 parcelles de céréales d’hiver localisées sur la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre.
Plus de prairies pour moins de ravageurs
Les chercheurs ont constaté que les taux de prédation des graines de plantes adventices et des pucerons augmentaient avec la proportion de prairies dans un rayon de 500m autour des parcelles, tandis que la distance à la prairie la plus proche n'avait pas d’effet. En augmentant de 0 à 50% la proportion de prairies dans un rayon de 500m, la prédation des pucerons et des graines a été augmentée respectivement de 20% et 38%. Par ailleurs, la prédation des graines augmente également en fonction de la proportion de fragments de forêt, tandis que la prédation des pucerons augmente avec la proportion de parcelles en agriculture biologique. Ces résultats révèlent que le service de régulation biologique des ravageurs par leurs ennemis naturels dans les cultures de céréale est principalement déterminé par la quantité de prairies dans le paysage. Cette étude suggère donc que les ennemis naturels impliqués dans la prédation des pucerons des céréales ne sont pas limités par leur capacité de dispersion (aux échelles spatiales travaillées dans l’étude) et qu’il est nécessaire de maintenir des quantités importantes d’habitats semi-naturels, tels que les prairies, pour assurer la régulation biologique des ravageurs dans les paysages agricoles. Cette étude confirme l’importance de diversifier les paysages agricoles notamment en maintenant des habitats semi-naturels afin de bénéficier des services écosystémiques liés à la biodiversité.
Référence : Perrot, T., Rusch, A., Coux, C., Gaba, S., & Bretagnolle, V. (2021). Proportion of Grassland at Landscape Scale Drives Natural Pest Control Services in Agricultural Landscapes. Frontiers in Ecology and Evolution, 9, 227. https://doi.org/10.3389/fevo.2021.607023 |