illustration Jean-Pierre Cinna, agronome des Caraïbes
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Agroécologie 5 min

Jean-Pierre Cinna, agronome des Caraïbes

Passionné d’agriculture, Jean-Pierre Cinna décline depuis longtemps ses activités au son des spécificités de la Guadeloupe. Une carrière ancrée en territoire au service d’une agriculture insulaire durable dans un milieu tropical humide.

Publié le 18 avril 2019

Maïs, ignames, manguiers, bananiers plantains, canne à sucre… des plantes tropicales qui occupent depuis longtemps le paysage et le quotidien de Jean-Pierre Cinna. Diplômé d’agronomie, il est assistant ingénieur au Centre de recherche Inra Antilles-Guyane dont le siège est en Guadeloupe, une île constituée de deux terres distinctes, telles les ailes d’un papillon, la Grande-Terre, à l’est et la Basse-Terre, à l’ouest.

Dans la marmite de l’agriculture

Passionné d’agriculture dès son plus jeune âge, Jean-Pierre s’engage dès le lycée dans l’enseignement agricole jusqu’à obtenir un Brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) spécialité Agronomie tropicale.

Pas facile alors pour lui d’envisager la poursuite d’études. « Il fallait partir, il fallait de l’argent ». Si Jean-Pierre envisage un instant de s’installer comme agriculteur, c’est finalement en toute logique qu’il opte pour l’Inra où il est recruté en 1987 en qualité de technicien de la recherche. Quinze années vont s’écouler, durant lesquelles Jean-Pierre Cinna travaillera d’abord sur les associations Poacées / Légumineuses fourragères avant de se consacrer au maïs, une plante patrimoniale dont il aura à cœur de caractériser la diversité. Responsable des expérimentations du programme de caractérisation et de sélection des maïs caraïbes au domaine Inra de Godet (Grande-Terre), il va nouer des collaborations fortes, que ce soit au sein de l’Inra ou à l’extérieur, avec les grands du secteur tel le Centre international d'amélioration du maïs et du blé (Cymmit, MEX).

2002 sonne le glas du laboratoire Maïs qui ferme ses portes. Jean-Pierre en profite pour s’offrir une coupure et reprendre des études supérieures. En route pour de nouvelles aventures ! Il s’embarque dans un second BTSA, spécialité Technologies végétales avant d’intégrer l’Établissement national d'enseignement supérieur agronomique de Dijon (aujourd’hui partie intégrante d’AgroSup Dijon). « Une très belle expérience en famille » que ces deux années de formation continue qu’il va passer en métropole. Elles lui donnent l’opportunité de rencontrer des personnes nouvelles et d’approcher des sujets « à l’opposé de ce qu’il connaissait jusque-là ». Lors de son stage de fin d’études dans l’unité de recherche sur le Fonctionnement et conduite des systèmes de culture tropicaux et méditerranéens (Cirad, Inra, AgroSup Montpellier, CIHEMA-IAA), il abordera ainsi la question de la conduite des enherbements en viticulture durable, un « exercice de corde raide » au cours duquel il jongle avec l’agronomie systémique, les mathématiques et la modélisation biophysique avec en arrière-fond, le souci constant de rester réaliste.

En 2005, il devient ainsi ingénieur agronome. Malgré les offres d’emploi et de thèse qui lui sont proposées, c’est sans regret qu’il repart au pays, heureux d’avoir mené à bien son projet de formation et rasséréné sur ses capacités à entreprendre et à composer avec de nouvelles connaissances.

Au coeur de la transition agroécologique

Soucieux de garder pied avec le terrain et ses acteurs, il s’engage très vite dans la transition qui anime alors les unités du centre de recherche Inra Antilles-Guyane. Il va d’abord conduire, dans la petite région agricole du nord en Basse-Terre, un diagnostic agro-épidémiologique de la production des ignames, Dioscorea alata - première culture vivrière locale et troisième plante cultivée après la canne à sucre et le bananier dans les Antilles - en proie à l’anthracnose - une maladie causée par un champignon microscopique, Colletotrichum gloeosporioides.

Les années s’enchainent, les responsabilités aussi. Dès 2010, Jean-Pierre coordonne les expérimentations de plein champ sur le site de l’Unité expérimentale en Production végétale. Chargé de mission développement durable pour le Centre, il prend également la responsabilité de la mise en place et de la gestion d’une plateforme pilote de compostage au domaine Inra de Duclos (Basse-Terre).

En 2017, il endosse la responsabilité d’un des deux sites sur lesquels est implantée la Plateforme expérimentale du végétal et des agrosystèmes innovants, le domaine Inra de Godet. Celui-ci est établi sur le plateau calcaire d’origine corallienne de la Grande-Terre avec une pluviométrie annuelle moyenne de 1 500 mm et des sols riches en argile, alcalins - que l’on appelle en sciences du sol, vertisol, soit des caractéristiques pédoclimatiques bien marquées.

Charge à Jean-Pierre Cinna de gérer le domaine et de coordonner les expérimentations de plein champ dans le cadre de programmes expérimentaux pour la recherche agronomique en milieu tropical humide. En pratique, ce sont 53 ha dont 45 ha en expérimentation et six personnes, des pépinières (maïs, igname, canne à sucre…), des collections clonales (igname, poirier pays ou Tabebuia heterophyla, bois de rose ou Aniba rosaeodora…) et une unité de traitement des graines et semences.

Plus que jamais, les activités de Jean-Pierre se parent d’une approche territorialisée avec des essais variétaux qui font écho aux spécificités pédoclimatiques de la région Caraïbes.

Patrimoine végétal et savoir en partage

Et demain ? Jean-Pierre a envie de conserver et de transmettre. Conserver les ressources locales, les pratiques agricoles pour les faire vivre. Un musée, oui peut être mais un musée tout à la fois vivant et ambulant pour abriter les trésors de l’Inra ! Au passage, pourquoi ne pas participer aussi à la régénération des écotypes maïs de Guadeloupe conservés au sein du Centre de ressources biologiques dédié de l’Inra ?

Demain est encore loin et Jean-Pierre n’attend pas. C’est avec le plus grand plaisir qu’il partage déjà son précieux butin fait de connaissances et de savoir-faire avec ses stagiaires ou encore les apprentis chercheurs dans le cadre de l’opération du même nom, portée par l’association l’Arbre des Connaissances en lien avec l’Académie de Guadeloupe. Une occasion unique pour des élèves de collège et de lycée de faire de la science autrement dans les laboratoires de l’Institut. Au programme, le vermicompostage, la vermiculture ou encore l’influence du vermicompost sur la germination des graines et sur la croissance des plantes…

Un quotidien somme toute bien occupé qui laisse un (tout petit) peu de temps à ce capitaine au long cours pour ses autres occupations et engagements extraprofessionnels : de la détente avec la natation, de la passion avec l’équitation, de l’agriculture encore et toujours avec un jardin et des abeilles, de la nature avec des balades en forêt…

 

Catherine Foucaud-Scheunemann

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