Biodiversité 2 min
Pour une meilleure connaissance des microhabitats liés aux arbres
Loges de pics, fentes, lichens sur les écorces, sont autant d’éléments clés dans la vie de milliers d’espèces vivants dans les forêts. Pour favoriser l’étude de ces microhabitats liés aux arbres, une équipe de scientifiques européens dont des membres du laboratoire Dynamiques et écologie des paysages agriforestiers (Dynafor) du centre Occitanie-Toulouse ont récemment rendu accessible une base de données standardisées collectées sur une large gamme de types de peuplement forestiers dans 17 pays.
Publié le 17 avril 2023
La gestion forestière a un impact fort sur la densité, la diversité et la distribution spatiale de structures de petite taille portées par les arbres et que l’on nomme « dendromicrohabitats ». Ils servent de lieux de nutrition, de reproduction, d’hibernation pour des insectes, des mammifères, des plantes, des champignons, des vers, etc. et sont des éléments indispensables à des milliers d’espèces vivants en forêt.
Jusqu’à présent, les données localisées qui permettaient de comprendre les mécanismes de formations de ces dendromicrohabitats dans les forêts étaient rares. Pour mieux les connaitre, un programme européen de recherche et développement (European Integrate Network), auquel ont participé des scientifiques du laboratoire Dynafor, a délimité, dans une large gamme de types de forêt, des parcelles d’un hectare, appelées « martéloscopes ». Elles sont principalement dédiées à la formation des gestionnaires à une sylviculture* plus respectueuse de la biodiversité. Dans chacune de ces parcelles, chaque arbre est décrit précisément (espèce, dimension, qualité du bois, etc.) avec l’inventaire des dendromicrohabitats qu’il porte.
L’ensemble de ces données est stocké dans une base dénommée I+ gérée par l’Institut Européen des Forêts (EFI). Une partie de cette base de données a été rendue publique, via le système mondial d’information sur la biodiversité (GBIF). Un « datapaper », une publication scientifique qui décrit un jeu de données, a été publié dans une revue internationale pour décrire ce jeu de données et informer de sa mise en libre accès.
Science partagée
Sont maintenant accessibles à tous un ensemble de données qui comporte l’emplacement de l’arbre dans la parcelle, son essence - l’espèce à laquelle il appartient -, son diamètre à hauteur de poitrine, sa hauteur totale, son statut - vivant ou mort - ainsi que la liste des dendromicrohabitats qu’il porte. Ces données sont complétées par une évaluation visuelle des classes de qualité du bois, ce qui permet de fournir une estimation de sa valeur économique. Cela comprend les observations de plus de 42.000 arbres, issus de 111 marteloscopes, répartis dans 17 pays européens, mais aussi en Iran et au Chili. Au 8 avril 2023, 18717 téléchargements avaient été réalisés depuis le portail gbif.org.
Cet ensemble de données est innovant car il précise pour chaque arbre sa position dans le peuplement, ce qui ouvre la voie à l’étude de la distribution spatiale des arbres portant des dendromicrohabitats. Ces connaissances pourraient affiner les recommandations pour la conservation des dendromicrohabitats dans les forêts exploitées, dans le but de mieux prendre en compte les espèces qui en dépendent et qui jouent un rôle fonctionnel dans les écosystèmes forestiers. Le réseau de marteloscopes continue de s’étendre et avec lui, la base de données des dendromicrohabitats dont il est prévu une mise à jour régulière.
* Science ayant pour objet la culture, l'entretien et l'exploitation rationnelle des forêts
Référence bibliographique :
Zudin S, Heintz W, Kraus D, Krumm F, Larrieu L, Schuck A (2022) A spatially-explicit database of tree-related microhabitats in Europe and beyond. Biodiversity Data Journal 10 ; https://doi.org/10.3897/BDJ.10.e91385
Ce datapaper a impliqué les organismes suivants : European Forest Institute (Joensuu, Finlande), Bavarian State Forest (Neureichenau, Allemagne), Swiss Federal Institute for Forest, Snow and Landscape Research (Brimensdorf, Suisse), Centre national de la propriété forestière (Toulouse, France) et INRAE. Il repose sur le travail d’un large consortium d’organismes qui participent à la mise en place du réseau de placettes et à la collecte de données.