Agroécologie Temps de lecture 3 min
L’incroyable mémoire d’éléphant des jeunes vaches : entraînées à coopérer pour les soins, elles s'en souviennent un an après !
COMMUNIQUE DE PRESSE RÉGIONAL - Les génisses Holstein apprennent rapidement à coopérer pour leurs soins quotidiens et vétérinaires… et un an après l’entrainement, elles s’en souviennent encore ! C’est ce que met en avant une étude publiée par les scientifiques de l’unité mixte de recherche sur les Herbivores (INRAE, VetAgro Sup) pour notamment offrir des recommandations aux éleveurs lors d’interventions de routine, ou aux vétérinaires lors de soins.
Publié le 14 mai 2025

En élevage, les bovins rencontrent des situations très variées au cours desquelles ils interagissent avec l’humain. Il peut s’agir d’interventions de routine (traite, parage, insémination…) ou des interventions vétérinaires (prélèvements, administration de médicaments par injection ou par voie orale). Le contexte dans lequel ces interventions sont réalisées (ex. séparation des autres animaux, contention) voire l’intervention elle-même peut être source d’émotions négatives (peur, anxiété) chez les bovins, et de risques associés (sécurité, ergonomie) pour l’opérateur. En effet, les animaux peuvent être mis en condition de contention ou peuvent être séparés de leur congénère, ce qui est source de stress. De fait, leur réaction peut mettre l’éleveur ou le vétérinaire en mauvaise posture voire compromettre sa sécurité.
En parc zoologique, les soigneurs et vétérinaires ont depuis longtemps développé des techniques d’entrainement pour favoriser la coopération de l’animal pour les soins : l’animal vient volontairement à la limite de son enclos et reste tranquille lors des interventions. Plus récemment, ces techniques ont aussi été appliquées chez les animaux d'expérimentation comme les moutons afin de réaliser des prises de données en IRM.
Les scientifiques de l’UMR Herbivores ont donc testé si cette approche pouvait être développée pour différentes interventions, chez des jeunes bovins d’élevage.
Un apprentissage aux effets durables
Un plan d’entrainement contenant plusieurs gestes successifs a été mis en place : manger dans la main, rester immobile, venir à l’appel, toucher une cible, reconnaitre son nom, mettre un licol, rester calme avec du mouvement derrière. La manipulation corporelle, notamment l’acceptation du contact sur tout le corps dans plusieurs situations a également été testée : toucher avec la main, avec le gant du vétérinaire, avec le stéthoscope, et ce sur l’ensemble des parties du corps incluant les yeux, les pattes avant, la bouche, la queue, l’anus, le vagin.
En 20 séances de 15 minutes, les 5 génisses entrainées ont appris à réaliser 19 gestes. Toutes n’apprenaient pas de la même manière : certaines ont été très rapides, d’autres ont eu besoin de plus de temps. Certains gestes étaient plus difficiles à apprendre que d’autres. Par exemple, les génisses ont appris très vite à toucher une cible avec leur mufle (1 séance), à rester calme lorsqu’on réalisait une palpation rectale (3 séances), mais il leur a fallu plus de temps (5 séances) pour apprendre à rester immobile.
Un an après cet entrainement, et en dehors de tout autre apprentissage, les génisses se souvenaient de la plupart des gestes appris, mais avec de la variabilité entre individus et entre gestes. Comparé à des génisses n’ayant pas été entrainées, les génisses entrainées avaient moins peur de l’homme et étaient plus faciles à manipuler (déplacement dans un couloir).
Les génisses Holstein apprennent donc rapidement à coopérer pour des soins quotidiens et vétérinaires et mémorisent cet apprentissage, ce qui ne peut être que bénéfique dans la relation humain-animal pour le travail de l’un, et de l’autre.
Référence
Alice de Boyer des Roches, Emeline Dumoulin, Elodie Roux, Jeanne Guinotte, Valentin Brunet, Pauline Otz. Medical training in dairy heifers – A pilot study, Applied Animal Behaviour Science, Volume 286, 2025, 106624, ISSN 0168-1591,
https://doi.org/10.1016/j.applanim.2025.106624.