
Changement climatique et risques Temps de lecture 5 min
Lisa Wingate, une recherche plein gaz
Vingt-six publications, une petite révolution dans le domaine de l’écologie environnementale, un réseau international d’observatoires du réchauffement climatique, des bourses de recherche prestigieuses, des travaux prometteurs sur le rôle des microorganismes du sol dans les flux de carbone atmosphérique… Lisa Wingate a alimenté ses quinze premières années de recherches d’une curiosité et d’une créativité insatiable. Ça promet !
Publié le 05 novembre 2014
Des découvertes à tir d’elle
Portugal, France, Royaume-Uni, Allemagne… On aurait été triste de la perdre par référendum cette jeune écossaise à la classe si british qui court l’Europe prélever ce dioxyde de carbone que tant de monde rejette. Passionnée par la géographie et les questions environnementales, Lisa Wingate se lance en 1998 dans une thèse sur la dynamique des flux de photosynthèse et de respiration de forêts d’épicéas à l’université d’Edimbourg. Elle mesure les échanges gazeux entre les plantes et l’atmosphère via les variations isotopiques du CO2. Une première ! Cette technique très originale lui permet de modéliser précisément les transferts de carbone au sein des écosystèmes forestiers. Et ouvre la voie à des estimations plus justes de la productivité globale de la biosphère terrestre. Lisa se pose « les bonnes questions au bon moment » et combine avec efficacité des approches expérimentales d’observation et de modélisation. La jeune chercheuse étudie au Portugal l’impact des sécheresses sur des plantations de chênes-lièges. Elle entrevoit l’importance du rôle des microorganismes du sol dans les flux de carbone atmosphérique ! Percée majeure qui précise les modélisations traditionnellement utilisées pour quantifier les échanges de carbone entre la biosphère et l’atmosphère. Très vite reconnue par ses pairs, elle tisse un solide réseau de collaborations internationales. Et en profite pour équiper de caméras une quarantaine d’écosystèmes européens, - « un hobby » qui lui prend du temps - et lui permettra de suivre sur une vingtaine d’années les changements d’état des végétaux avec le réchauffement climatique.
Variations chimiques autour des arbres
En 2007, elle rejoint l’Inra de Bordeaux sur la composition isotopique en carbone et oxygène de la cellulose des cernes d'arbres, ces « cercles concentriques » qui se forment à chaque poussée annuelle de croissance. Ils témoignent du climat passé et de son impact sur les arbres. En dix ans d’une carrière très productive, elle a publié 26 articles dans des revues au top de sa discipline, cités plus de 600 fois. Couronnée par différents prix internationaux, Lisa remporte des bourses prestigieuses : Marie Curie, NERC et une bourse anglo-japonaise. Son credo ? La persévérance ! La chercheuse tente, réessaye, s’entête - « Proposer des projets de recherche aux jurys d’attribution des bourses est un gros travail ! » - et décroche en 2013 une bourse ERC pour prolonger ses travaux sur l’activité des microorganismes du sol dans les émissions de gaz à effet de serre. Grâce à cette bourse exceptionnelle, dotée de 1,8 millions d’euros sur cinq ans, elle recrute une équipe de cinq personnes et équipe son laboratoire. C’est « une opportunité formidable pour un jeune chercheur. Ces prochaines années seront passionnantes ! Je suis très curieuse : cette nouvelle équipe aux compétences complémentaires aura tant de réponses à trouver à tous nos questionnements ! Nous avons un énorme potentiel de découvertes scientifiques ! Comment ces microorganismes produisent leur CO2, comment nos connaissances acquises à cette échelle micro pourront être extrapolées à l’échelle globale ? Mais comment, comment…. ».

« L’Inra ? J’adore sa cantine, son cadre de travail… Sa météo, élément majeur d’une expérience réussie sur le terrain ! Sa liberté, pour travailler nos projets en autonomie. C’est aussi un grand réseau : un vivier exceptionnel de chercheurs et d’experts aux disciplines complémentaires. »
- Écossaise, 42 ans, 3 enfants
- Doctorat obtenu à l’Université d’Edimbourg en 2004
- Chargée de recherche à l'UMR Ispa de l’Inra de Bordeaux
Prix
- Bourse du Natural Environment Research Council (NERC) à l’Université de Cambridge en 2010
- Bourse de recherche européenne « Marie Curie » menée à l’unité Ephyse de l’Inra à Bordeaux en 2013
- Laurier jeune chercheur de l'Inra 2014.