Agroécologie 2 min

L'impact du changement climatique sur la productivité de l'agriculture de conservation

COMMUNIQUE DE PRESSE - Particulièrement développée aux États-Unis, où elle permet notamment de lutter contre l’érosion hydrique et éolienne des sols, l’agriculture de conservation, également appelée agriculture de conservation des sols, connaît, depuis quelques années, un regain d’intérêt dans le monde agricole européen. Si l’intérêt de l’agriculture de conservation réside notamment dans sa capacité à stocker le carbone dans les sols, elle a longtemps eu mauvaise presse, accusée de conduire à des baisses de rendement. Un article récent, publié dans Nature Climate Change par une équipe de recherche AgroParisTech – INRAE, montre que ce système s’avère être souvent performant en grandes cultures dans des zones soumises à des stress hydriques importants, notamment dans les conditions climatiques futures.

Publié le 18 juin 2021

illustration L'impact du changement climatique sur la productivité de l'agriculture de conservation
© INRAE

Benoît Gabrielle, enseignant-chercheur à AgroParisTech, David Makowski et Yang Su, chercheurs à INRAE, comparent la productivité des systèmes d'agriculture de conservation et de leurs variantes aux systèmes basés sur le travail conventionnel des sols avec labour. Leur étude s’intéresse notamment à huit principales espèces cultivées dans les conditions climatiques actuelles et futures.

Pour étudier les évolutions futures dans un contexte de changement climatique, les scientifiques ont adopté une approche probabiliste à l'échelle mondiale afin de tenir compte de différentes sources d’incertitude. D’après Yang Su, « cette approche est à la fois originale et très performante car elle s’appuie sur l’utilisation de méthodes d’apprentissage automatique appliquées à plusieurs milliers de données expérimentales couvrant les principales régions agricoles du monde ».

Leurs travaux démontrent, dans la perspective du changement climatique, que l’agriculture de conservation a plus de chance d’augmenter les rendements dans les zones soumises à un stress hydrique. L’article met aussi en exergue que c'est une solution par rapport au manque d'eau dans les régions plus sèches.

Selon Benoît Gabrielle « On observe de grandes différences dans la probabilité de gain ou de perte de rendement avec l'agriculture de conservation, en fonction de plusieurs facteurs : les types de cultures, les pratiques agricoles, les zones climatiques et les régions géographiques. La pleine application des trois principes de l’agriculture de conservation – couverture des sols, rotation des cultures et non-labour – joue également un rôle important au regard de la productivité. » 

Les résultats montrent que, dans les conditions climatiques futures, les performances de l’agriculture de conservation devraient augmenter pour certaines cultures, notamment pour le maïs.

D’après David Makowski, « la forte variabilité de l’impact de l’agriculture de conservation sur la productivité des cultures explique en partie les controverses scientifiques concernant cette forme d’agriculture. En synthétisant les nombreux résultats expérimentaux produits par la communauté scientifique au cours des 30 dernières années, notre étude permet d’identifier les cultures et zones géographiques où l’agriculture de conservation a une forte probabilité d’être plus performante que les systèmes fondés sur un travail du sol conventionnel ». 

Cette étude a été financée par l’Institut de Convergence CLAND de l’Université Paris-Saclay.

Référence

Su, Y., Gabrielle, B. & Makowski, D. The impact of climate change on the productivity of conservation agriculture. Nat. Clim. Chang. (2021). https://doi.org/10.1038/s41558-021-01075-w

 

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