Agroécologie 2 min
Les petites parcelles agricoles favorisent les pollinisateurs et le succès reproducteur des plantes en Europe de l’Ouest
Une équipe du laboratoire DYNAFOR (DYNamiques et écologie des paysages AgriFORestiers) du centre INRAE Occitanie-Toulouse a contribué à une publication sur la pollinisation parue mercredi 14 février 2018 dans la revue Proceedings of the Royal Society London B. Ces recherches portent sur l’effet de la taille des parcelles et de la diversité des cultures sur les pollinisateurs et le succès reproducteur des plantes. Ce sont quinze laboratoires qui ont étudié quatre régions européennes et 20 000 pollinisateurs.
Publié le 14 février 2018
L’intensification de l’agriculture et la destruction des milieux semi-naturels sont parmi les principales causes de la perte de biodiversité actuelle. Tandis que convertir des terres agricoles en habitats semi-naturels n’est souvent pas envisageable, augmenter la complexité de la mosaïque des cultures, en diminuant la taille des parcelles et/ou en augmentant la diversité des cultures, a récemment été suggéré comme une alternative pour favoriser la biodiversité et les services qu’elle procure à l’agriculture et à la société.
C’est l’hypothèse qui a été testée à l’échelle européenne dans une étude impliquant 15 laboratoires et dont les résultats sont parus dans les « Proceedings of the Royal Society London ». Cette recherche s’appuie sur une approche empirique et expérimentale unique englobant quatre régions d’Europe tempérée et méditerranéenne. Elle est basée sur des observations recueillies dans 229 parcelles cultivées situées dans 94 paysages agricoles de 1x1km dont la taille moyenne des parcelles et la diversité des cultures variaient de façon indépendante. Les chercheurs ont identifié plus de 20 000 pollinisateurs (abeilles sauvages et domestiques, syrphes) et ont mené des expériences de transfert de pollen et de production de graines.
Ils ont ainsi montré pour la première fois, et à une telle échelle géographique, que la taille des parcelles et la diversité des cultures ont des effets distincts sur les pollinisateurs et le succès reproducteur des plantes. Un paysage agricole fait de petites parcelles, et donc avec une forte densité de bordures de champs, favorise l’abondance des pollinisateurs, en particulier celle des abeilles sauvages. Cette augmentation s’accompagne d’effets positifs sur le transfert de pollen et la production de graines. L’étude suggère également qu’une plus grande diversité des cultures n’a pas forcément d’effets positifs sur l’abondance des pollinisateurs, notamment lorsque l’augmentation de la diversité est due à la présence de cultures intensives telles que la culture de maïs, peu favorables aux adventices et aux pollinisateurs.
Ces résultats originaux révèlent que les paysages cultivés ayant des parcelles plus petites produisent une cascade d’effets positifs sur la pollinisation et la reproduction des plantes, et donc des bénéfices potentiels pour l’agriculture. Des politiques agri-environnementales favorisant une réduction de la taille moyenne des parcelles cultivées pourrait donc permettre de favoriser la biodiversité tout en maintenant les surfaces de production agricole.
Landscape configurational heterogeneity by small-scale agriculture, not crop diversity, maintains pollinators and plant reproduction in Western Europe,
Annika L. Hass, Urs G. Kormann, Teja Tscharntke, Yann Clough, Aliette Bosem Baillod, Clélia Sirami, Lenore Fahrig, Jean-Louis Martin, Jacques Baudry, Colette Bertrand, Jordi Bosch, Lluís Brotons, Françoise Burel, Romain Georges, David Giralt, María Á. Marcos-García, Antonio Ricarte, Gavin Siriwardena and Péter Batáry.
Proceedings of the Royal Society London B, 14 février 2018.
DOI : 10.1098/rspb.2017.2242