illustration  Louis-Augustin Julien, un littéraire qui aime les chiffres
© INRAE, Bertrand Nicolas

Société et territoires 3 min

Louis-Augustin Julien, un littéraire qui aime les chiffres

Après une formation à Sciences-Po, puis à l’ENA, et un passage dans un cabinet d’audit, Louis-Augustin Julien exerce aujourd’hui à l’Inra la fonction de Directeur du financement et des achats. Il pilote l’ensemble des processus financiers de l’Institut et manage une équipe de quarante personnes.

Publié le 07 juin 2019

Les chiffres comme ancrage dans la réalité

Louis-Augustin Julien se définit volontiers comme « un littéraire qui aime les chiffres » … Les chiffres, qu’il voit comme un ancrage dans la réalité, comme une transition nécessaire entre un projet et sa réalisation. C’est ainsi que Louis-Augustin conçoit son rôle de Directeur du financement et des achats à l’Inra : renforcer le modèle économique de l’institut pour soutenir la recherche. « L’Inra est une grande maison qui va encore s’étendre avec la fusion prochaine avec Irstea, et notre budget commun va dépasser 1 milliard d’euros par an. Il faut arbitrer en permanence le meilleur usage de ces moyens, largement issus du budget de l’Etat, entre de nombreuses priorités : équipements scientifiques, projets immobiliers, postes … Il faut aussi diversifier nos financements pour continuer à investir. Pour tout cela, avec mes équipes, nous avons un rôle de synthèse en appui à la direction générale. Ainsi, nous participons directement à la réalisation de ces projets porteurs de sens et c’est très motivant. Quand j’étais à Bercy, mon action était plus indirecte dans la mesure où les échanges avec les ministères étaient souvent très « macro » ». 

Avant d’entrer à l’Inra, Louis-Augustin a en effet passé quatre ans à la direction du budget du Ministère de l’économie et des finances. « A la sortie de l’ENA, je voulais comprendre comment fonctionne vraiment l’Etat. Or, la direction du budget est certainement la meilleure tour d’observation pour voir comment se prend la décision publique en France. Les choix viennent toujours du politique, la direction du budget est en appui dans un rôle d’expertise et de conseil d’abord, puis pour concrétiser cette vision politique, en gardant toujours neutralité et loyauté ».

Une carrière tendue vers la compréhension du monde

Après un bac littéraire, option mathématiques, Louis-Augustin intègre Sciences Po, une manière, selon lui, de ne pas choisir tant l’enseignement y est varié, entre le droit, l’économie, l’histoire, la philosophie politique... « Je suis entré à Sciences Po deux semaines après les attentats du World Trade Center. Ça marque ! C’est pour ça que j’ai beaucoup travaillé sur les questions internationales, notamment de sécurité. Un de mes mémoires de master en affaires internationales portait sur le terrorisme et la prolifération nucléaire. Et puis, peu avant la sortie de Sciences Po, un livre m’a marqué : « La chute de l’empire Andersen », ou comment un cabinet international d’audit fait faillite après avoir validé les comptes d’une société qui dissimulait ses dettes. Alors, pour compléter ma formation et comprendre les rouages des entreprises, j’ai fait, entre 2006 et 2008, deux ans d’audit financier dans les secteurs de l’industrie et de l’énergie. Mais cette expérience riche, qui me sert encore beaucoup, m’a vite paru manquer d’action. Pour élargir mon horizon, et un peu par défi, j’ai décidé de passer l’ENA ».

Un parcours international

Juste avant de préparer le concours, Louis-Augustin réalise un tour du monde en sept mois. L’étranger l’a toujours attiré, il avait déjà fait auparavant une année d’études en Allemagne et un stage à l’ambassade de France en Irlande. Hors de son pays, de sa langue, de sa zone de confort, les expériences lui apparaissent plus intenses, plus riches, il faut constamment s’adapter. Le lendemain de son admission à l’ENA, lorsqu’on lui demande où il veut aller, il répond simplement « loin » et s’embarque pour quatre mois en Nouvelle-Zélande, où il travaille à l’ambassade et rencontre son épouse britannique. Le deuxième stage de sa scolarité est en apparence moins exotique, à la préfecture de Périgueux, mais que l’on ne s’y trompe pas… « C’était une vraie découverte de terrain, un poste qui permet d’avoir un impact sur les problèmes concrets de nombreux acteurs aussi bien publics que privés. J’y ai aussi trouvé une forme d’authenticité dans les rapports humains qui me parle. » se souvient-il. En charge notamment de la sécurité publique et de la gestion des crises, la préfecture est au cœur des missions régaliennes de l’Etat. Un travail plein de sens, porté vers l’action, et où l’on comprend la notion d’urgence quand on est confronté à des accidents ou catastrophes naturelles !

Maintenant en poste à l’Inra, Louis-Augustin se consacre à la recherche publique, conscient des enjeux pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. « La recherche, j’y crois. Il faut faire avancer la connaissance et innover. C’est le cœur du réacteur à l’Inra, et c’est vital pour notre avenir commun ! » conclut-il.